jeudi 7 décembre 2023

POINTE DU LAC "Les siphonophores des eaux froides et profondes de l’Arctique" (Hands in the Dark) – 8 décembre 2023

Pointe du Lac est à la base le projet de Julien Lheuillier. En 2014, il publie seul à bord, un magnifique premier album éponyme qui va ravir les amateurs d’électro ambient (école Tangerine Dream) et de krautrock (école NEU !). En 2015, il publie deux cassettes, EP 1 et EP 2 qui seront regroupées en double vinyle en 2019. En 2016, Pointe du Lac devient un duo avec la complicité de Richard Francès aux machines électroniques. L’union donne naissance à deux cassettes numérotées ultra limité à 30 exemplaires : 913161815A et 913161815B. En 2018, nos deux musiciens rencontrent le saxophoniste Quentin Rollet (Bisou Records, reQords, Rectangle Records). Pointe du Lac devient un trio. Cette nouvelle union va composer le magnifique album LP2 (1) sorti en 2020. Sur cet album on trouve aussi aux voix, Kumi Okamoto aka Kumisolo. On retrouve, toute l’équipe sur le nouvel album au titre qui aurait pu servir pour un album d’étude à François de Roubaix, lui grand amateur de la mer, du grand large : Les siphonophores des eaux froides et profondes de l’Arctique. Après avoir titré leurs précédents disques en LP2, EP1, EP2, Pointe du Lac c’est pour le coup lâché pour trouver un titre qui ne soit pas LP3.

Station de métro "Pointe du Lac" (Ligne 8 : Pointe du Lac/Créteil-Balard)

Déjà, avant d’écouter une première note, savourons la magnifique pochette (recto et verso) réalisée par Emilija Radojicic. Après avoir pris plein les yeux, place à l’écoute. L’album contient neuf morceaux. Dès l’entrée en matière avec Les Anqallyt, on est dans une ambiance aquatique, presque mystique avec une voix lointaine qui scande des brides de phrases. Rapidement la voix s’efface pour laisser place à la musique électronique et un rythme enivrant, obsédant. Des nappes de synthé viennent structurer le morceau qui pourrait illustrer les images d’un film-documentaire ou notre imaginaire intérieure. Avec Harménania Manania, on retrouve le savoir-faire « au poil » de Pointe du Lac, orfèvre du rythme Motorik qui fait mouche. On connait ce rythme par chœur (merci à NEU ! d’avoir ouvert la brèche !), mais quand le talent est là, impossible de résister. D’autant, que Pointe du Lac savent faire monter la tension, pour qu’on reste attentif tout au long du morceau (plus de 9 minutes) qui s’achève avec le saxophone en feu de Quentin Rollet. Musicien encore plus impliqué dans le groupe, sur ce nouvel album, son saxophone est bien présent, et donne une couleur jazz de belle facture aux compos dominées par l’électronique analogique et numérique. Les mix krautrock-electro-jazz est d’une ivresse totale, auquel il n’y a pas un verre de trop (sachant que Quentin travaille dans un célèbre bar à vin parisien). On poursuit avec Crossota Millsae et Dimophyes Arctica au son jazz bleuté à pleurer. Ici la mélancolie nous arrache des émotions sans aucune retenu. A écouter à la tombée de la nuit, ou au petit matin, quand l’odeur du café noir nous accompagne. Il y a ici du Donald Byrd, Pharoah Sanders, John Coltrane, le label Impulse. Magnifique rencontre entre Pointe du Lac et le jazz 60-70. La face B s’ouvre par Aglantha Digitale qui contient une ritournelle électro qui monte petit à petit pour donner un effet cosmique, idéale pour accompagner la voix parlée de Kumi Okamoto. L’ambiance cinématographique de ce morceau est à tomber. On est captivé par son rythme qui nous fait voir les étoiles. Nanomia Cara nous évoque le duo Air avec ses nappes pop synthétiques. Un narval mâle sur 500 possède deux défenses est le sommet de la face B. Là aussi le sax teinté de blues fait des merveilles sur les mélodies aux synthés, à la basse cousu main, pour mieux pénétrer dans les profondeurs glacées de l’Arctique. Ce morceau est un voyage mental qui fonctionne au quart de tour. Avec Cyanea Capillata, on n’oublie par les fondements, avec le style électronique école allemande, Tangerine Dream-Klaus Schulze en tête. Toutes les bonnes choses ont une fin, ici il a pour titre Aurore Boréale qui offre une fois de plus à Quentin Rollet, un bel espace pour faire exprimer son saxophone. Oui, il a bien intégré le projet de Julien Lheuillier et Richard Francès.  Avec ce bel album en poche, Pointe du Lac confirme qu’ils font partie des meilleurs groupes français en action dans le style musique électronique en bénédiction avec le jazz cosmique. L’album est d’office dans le TOP 10 de meilleures découvertes de l’année 2023.

Bonus, instruments, effets utilisés: Bass guitar, piano, analog synthesizers, modular synthesizer, digital synthesizers, sopranino and alto saxophones, drums, drums machines, tape manipulation, loops, spring reverb, voices shamanic singing, sound metarmorphosis, wet keys. (Texte extrait de la pochette intérieure du vinyle 33 tours Les Les siphonophores des eaux froides et profondes de l’Arctique).

(1): Chronique de l’album LP2 ici :https://paskallarsen.blogspot.com/2021/12/pointe-du-lac-lp-1-alpages-records-23.html

https://pointedulac.bandcamp.com/album/les-siphonophores-des-eaux-froides-et-profondes-de-larctique

https://www.facebook.com/pointedulacmusic

https://handsinthedarkrecords.com/hitd-066/

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