dimanche 9 juillet 2023

"LA DIMENSION PERDUE #2" de Nicolas Le Bault (White Rabbit Prod) – 15 Juin 2023


Lors de la sortie en mars 2022 du premier volume de La Dimension Perdue, l’auteur Nicolas Le Bault nous indiquait: "Ce roman graphique est le premier volume d'un livre long, tentaculaire, labyrinthique, dans lequel le lecteur pourra se perdre à loisir"(1). D’après l’auteur, il devrait avoir une dizaine d’épisodes. Pour l’instant nous en sommes au deuxième qui vient tout juste de paraître. Avant de lire une première ligne, La Dimension Perdue est en premier lieu une histoire très graphique. Nicolas Le Bault met en avant l’éclat du dessin, en se donnant de nombreuses libertés pour la visualisation du récit. Si son style graphique n’a rien à voir avec celui de Philippe Druillet, par contre sa façon de gérer les cases sur le format A4 possède la même liberté graphique que le grand Druillet. Entre 3 pages A4 de six cases, une page éclatée permet d’illuminer le regard du lecteur. Aussi, le style du trait enfantin, tout en 2D frontal permet au lecteur d’être au plus proche de Karine, la jeune héroïne du roman.



Résumé de La Dimension Perdue #1 : "Alors que le comportement de son père devient de plus en plus inquiétant, Karine s’éveille d’un rêve étrange, et découvre en pleine nuit dans la cave de la maison un effroyable secret…". (Texte extrait du dossier de presse)

Dans ce 2ème volume, le père (avec un visage de tête de cochon) est moins présent. Le récit commence par un rêve, une hallucination dans la tête de la petite Karine qui a le sommeil bien agité. Réveillée, elle sort de sa chambre et découvre qu’elle peut descendre à la cave. D’habitude la porte est fermée. Le passage où elle découvre l’énorme cave tout en profondeur est le point central de ce nouveau récit. Elle fait la connaissance d’une étrange fille, qui est peut-être sa soeur. Sur le corps nu de cette fille, il y a des tentacules qui poussent. Là, on entre dans le fantastique horrifique, avec une touche de gore, de surnaturel. Entre rêve bizarre et réalité sordide, la vie de Karine n’est pas simple. Déjà toute petite, la vie lui en a fait voir. Avec son regard d’enfant, pas facile de tout comprendre ce qui lui arrive. Le lecteur n’aimerait pas être à sa place. Enfant, c’est mieux d’avoir une vie de famille stable et d’avoir des bons amis. Mais pour une histoire fantastique, le banal n’est pas intéressant, il faut le bousculer, le troubler et ainsi faire réfléchir le lecteur, le capter dans le récit. Le volume #2 s’achève avec cette phrase : "J’ai peur de papa." Voilà qui nous présage un volume #3 pas de tout repos.

(1): Chronique de La Dimension Perdue #1 et interview de Nicolas Le Bault ici :https://paskallarsen.blogspot.com/2022/03/la-dimension-perdue-de-nicolas-le-bault.html

https://www.whiterabbitprod.com/product/nicolas-le-bault-la-dimension-perdue-2

https://www.facebook.com/nicolaslebault1



samedi 8 juillet 2023

THE LO YO YO "Extra Weapons" (Staubgold) – 14 novembre 2022

Le label berlinois Staubgold (créé en 1998 par Markus Detmer du groupe Klangwart) a réédité l’album vinyle Extra Weapons du groupe anglais The Lo Yo Yo, sortie initialement en 1985 en auto production sur leur label Floppy Discs. Dans cette édition il y avait un fanzine de 26 pages qu’on ne trouve pas dans la réédition de 2022. Dommage. Extra Weapons est une compilation vinyle qui regroupe des morceaux de la cassette éponyme (1984), du split album Double Dog Dare, summer’84 sorti en split cassette avec le groupe français Look de Bouk. Le tout complété avec des morceaux inédits pour une totalité de 11 morceaux. Il faudra attendre mars 2022, pour trouver la totalité des morceaux (19 titres, dont 8 live) sur un CD  publié par le label autrichien Klanggalerie.


The Lo Yo Yo (nom en référence au titre Low Yo Yo sttuff de Captain Beefheart) a eu une vie courte étalée sur deux années (84-86). Le groupe a été créé en 1984 par John Pearce du groupe Family Fodder qui a splitté en 1983, avant une reformation en 2000. On trouvera d’autres membres de Family Fodder au sein des divers changements de line up durant la courte existence de The Lo Yo Yo. Le noyau dur du groupe est composé de John Pearce aka Alig qui joue de nombreux instruments (guitare, basse, percussions) et de Carrie Brooks à la batterie et chant. Tous les deux assurent la SECTION RYTHMIQUE, la marque sonore, la force identitaire de The Lo Yo Yo. Annie Hunt (Chant, violoncelle, glockenspiel), Joey Starck (synthétiseurs, basse), Mick Hobbs (guitares, percussions) et en guest Leo Kelly (harmonie), Bob Vanderbob (saxophone, tin whistle) et RickWilson (percussions) complètent le duo. La musique de The Lo Yo Yo est dans l’esprit de groupes tels que The Raincoats, Maximum Joy, Girls At Our Best !, Au Pairs, The Slits, Rip Rig + Panic, Young Marble Giants, New Age Steppers, Essential Logic, The Ex. On y trouve du post punk, du dub, du funk blanc, du lo-fi. Le rythme funk blanc et les voix féminines sont ici en pleine harmonie. Le point fort du groupe est leur son qui traverse le temps avec insolence. A noter qu’à la production on trouve Charles Bullen du groupe art-rock This Heat.

Découvrir en 2023 The Lo Yo Yo est une bénédiction, tant leurs compos restent modernes, frais et joyeuses. C’est étonnant que ce groupe soit sorti des radars, tant leurs compos ont du style. Il manque peut-être le petit gimmick qui leur aurait permis d’avoir un tube et ainsi marquer leur nom dans la liste des groupes indé anglais du début des années 80. Ici l’aspect single n’est pas au programme, on est dans le format album où l’enchainement des morceaux raconte une histoire qui permet de traiter des sujets de société (le racisme, l’homophobie), nous installe dans une ambiance nocturne où l’invitation à la danse est le cadeau. L’apport du violoncelle, du saxophone en mode lo-fi punk est le « petit» plus. La voix d’Annie Hunt est magnifique. A elle seul, on fait le plongeon dans le meilleur du rock indé du début des années 80. A la fois énergique, mélancolique, insolente, son chant est libre de gesticuler dans les rythmes implacables, à tiroir du gang en plein ébullition. Ici la transe post-punk attrape notre corps moite qui ne peut pas rester insensible à la chaleur contagieuse du groupe. Extra Weapons est un petit joyau à écouter sans plus attendre !

https://staubgold.bandcamp.com/album/extra-weapons

https://www.discogs.com/artist/750296-The-Lo-Yo-Yo