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vendredi 26 janvier 2024

"LUNETTES NOIRES" de Dario Argento (Extra Lucid Films) – 31 janvier 2024

Ouf on respire, le génie du maestro Dario Argento est revenu avec son dernier film Lunettes noirs (Occhiali Neri en VO) sortie en Italie en février 2022. Après les mauvais Dracula 3D (2012) et Giallo (2009), on s’inquiétait pour lui sur sa santé créative. Son dernier génie, étant finalement la publication de son autobiographie Peur (2018-Rouge Profond), qui est un magnifique livre, très plaisant à lire -ce qui n’est pas le cas du Seigneur du désordre (éditions Camion Blanc) l’autobiographie de l’acteur Christopher Lee qui parle tout au long des 700 pages de sa passion pour le golf et à peine de Dracula -juste un petit chapitre de 10 pages à partir de la page 615-, en survolant sa filmographie Hammer Films et ses nombreux rôles au coté de Peter Cushing-. Oui, Lunettes Noires c’est du GRAND Dario Argento, le maitre du giallo, du thriller, de l’angoisse. Tant au niveau du scénario (côté intrigue, le tueur en série est vite montré, l’histoire est ailleurs), de la mise en scène, des images -en cinémascope-, cadrages magnifiques, une lumière contrastée juste étonnante, une musique qui fait partie intégrante du film, comme une seconde peau (chapeau à Arnaud Rebotini) et au centre du film, l’actrice italienne Ilenia Pastorelli (inconnue en France) qui montre ici son talent pour toute les situations. Car l’ami Dario Argento ne l’a pas ménagé, son rôle n’est pas de tout repos. Elle joue le personnage de Diana, une call-girl qui ne se fait pas marcher sur les pieds. Elle est forte et intraitable avec ses clients, jusqu’au jour… on n’en dira pas plus. Juste qu’elle va avoir un grave accident de voiture, qui va tuer un couple de chinois et heureusement laisser en vie leur jeune fils. Suite à l’accident, Diana se retrouve aveugle, sa vie de femme forte va basculer, la rendre fragile, dépendante. Son handicap, va la faire traverser des épreuves, réapprendre à s’organiser. Rita (Asia Argento) une assistante pour aveugles, va l’aider à remonter la pente, ainsi que l’enfant, devenue orphelin, va trouver en Diana une nouvelle maman.

Le scénario de Lunettes noirs date du début des années 2000. Le film n’a pas pu se faire, ainsi le manuscrit est resté dormir dans un tiroir. Jusqu’au jour où Asia Argento, faisant des recherches pour son autobiographie (Anatomie d’un cœur sauvage sortie en 2021 chez French Editions) met la main dessus. Elle le lit, l’adore et demande à son père de le réaliser. Très bonne idée, vu le résultat. A noter qu’il commence le tournage du film en juillet 2021, juste après son rôle en tant qu’acteur dans le film Vortex de Gaspard Noé.

Un petit mot sur la B.O. composée par Arnaud Rebotini (Black Strobe, Zen Avesta). C’est grâce à Asia Argento, qu’il se retrouve à travailler avec Dario Argento. Rebotini a remplacé un premier compositeur qui finalement ne correspondait pas au projet, et Dario, grâce à sa fille Asia découvre la musique du français Rebotini. En plus sa colle bien, car le film est une coproduction franco-italienne. Ils ont tous les deux travaillés à distance, Dario envoie les images, Arnaud compose illico la musique. Fan de Goblin et d’Argento, il connait l’environnement sonore. Il va reprendre l’idée de la clochette (qui ramène à l’enfance) déjà utilisé par les Goblin pour la B.O. de Les Frissons de l’angoisse (1975), thème qu’on retrouve aussi dans le morceau Tubular Bells de Mike Oldfield, que William Franklin a utilisé pour son film L’Exorciste (1973). Si le style Goblin est présent, la vision de Rebotini n’est pas une copie. Le côté prog des Goblin est évacué, pour un style électro techno dark minimal, qui se rapproche des compos de John Carpenter (lui aussi influencé par Goblin). Dario Argento a été complètement séduit du résultat. Il a utilisé la musique comme un élément aussi important qu’un personnage. La musique se mari à merveille avec les images. C’est un beau cadeau qu’il a fait à Arnaud Rebotini.

En France, Lunettes Noires n’est pas sortie en salles. Il y a eu une projection le 6 juillet 2022 à La Cinémathèque de Paris lors d’une rétrospective consacré au maitre de l’angoisse. De par sa qualité visuelle et scénaristique, Lunettes noirs aurait mérité une sortie nationale, comme la B.O. du film sorti chez les disquaires. Pour les spectateurs français, c’est donc la sortie du Blu-ray chez Extra Lucid Films qui permet de le découvrir. Après avoir publié Trauma en 2022, Extra Lucid Films frappe fort en publiant quatre films de Dario Argento en Blu-ray : Le Syndrome de Stendhal, Le Sang des innocents, The Cart player et Lunettes noires. Chaque Blu-ray contient de nombreux bonus (le pompon est pour le Syndrome de Stendal avec plus de deux heures de bonus) et un livret de avec de nombreuses photos, le tout dans un coffret cartonné. Pour notre sujet du jour, la qualité du Blu-ray de Lunettes noires est au rendez-vous. Le rendu des images et du son, sont magnifiques. Découvrir ce film dans ses conditions (à défaut d’un écran de cinéma) est un régal qui met le film en valeur. Chapeau à Extra Lucid Films !  


 

Chronique du HS Mad Movies consacré à Dario Argento  ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2022/05/dario-argento-le-maestro-du-macabre.html

https://www.extralucidfilms.com/prochainement/73-pack-4-films-dario-argento.html

https://www.facebook.com/ExtralucidFilms?locale=fr_FR





jeudi 25 janvier 2024

"DICTIONNAIRE AMOUREUX DU ROCK" d’Antoine de Caunes (Plon) – 28 octobre 2010

Autant j’aime bien faire mon TOP annuel des albums qui m’ont marqués, autant les Dictionnaires, qu’importe leurs thèmes, ce n’est pas ma came. Malgré tout, lors d’une balade dans une recycleriez du 20ème arr. de Paris, je me suis laissé tenter par le Dictionnaire amoureux du Rock écrit par Antoine de Caunes (livre qui fait partie d’une collection chez Plon consacré aux amoureux de…). Le prix de 50 centimes d’euros y est pour beaucoup, pas grand-chose à perdre pour découvrir ce pavé de plus de 700 pages (la première édition de 2010 au format bible). Comme tout dictionnaire, les chapitres vont de la lettre A, avec en première chronique l’album Abbey Road (des Beatles), -dont Antoine de Caunes comme de millions de fans, a été sur le lieu de la pochette culte, mais seulement en 2006-, à la lettre Z qui finis avec la chronique de ZZ Top (trop facile !). Les chapitres sont illustrés par des dessins d’Alain Bouldouyre. Avant de commencer à le lire, j’ai regardé les artistes sélectionnés dans son dictionnaire amoureux. Pour ceux qui connaissent le bonhomme à travers ses émissions rock à la télé (Chorus, Houba-houba, Les Enfants du Rock, Rapido), pas de surprise, ses héros sont bien au menu : Bob Dylan, J.J. Cale, Elvis, Ry Cooder, John Hiatt, Tom Petty, Mark Knopfler, Randy Newman, Southside Johnny, Cat Stevens et, évidemment le « boss » Bruce Springsteen à travers ses concerts (ici au Madison Square Garden) et l’album Born to Run. Si vous suivez un peu mes écrits sur mon blog, vous savez que ce type de chanteurs ne sont pas dans mon ADN. Par contre, égalemens présents, Burt Bacharach, David Bowie, The Clash, The Cure, Willy de Ville, Serge Gainsbourg, Iggy Pop, The Stranglers, Television, OK. Mais au final, qu’importe si on aime l’artiste ou pas, ici c’est la plume, le vécu d’Antoine de Caunes qui prime. Car le bonhomme sait écrire, partager ses joies et peines avec vitalité et humour. Chaque chronique est un instantané de vie, celui d’un journaliste télé qui a tout au long de sa carrière fait de belles rencontres. Des anecdotes, réflexions (sérieux ou pas),  il y en a toutes les pages. Antoine de Caunes a une mémoire de dingue, qu’il partage ici avec délice. Ainsi, on se laisse embarquer par toutes ses chroniques, tranche de vies, avec gourmandise. Par exemple j’étais mort de rire pour son texte sur Nina Hagen, venue avec son groupe au Théâtre de l’Empire (le lieu de Jacques Martin où il enregistrait en public L’École des fans) pour l’émission Chorus. Elle, et ses musiciens ont été tellement chiant avec l’équipe technique, des critiques sur le lieu (alors que ce Théâtre avait une superbe acoustique), le tout en prenant de haut tout le personnel, comme si l’alliance France-Allemagne était incompatible. Ainsi, Antoine de Caunes leur demande de remonter dans leurs camions et de retourner dans leur beau pays. Pas de Chorus pour Nina Hagen, elle là bien cherché. Pour raconter cette mésaventure France-Allemagne => la revanche, l’écriture d’Antoine de Caunes fait mouche. Son récit est absorbant. Au final, ce Dictionnaire amoureux du Rock, permet d’être en connexion avec les années 70 et 80, vécu de l’intérieur. Comme dirait notre présentateur sous speed, ce dico est un livre CHAUDEMENT RECOMMANDÉ.

Nota : Le Dictionnaire amoureux du Rock, devenu Dictionnaire amoureux illustré du Rock a été réédité en novembre 2017 chez Grund avec une sélection des chroniques, dans un format plus grand, avec des photos pleines pages. Là, on est dans le beau livre illustré, mais la première version avec le texte complet, une mise en page sobre en petit format, est à mon avis plus pratique à lire, notamment lors des déplacements.



Je profite de cette chronique consacré à Antoine de Caunes, pour sortir de mes archives une chronique du coffret DVD consacré à l’émission Chorus. Elle a été publiée en 2010, dans le fanzine Abus Dangereux.

Entre 1978 et 1981, le dimanche à midi après la messe sur Antenne 2 (maintenant France 2), il y avait une émission rock appelée Chorus. Présenté par Antoine De Caunes et Jacky, cette émission de 37 minutes avait la particularité de montrer deux live exclusif enregistrés au Théâtre de L’Empire (le théâtre de l’émission Dimanche Martin). Aujourd’hui, malgré des centaines de chaines sur le câble, essayez de trouver une émission de rock à la TV, alors qu’à l’époque, il n’y avait que trois chaines. En 1979, j’avais 14 ans et je me rappelle très bien de cette émission. C’était à chaque fois la guerre avec mes parents qui voulaient voir les infos. En effet, écouter et voir à la TV un concert des Undertones, The Jam ou Siouxsie, le dimanche midi, c’était atypique. En plus, les live étaient souvent intenses et diablement furieux. Pour les groupes, cette émission était une bonne page de pub pour se faire connaitre du plus grand nombre.

L’équipe de Chorus @ Jean-Luc Buro

Antoine de Caunes sur le toit du Théâtre de l’Empire

Dans l’émission, peu de bla-bla. Installés sur le toit du Théâtre de l’Empire, Antoine De Caunes présente rapidement les deux live du jour avec derrière lui Jacky (bien avant le Club Dorothée) qui fait le clown. C’était véritablement 35 minutes de concert en public (quelle chance pour ceux qui étaient présents), sans coupure de pub, n’y de commentaires sur les morceaux et sans montage qui donne mal aux yeux (ref Tracks au début sur Arte). C’est donc avec plaisir que l’on trouve ces images de notre patrimoine TV dans ce coffret 3 DVD avec des live complets de ZZ Top, Police et Clash et de nombreux extraits des prestations de Cure, Stranglers, Dogs, Trust, JL Hooker, Magazine, Madness, XTC, Captain Beefheart, Magma, Pat Benatar…soit un bon panorama entre les artistes jeunes et moins jeunes, entre l’underground et les succès radios de l’époque. A noter que dans le même style d’esprit, quelques années après, sur TF1 le samedi après-midi il y avait l’émission Mégahertz présenté par le branché Alain Maneval, le samedi soir Les Enfants Du Rock sur la 2 et L’Echo des Bananes puis Décibel sur la 3. C’était la bonne époque pour la place du rock à la TV.