vendredi 23 octobre 2020

PAUL BAILLARGEON ET DEAN MORGAN "Viens, mon amour" (Trésor National) – juillet 2019


Viens, mon amour, comment résister à une telle invitation ? Cette déclaration est le titre d’un film érotique québécois réalisé en 1970 par John Sone et produit par Cinépix (soit disant considéré comme le Walt Disney de la sexploitation). Le film sera diffusé au festival de Cannes mais hors-compétition. Pour bien entrer dans le lit, voici le sujet du film : « L’intrique illustre le fossé qui sépare un père cinéaste de sa fille qui s’amourache de leurs nouveaux voisins hippies. » De tels voisins permettront à « ce film de fesses » d’être pop et psychédélique (à l’image de l’affiche), soit l’esprit du moment. Quand on dit pop et psyché, on pense aussi et surtout à la musique. C’est le montréalais Dean Morgan qui va superviser la musique, soit aujourd’hui le rôle d’influenceur, mais aussi produire. Pour la création musicale, c’est le brillant pianiste Paul Baillargeon, qui est choisi pour ses talents de savoir faire pour créer une musique qui soit dans l’air du temps. Paul Baillargeon peut jouer tous les styles de musique, du classique au jazz, du yéyé au rock’n’roll en passant par la bossa nova et la variété. En 1969-70 la musique est hippie, pop, psyché, soul, funk et bien il y aura tous ses styles et encore plus sur la bande (?) originale du film Viens, mon amours (Love in a 4 Letter World dans les cinémas anglophones). Paul et Dean (Paul dîne avec qui ?) se connaissent depuis 1967. Avant le film les deux hommes ont déjà travaillés ensemble pour la publicité, des défilés de mode et des happenings. Bref les deux font la paire ! A noter que par la suite Dean Morgan va composer la musique pour les séries, la franchise Star Strek : Next Generation, Deep Space Nine, Voyager, Enterprise.

Affiche du film pour le marché anglais

Pour l’amateur d’easy listening/library music et de la pop culture débridé des sixties (il y a surement de l’acide dans les parages, notamment sur le morceau Sans Raison avec son Moog Over), la BO de Viens, mon amour est une belle pépite qu’il est recommandé d’acquérir. Les compos ont cette fraicheur pop et groovy d’un ancien temps qui n’a pas pris, 50 ans plus tard, une seule ride. De plus, pour la BO de ce film érotique, on n’a pas lésiné sur les moyens. Paul Baillargeon avait carte blanche, il a pu s’entourer de nombreux musiciens, dont une section de cuivres. Ainsi la musique possède du volume et une bonne orchestration pour faire surgir des harmonies à la fois classieuses et dynamiques. Sa pulse à tout va, et on aime ça ! 

Affiche italienne du film

La réédition de la BO est réalisée par le jeune label québécois Trésor National, qui s’est donné pour mission de faire découvrir le patrimoine musical québécois, celui du côté obscur et non pas du côté de la Céline D. nationale. Ce disque est leur premier 33t. Avant, le label a publié le 45t de The Leotards et le deuxième album sorti en aout 2020, est une compilation de la scène post-punk, new wave québécoise époque 1979 – 1987.  

Nota : Toutes les infos qui figurent dans cette chronique viennent de l’insert qui est glissé dans la pochette du 33t.  Le texte (en français et en anglais) très documenté et richement illustré, est écrit par Sébastien Desrosiers et Victor Simoneau-Helwani. Le texte de l’insert fini avec « Bonne écoute, mon amour ! ». Que rajouter de plus ?

Les cofondateurs de Trésor national, Victor Simoneau et Sébastien Desrosiers, et le compositeur Paul Baillargeon (au centre) © Trésor National

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jeudi 22 octobre 2020

SAULT "5" (Forever Living Originals) – 5 mai 2019

Lors de mon passage à Balades Sonores pour m’acheter la compilation Thème III, Lounge d’Ennio Morricone, je vois une belle pochette d’un vinyle 33t qui montre juste le portrait d’une jeune chanteuse. Je demande des infos à Toma, le gérant de la boutique. Il me dit qu’il s’agit de Rose In The Dark, premier album solo de Cleo Sol. Mais sa musique risque de ne pas me plaire, car c’est de la nu-soul au son très clean. Il me fait écouter, en effet ce n’est pas un coup de cœur, mais sa se laisse écouter. Puis Toma me dit que par contre son groupe, qui a pour nom Sault risque de me plaire, notamment le premier album qui a pour titre 5. Une fois chez moi, je m’empresse de voir sur le net si Sault a une page Bandcamp et cool, c’est la cas. J’écoute, et là c’est le coup de cœur immédiat. Le mix, entre les morceaux aux rythmes endiablés limite punk à la ESG, The Slits, mélangé à du hip hop old school, à de la soul down tempo et enfin quelques courtes interludes sonores, donne à l’écoute du novice, une originalité musicale immédiate. Chaque morceau à sa couleur, sa force et son engagement. On sent l’énergie transpirer à travers les sillons de couleur noir du vinyle.

En cherchant des infos sur ne net, je me rends compte qu’il y en a très peu. Le groupe préfère rester, du moins au début, dans l’anonymat. Ainsi j’apprends que le producteur de l'album, DeanInflo 1st” Josiah Cover est londonien, également parolier du Black man in a white world de Michael Kiwanuka, d’Offence de Little Simz. Dans Sault il y a deux chanteuses, Melissa Young aka Kid Sister, de Chicago et Cleopatra Nikolic alias Cleo Sol, de Londres. Si l’info est courte, par contre côté création, ça ne chôme pas. L’album 5 sort au mois de mai 2019, suivi de 7 en septembre 2019, d’Unicled (Black is) en juin 2020 (double LP avec sur la pochette le poing levé) et encore un double LP avec Untitled (Rise) sorti en septembre 2020, soit un nouvel album (dont 2 doubles) tous les 6 mois. Par contre il n’y a pas d’EP. Mais cela n’empêche pas d’avoir dans l’album 5 des tubes en puissance avec Up All Night, Don’t Waste My Time, Think About It, Why Why Why Why Why et le méga soul avec son titre accrocheur Let Me Go. Si toutes les pochettes de Sault sont en couleur noir, par contre sur son album solo, Cleo Sol, s’affiche pleinement et fièrement avec son portrait sur la pochette bien cartonnée, un peu plus grand que le format 33t, et à l’intérieur du disque il y a un booklet avec des photos d'elle, ses proches, un mot sur le producteur Inflo précisé "my man" et la retranscription des textes, soit tout l’opposé du visuel minimaliste de Sault. Bref une belle découverte, mais pas pour le portefeuille, car l’album vinyle est quand même à 27 euros. C’est surement pour payer la liaison Chicago-Londres. 


https://saultglobal.bandcamp.com/album/5

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https://cleosol.bandcamp.com/album/rose-in-the-dark