.
Je profite de cette chronique disque pour sortir de mes archives, ma chronique du concert de Spectrum le 10 novembre 2010 au Nouveau Casino à Paris.
Dans l’univers du rock, il y a 4 catégories de groupes :
1- Ceux qui inventent un son, un style.
2- Ceux qui s’inspirent du passé pour le réutiliser, le digérer, le réinventer et créer une nouvelle musique, un nouveau style.
3- Ceux qui s’inspirent du passé pour recopier à l’identique un son, un style.
4- Et ceux qui profitent d’un mouvement pour s’infiltrer dans le wagon.
Spectrum fait partie de la deuxième catégorie. Au sein de Spectrum se trouve Sonic Boom, ex. Spacemen 3. Ce groupe psyché en activité entre 1982 et 1991 a bien écouté les Stooges, le Velvet Underground et Suicide, pour au final créer une musique bien personnelle. Ils ont sorti quatre albums incontournables (surtout les 3 premiers aux titres évocateur : Sound Of Confusion, The Perfect Prescription et Playing With Fire) pour tous les amateurs de noise sous effet illuminé. Leurs albums sont de purs joyaux remplient de morceaux acid et d’ambiances fumigènes. Dans Spacemen 3, il y avait deux fortes têtes : Jason Pierce qui formera après le split du groupe, Spiritualized et Sonic Boom qui formera Spectrum (son groupe le plus proche du son de Spacemen 3), EAR (son projet expérimental) et quelque disques solo (dont l’excellent Spectrum à posséder absolument en version vinyle avec sa pochette psyché que l’on peut faire tourner avec ses doigts). Pour être complet, n’oublions pas The Darkside formé par Peter Bain alias Bassman, logique pour un bassiste. Voilà pour l’historique rapide.
Si les concerts de Sonic Boom en solo ne sont pas toujours convaincants (il joue dos au public en triturant des boutons pour y extraire des sons répétitifs et minimal), par contre, en formation Spectrum, c’est le pied. Accompagné de trois musiciens (guitare/basse/batterie), Sonic Boom (voix/synthé/guitare/thérémin) a gardé toute la force de Spacemen 3. Malgré les diverses substances qu’il a dû faire descendre dans son corps depuis les 30 dernières années, Sonic Boom est resté très présentable. On n’a pas à faire à un junkie. En plus sa voix est toujours intacte. Certes il ne bouge pas beaucoup, mais il est bien présent, attentif au son et envers ses camarades. Si un jeu de lumière adéquat a fait défaut dans ce concert pour illustrer les morceaux psyché répétitifs jusqu’à user (dans le bon sens du terme) nos neurones, la musique, heureusement, se suffit à elle-même pour bien nous faire décoller. Les trois musiciens jouent en mode "habité", le pied à fond sur les pédales d’effets. Sonic Boom est le seul à communiquer avec le public. Le concert contient de nombreux moments forts, notamment les reprises de Spacemen 3, dont le titre Revolution qui n’a pas pris une ride. Avec eux, c’est une cure de jouvence, un voyage hors du temps. Sommes-nous en 1967 ? en 1974 ? en 1987 ? en 2010 ? en 2133 ? Qu’importe, avec Spectrum, la musique est un régal sonore qui n’a plus d’âge. Et quand il faut revenir sur terre après seulement 60 minutes de live, c’est la chute libre ! Fort heureusement, ils reviennent pour 20 minutes de rappel dont un titre à rallonge qui ne va plus nous quitter, tant sa mélodie répétitive est des plus captivantes. Ce groupe joue avec la sorcellerie pour nous hypnotiser. Bien entendu, on en redemande. Et à 22h30, notre appel sera sans voix, on rallume les lumières pour préparer la soirée Discodrone qui débute à minuit.