C’est toujours sympa de
découvrir un album en flânant dans les rayons d’un disquaire à la recherche d’une
nouveauté, d’une réédition ou d’une occase à petit prix. Ainsi, l’autre jour
chez Bigwax Records (Paris 11ème),
le disquaire Dave Kouliche diffuse une musique qui m’interpelle. Je lui
demande de qui il s’agit ? il me répond, c’est John Carroll Kirby.
Je n’en ai jamais entendu parler. Son style musical mélange soul/acid jazz,
funk, lounge, library music, B.O.de films 70, le tout avec une touche groove
suave très classe. On est quelque part entre Zero 7, Kruder &
Dorfmeister, David Holmes, Roy Ayers et Sven Wunder.
John Carroll Kirby est un pianiste,
compositeur, arrangeur, producteur californien qui a loué ses services à de
nombreux artistes : Solange, Eddie Chacon, The Avalanches, Jonathan Wilson, Blood Orange…
Septet est son 5ème album
studio sous son nom. Le titre à connotation jazz est Septet, car
ils sont sept musiciens sur l’album : John Carroll Kirby aux claviers,
John Paul Maramba à la basse, Deantoni Parks à la batterie, Nick
Mancini au vibraphone, David Leach aux percussions, Tracy
Wannomac et Logan Hone aux flûtes en bois. L’album contient huit
instrumentaux, plus trois remix, dont un (Sensing
Dub) sans aucun intérêt. Par contre les huit originaux sont magnifiques. L’instrumentation
est très soignée. Chaque morceau possède son parfum jazzy et groovy, auquel il
est difficile de résister. La rythmique feutrée aux reflets Blue Note, avec quelque sonorités space,
cosmique (bien représenté sur le visuel de la pochette) est ici une belle
réussite. On aimerait les voir et les écouter dans le confort d’une salle de
jazz, en dégustant un verre de champagne. En attendant, savourons ce caviar
musical jusqu’à l’ivresse…
Artus Films nous propose avec son édition HD 1920/1080p-16/9, en média book combo Blu-ray
DVD, une condition tout confort pour (re)découvrir ce film gothique allemand
réalisé en 1967 par Harald Reinl (1908-1986). Ici les couleurs sont éclatantes,
donnant une dimension supplémentaire pour apprécier ce film Bis. Car si l’histoire
est un peu simpliste, le jeu des acteurs juste -voir à peine- convenable, par
contre du point de vue de la photographie, des costumes, de la lumière et des
décors, notamment les sculptures et nombreuses peintures, fresques de Gabriel Pellon (1900-1975),
dans un style proche de Jérôme Bosch (1459-1516), ce n’est que du caviar
pour les yeux. On ne se lassera pas de regarder à plusieurs reprises le long passage
où le carrosse traverse le bois pour aller au château d’Antomai, avec tout au
long du chemin, des arbres où sont accrochés des pendus et des amas de corps
digne d’une peinture surréaliste. Idem pour les tunnels et entrées voutées du
château où il y a des vautours, des rats, serpents, de la barbaque. La lumière
gothique arrive à rendre beau la saleté. Enfin les outils de tortures, ont
également un visuel fétichiste très réussi. On n’est pas dans le carton-pâte
fauché et kitch.
En Allemagne, le réalisateur (et ex champion de ski dans les années 20) Harald
Reinl est très populaire, notamment pour ses Krimi (film policier de série B) et sa série de westerns avec le
personnage de Winnetou interprété par
Pierre Brice (1929-2015) dans le rôle-titre et Lex Barker (1919-1973)dans le rôle de Old Shatterhand,
frère de sang de Winnetou. Le 3ème film et dernier de la série, titré Sur
la piste des Desperados -Winnetou 3.
Teil en VO- ayant eu moins de succès, ses producteurs lui demandent de
réaliser un autre style de film pour clore le contrat. Ce sera une adaptation de
la nouvelle d'Edgar
Allan Poe, Le Puits et le Pendule titré pour ce film Die
Schlangengrube und das Pendel,
qui veut dire La fosse aux serpents et le pendule, mais le titre français sera Le Vampire et le sang des Vierges, soit un titre plus racoleur. Ainsi
pas étonnant de trouver à l’affiche son acteur fétiche l’américain Lex Barker
qui s’est refait une seconde carrière en Allemagne après ses exploits aux
states dans le rôle de Tarzan et l’actrice
Karin Dor (1938-2017) qui est à l’époque l’épouse de Harald Reinl,
29 ans plus âgé qu’elle. A noter que la même année en 1967, elle va interpréter
le rôle d’Helga Brandt dans le James
Bond On ne vit que deux fois de Lewis
Gilbert. En 1969 elle sera à l’affiche de l’Étau d’Alfred Hitchcock. Le troisième acteur à l’affiche
est l’incontournable Christopher Lee, acteur de renom pour la réussite d’un
film gothique et le bon atout pour attirer le spectateur. Mais ce qui arrive parfois
avec le nom de Christopher Lee écrit en gros sur l’affiche, c’est qu’au final il n’apparait pas beaucoup à
l’écran ce qui est le cas ici (une quinzaine de minutes, mais c’est toujours
mieux que dans le film Le métro de la
mort de Gary Sherman (1972), où là il fait juste une apparition d’à
peine 5 minutes dans une scène), malgré que son personnage soit important, il
joue le rôle du comte Regula, le soit
disant Vampire du titre français, vu qu’en réalité il est plutôt un sadique qui
tue des filles vierges pour récupérer le sang qui va lui servir à créer une potion
qui lui donnera l’éternité. A noter que son maquillage blafard, verdâtre est
très réussi.
La mise en scène est
relativement classique. Pas d’effet gore, ni de sexe gratuit, même pas une
pointe d’érotisme, malgré que le sujet emploi le thème de la chambre des
tortures. Le film n’a qu’une interdiction de moins de 12 ans, ce qui explique
le côté limite prude des images. N’oublions pas la B.O., composée par le
spécialiste Allemand Peter Thomas, qui délivre ici une belle partition,
qui n’a eu qu’une publication physique en… décembre 2020 sur le label M-Square, dont c’est sa seule référence
à ce jour. A l’approche de Noel, je ne peux que vous conseiller de regarder ce
magnifique film, -à condition de ne pas être trop regardant sur le déroulé de l’histoire-,
qui ne peut que vous procurer un savoureux moment, un plaisir non coupable d’une
époque bénis du cinéma Bis aux couleurs chatoyantes tendance La Hammer Films et
Mario Bava, dont on peut noter que l’intro de Le Vampire et le sang des Vierges avec le masque qui va défigurer
le comte Regula fait immédiatement
penser au film Le Masque du démon de Bava
(1960) avec Barbara Steele.
Coté bonus, le combo d’Artus Films contient une présentation du
film par Stéphane Derderian (qui n’a pas choisie la bonne chemise, -les
rayures noir et blanc à l’écran pas ne passe pas-) et Christian Lucas.
Une comparaison entre les vues extérieures de la ville allemande Rothenburg où
a été tourné le film en 1967 et la ville en 2020. Deux séquences du film en version
super 8, la bande annonce et un diaporama. Quant au livret de 80 pages, écrit
par Christophe Bier, il est consacré au cinéma populaire Ouest-Allemand
et à la carrière du réalisateur Harald Reinl. Comme la B.O. de Peter Thomas a été peu diffusé, dommage qu'il n'y est pas dans le combo, la B.O. en CD.
A l’occasion de sa reprise
en salle (depuis le 15/12/21 - NDLR: Sortie reporté au premier trimestre 2022) en version restaurée 4K du film Hurlements de Joe Dante (1981), le
Professeur Mattei s’est penché sur la franchise Hurlements (The Howling
en VO). Il y a eu huit films, et à partir de Hurlements II réalisé par Philippe
Mora avec Christopher Lee (1985), c’est la route vers la catastrophe, le
n’importe nawak. Pour plus de détails, je vous invite à visionner le mini doc
ci-dessous commenté par le Professeur Mattei. Et comme le classique de
l’horreur Hurlements de Dante
est bientôt en salle, c’est le moment de crier sa joie !