En 1997, David Byrne publie un album pop, solaire qui ne pointe pas vers l’ambiant, la world,
l’illustration sonore. A l’image de la pochette réalisée par Stefan Sagmeister (Lou Reed, The Rolling Stones, Type O Negative) qui montre David Byrne en jouet
articulé (apparemment il n’y a eu qu’un exemplaire), les compos de l’album Feelings
ont un côté ludique, tant les mélodies et arrangements sont fluides et légères.
Sur l’album il y a de nombreux guest: la chanteuse Skye Edwards, le
guitariste, producteur Ross Godfrey, tous les deux membres du groupe Morcheeba,
alors à la pointe du trip hop downtempo avec la sortie de leur premier album Who can you Trust ?, le bassiste Greg Cohen (Laurie
Anderson, Lou Reed, Tom Waits), le violoncelliste Nicholas Holland du Balanescu
Quartet, Mark Mothersbaugh et
Gerard V. Casale de Devo pour ne citer que quelques noms, car il
y a du monde aux instruments. Du monde certes, mais la voix de David Byrne
est bien en avant, bien lumineuse. On le sent content de chanter, d’être si
bien entouré.
Il n’y aura qu’un morceau
qui sortira en single au rythme latino, Miss America.
Le clip qui illustre ce morceau est très kitsch, très coloré latex rock, comme
si David Byrne lâchait prise pour revenir à l’année 1977 du temps de Talking
Heads passé sous l’emprise de Devo et Nina Hagen. Le morceau Amnesia aurait également fait un très
bon single avec la voix habitée de David Byrne en plein spleen communicatif.
Le morceau est coproduit avec Ross Godfrey qui met ici son savoir-faire lounge
downtempo sur canapé. Classieux ! La petite faute de gout, le morceau rock putassier The Civil Wars qui tranche avec le reste. Bref un album "vacance" qui fait plaisir à
écouter, surtout si le moral est au plus bas. L’album porte bien ton titre. Oui,
ici il y a un bon feeling communicatif qui donne du baume au cœur.
Depuis 2012, John
Carpenter à mi sa carrière de réalisateur de coter. Il faut dire que son
dernier film The Ward : l’Hôpital de
la terreur était bien bis, avait l’aspect d’un téléfilm assez moyen. Ses
dernières bonnes créations remontent à 2006 et 2007, avec deux épisodes pour la
série Masters of Horreurs. C’est le même
constat chez Dario Argento. Le poste de réalisateur en pause (ou arrêt
définitif ?), John Carpenter a mis en avant son talent de musicien
(domaine où il est devenu une icône tant il inspire des jeunes musiciens,
notamment dans l’électro) avec en 2015 la publication de son premier album solo
titré Lost Themes. Album réalisé avec
l’aide de son fils Cody et de son filleul Daniel Davies (fils de
Ray Davies-The Kinks et ex chanteur, guitariste du groupe hard rock Year Long Disaster). On imagine que Cody et Daniel ont dut
encourager le doyen à se lancer sur cet album, qui est la bande son des films
qui lui viennent à l’esprit. Lost Themes
a reçu un très bon accueil, grâce notamment au label Sacred Bones Records qui a mis le paquet dans la communication et
dans l’art de faire des beaux disques vinyles couleurs à tirage limité. Le
succès étant au rendez-vous, John Carpenter, tels une rock star se
retrouve en 2016 pour la première fois de sa carrière, à partir en tourné faire
des concerts à guichet complet en compagnie de Cody et Daniel. Lost Themes étant un bon filon, le trio
étant au point, en pleine osmose créative, en 2016 sort Lost Themes II, en 2021 sort Lost
Themes III. Deux autres chantiers s’ajoutent aux Themes, avec en 2017 le premier volume d’Anthology qui reprend les thèmes de ses films réalisés entre 1974
et 1998 avec de nouveaux arrangements -toujours aussi glaciales et
répétitives-, et en 2018 la B.O. de la franchise Halloween qui repart pour trois nouveau claps sous la direction du
réalisateur David Gordon Green (1). Enfin pour être complet, en 2022,
notre trio gagnant compose la B.O. du film Firestarter
(Charlie en VF) réalisé par Keith
Thomas, tiré du roman de Stephen King. C’est la 2ème
adaptation du roman, la première est réalisée en 1984 par Mark L. Lester.
Et nous voici en octobre
2023 avec la publication de la 2èmeAnthology. Dans la première Anthology
qui recouvre la période 1974 à 1998, on trouve les thèmes des films Dark Star, Assault, Halloween, Fog, New
York 1997, The Thing, Christine, Starman, Les aventures de
Jack Burton, Prince des ténèbres,
L’antre de la folie, Vampires. Dans la 2èmeAnthology qui recouvre une période plus
serrée 1976-1988, on trouve d’autres thèmes des films de la première sélection,
plus Halloween II et III et surtout trois thèmes de The Thing qui étaient perdu. A noter que
la B.O. de The Thing a été composé
par Ennio Morricone. Carpenter lui avait demandé de composer une
musique avec peu de notes. Ce qu’il a fait. Malgré tout, suite à la réception de
la partition réalisée par le maestro italien, John Carpenter a pris l’initiative
en tant que réalisateur du film, d’enregistrer et d’insérer plusieurs pistes de
synthé. La B.O. complète de The Thing
avec les musiques de Morricone et Carpenter a été publié en 2010
en CD par le label Cimmerian Records.
Pochette intérieure recto-verso du vinyle "Anthology II"
La tracklist d'Anthology II ne suit pas l’ordre
chronologique des sorties de films. Ici on n’est pas dans un best-of, mais une
nouvelle vision pour réutiliser, réenregistrer des morceaux existants, en leur
donnant plus de souplesse, en faisant des morceaux qui peuvent vivre hors de la
B.O. du film concerné. On est plus proche d’un nouvel album solo de John Carpenter
que d’une compilation de morceaux. Synthétique, électronique, froid, minimale,
entêtant, les thèmes synth-wave et métal version 2023 sont modernes et puissants.
Comme Edgar Froese avec son fils Jerome, avec lequel il a composé
à partir de 1989 de nombreux albums sous Tangerine Dream, John
Carpenter (75 ans !) avec son fils et son filleul composent avec force
des morceaux inspirants auquel on n’aurait pas imaginé il y a 30 ans qu’ils
seraient source de modernité intemporelle. La musique de la fratrie "Carpenter
family" ne cesse de se régénérer. La nouvelle carrière de John Carpenter
est étonnante !