Cheever est un nouveau groupe qui vient de Nantes. Ensimismado (mot espagnol qui signifie égocentrique) est leur première publication. Les quatre garçons (Ronan, Gildas, Fabrice, Fabien) dans le vent de l’Ouest, avec en renfort pour les voix Marie-Laure et Émilie, composent ensemble une musique aérienne qui mélange shoegaze, dream pop et slowcore. Les voix sont mélancoliques, les guitares sont cristallines, le rythme est en apesanteur, avec parfois quelques riffs qui annoncent la tempête, le tout sonne divinement bien à l’oreille. On est dans l’environnement des groupes Slowdive, Cocteau Twins, The Chameleons, Ride, Codeine, And Also The Trees, Tamaryn. L’œuvre de Zhu Hong titré Barrière (2014) reproduite sur la pochette, reflète bien la musique cold, grise et voilée de Cheever. Ici pas de moment brusque, pas de bruit de sirène, mais plutôt la tranquillité du poisson rouge qui nous fait visiter son bocal. On respire, on reste zen, on laisse parler les riffs vaporeux, parfois légèrement plus agressifs, pour mieux nous hypnotiser et nous installer dans un rêve cotonneux. L’assemblage des huit morceaux est homogène, comme le déroulement d’un film indé américain (Fargo des frères Coen avec son paysage neigeux), où le spectateur se laisse porter par le déroulement de l’intrigue. Au fil des écoutes, Ensimismado devient de plus en plus hypnotique, absorbant et vital. Telle la seringue du drogué, la musique de Cheever est nécessaire pour combler le manque et nous requinquer. A la différence prêt, et de taille, que la dépendance à la drogue Cheever ne nous met pas dans un état de zombie. A l’inverse de la mort rapide du camé en bout de route, avec la musique de Cheever c’est une vie solaire et lumineuse qui s’ouvre en grand. Bref, ce premier acte discographique est une réussite !
