STINKY TOYS "I Can’t Reach You" (Pop Supérette) – Janvier 2023

Le label toulousain Pop Supérette, géré depuis 2017 par le couple  Pierre Sødjrug et Michelle Campari, nous propose du lourd avec la publication d’un super 45 tours de trois titres du groupe culte Stinky Toys. Ce groupe parisien avec notamment le duo Elli Medeiros (chant) et Jacno (guitare), n’a publié que deux albums et un 45t dans sa courte vie de 1976 à 1979. Mais dans cette période, ils ont fait la couverture de l’hebdomadaire anglais, le Melody Maker, fait unique à l’époque pour un groupe français qui joue du rock. Ainsi en 2023, voir apparaitre un nouveau disque des Stinky Toys, c’est juste que du bonheur, d’autant que l’objet est magnifique. Ce super 45 tours contient trois morceaux : la reprise des Who, I Can’t Reach You et en face B, deux démos (qualité studio), Birthday (Chinese) Party ! et Beauty And Pride de 1978 qui seront ré-enregistrés pour le second album couleur jaune sorti en 1979 sur le label Vogue. La reprise du morceau des Who par les Stinky Toys est différente de l’original. Le son sixties est passé à la trappe, la voix d’Elli est rock et bien en avant, et l’apport du saxophone joué par Daniel Brunetti donne une couleur Roxy Music arty au morceau. Le résultat est jouissif. Quant aux versions démo, des futurs morceaux gravés sur l’album jaune, la matrice est déjà bien en place, mais avec un ton plus agressif.

Insert recto verso inclut dans le super 45 tours

Le disque vinyle est glissé dans une fine pochette en plastique, elle-même, glissée dans une belle pochette cartonnée, où l’impression en offset pelliculée, donne aux couleurs de la photo du recto une splendeur visuelle hors pair. La pochette a été conçue par Elli Medeiros (qui a également dessinée le logo) et Hervé Cabine (graphite de Stereolab et Stereo Total). En prime, à l’intérieur, un insert de 4 pages avec un magnifique dessin d’Olivia Clavel du collectif Bazooka (qui a aussi dessinée le logo pop du label toulousain) et un texte joliment écrit de Pierre Sødjrug. Le tirage est de 500 exemplaires, dont 300 numérotés. Bref du bon boulot, de la part de Pop Supérette, après -entre autre- le magnifique album inédit de Mitzpah avec notamment Hervé Zénouda, le batteur des Stinky Toys, le tout  avec une pochette et inserts de Loulou Picasso. Pop Supérette aime le travail bien fait, c’est tout bénef pour le fétichiste du disque vinyle.  

Pochette 2^ème album de  Stinky Toys (Vogue) - 1979

https://www.popsuperette.net/produit/stinky-toys-ep/

https://www.facebook.com/popsuperette/?locale=fr_FR

NICHOLAS MERZ "American Classic" (Aagoo Records/Modulor) – 3 février 2023

Nicholas Merz  est un auteur, compositeur américain de Duvall, ville de l’état de Washington, mais depuis février 2020 il est installé  à Los Angeles. En parallèle au groupe Darto de Seattle, dans lequel il joue depuis 2012 (le 4^ème album Tolting est sorti en février 2022), il fait une carrière solo, American Classic est son troisième album. Il l’a composé à distance avec des amis de Washington, New York, Los Angeles et du Colorado. Nicholas Merz compose une musique indie folk rock, americana, avec une touche de blues, de country, de noise. Il écrit sur l’Amérique ouvrière des « invisibles, seconds de cordés », thème qu’il connait bien, car son père était un carreleur syndiqué, mais aussi joueur de pedal steel, ainsi son fils Nicholas lui sert de relais, car il en joue avec style sur ce nouvel album. La photo de la pochette avec un portrait du visage de Nicholas Merz, reflète bien ce côté ouvrier de l’Amérique profonde. American Classic contient 12 morceaux, qui sont chacun des pastilles qui racontent le quotidien de l’autre rêve américain, celui non côté en bourse. Son phrasé proche du parler renforce le côté chronique. La musique n’est pas lo-fi, il y a de beaux arrangements, avec par moment un saxophone en liberté, des mélodies impeccables, notamment sur le morceau Hate, Unbridled qui respire un blues toxique de liberté. Quelque part, les atmosphères sonores et vocales de Nicholas Merz font penser à Rodolphe Burger, And Also The Trees, Nick Cave (période The Good Son) et à Mick Harvey. Au final, cet album n’a que deux défauts, une pochette trop simple (même s’il reflète les textes) et une durée trop courte de 30 minutes. Une fois embarqué dans les compos de Nicholas Merz, on aimerait qu'elles ne s’arrêtent pas aussi vite.

https://nicholasmerz.bandcamp.com/album/american-classic