vendredi 17 décembre 2021

POLYROCK "Polyrock" (RCA) – 1980

Aujourd’hui, pas de chronique d’une nouveauté. Non, j’ai sortie de ma collection de disques, le premier album du groupe new-yorkais Polyrock sortie en 1980 sur le label RCA. Cet album a la particularité d’être produit par Philip Glass, qui joue en prime du piano sur le morceau Bucket Rider. Formé en 1978, Polyrock a eu une courte existante qui s’est achevé en 1983, le temps de publier deux bons albums et un mini LP de couleur Post Punk, New Wave, Art Rock, Power Pop et une touche No-Wave, tant dans les voix que dans le son des synthétiseurs. On est dans l’esprit de groupes comme Television, James Chance, Comateens, Devo, Pylon, B-52's, Wire, Magazine, XTC, The Cars et Talking Heads, le groupe auquel Polyrock a souvent été comparé, car tous deux new-yorkais et la voix du chanteur est parfois proche de David Byrne et de Ian Cutis dans sa façon de danser (voir les clips ci-dessous). On retrouve les mêmes codes dans leurs pochettes du premier album : Nom du groupe en vert sur un fond rouge uni pour les Talking Heads, nom du groupe en blanc sur fond noir uni pour Polyrock. Par contre, avec leur petite discographie, Polyrock n’aura pas le même succès que Talking Heads. Ils n’auront même pas le statut de groupe culte de la scène new-yorkaise réévalué avec le temps, à l’inverse d’ESG et du mouvement No-Wave (James White/Chance & The Contortions, MARS, DNA…). Même la mort du leader Billy Robertson en septembre 2018 ne fera pas raviver le souvenir. Quand on évoque la ville de New York et le rock, Polyrock est rarement cité. Ce qui est bien dommage, car leur musique vieilli plutôt bien. Tentez l’expérience en 2021 !


Polyrock, c’est les deux frères Robertson, Billy (voix, guitare) et Tommy (guitares, violon), Catherine Oblasney (voix, percussions), Lenny Aaron (synthétiseurs), Curt Cosentino (basse, synthétiseurs) et Joseph Yannece (batterie), soit six musiciens et en guest Philip Glass qui sera également à la production du second album Changing Hearts sorti en 1981. Une formation de six musiciens, c'est rare dans le rock, qui ne sait compter que jusqu’à cinq (une voix, deux guitares, une basse, une batterie). D’entrée, ce qui séduit dans les compos du groupe, c’est le son sec et la rythmique la fois dansante et cassé. Chez eux le son des synthétiseurs ne fait pas daté, n’y ringard, car le jeu avec les guitares donnent une couleur power pop originale aux compos qui sont efficaces et fluides. Résultat, la musique a une fraicheur sonore encore intact, même 41 ans plus tard. De plus, comme ils ont un look d’étudiant lambda cousin des Feelies (à l’inverses de quelques groupes new-wave anglais), ils restent intemporels. Malgré la présence de Philip Glass à leur côté, cela ne fera pas décoller le groupe dans le top album. En 1980, Philip Glass a déjà publié de nombreux albums dont Einstein On The Beach (1978) et Dance Nos.1 and 3 vient de sortir. Polyrock sera le seul groupe de rock indé produit pas Philip Glass. C’est déjà quelque part une fierté qu’ils peuvent mettre dans leurs mémoires. Je pense qu'à l’époque, l’album a été chroniqué dans Best et peut-être Rock & Folk. Comme ils étaient signé sur la major RCA, la promo était au rendez-vous, sauf le résultat des ventes. État de fait à rectifier ! Bref, Polyrock sur votre platine vinyle, c’est une bonne idée pour finir l’année 2021.



https://www.discogs.com/fr/artist/119356-Polyrock






jeudi 16 décembre 2021

THE DENTS "1979/80" (HoZac Records) – 18 juin 2021


The Dents est un groupe punk rock américain de Cincinnati dans l’état de l’Ohio qui a eu une courte existence d’à peine deux ans (1979-1980). Durant cette période ils n’ont publié qu’un 45 tours à très faible tirage. Bref, le genre d’histoire qui plait à Claude Picard du label Cameleon Records, spécialisé dans la résurrection des groupes rock français obscurs et invisibles. The Dents étant américain, c’est le label de Chicago HoZac Records qui se charge de les mettre en lumière pour un rendez-vous chez le dentiste. Après 40 ans de laissez-allez, il est temps de faire un état des lieux des chicos ou pas ! L’album contient deux enregistrements live datés du 18 novembre 1979 et du 20 février 1980 au Bogarts à Cincinnati. Cette salle existe toujours. Henry Rollins habillé en infirmier fera le 13 mars 2022 un spoken word. Comme c’est un enregistrement live, le son brut est plus proche du document, archive, témoignage sonore de la musique de The Dents qu’un enregistrement studio avec un ingénieur du son. Faudra faire avec, c’est le seul témoignage à se mettre sous la dent. Cela permet d’entendre leur musique punk rock et new wave avec en avant-poste la voix enragée de Vivien Vinyl (quel super nom !) et le synthé cheap et lo-fi de Doug Hallet. N’oublions pas le guitariste John Murray, le bassiste Chuck Swanson et le batteur Dale Adams, et nous avons là une formation synth-punk rock comme il y en avait en pagaille chez les anglo-saxons. Ici la touche synth-wave en mode film Z avec des bip bip sur une à deux touches (à côté le groupe Devo c’est du cinémascope), c’est juste un plaisir coupable à savourer lors d’une surprise party entre anciens punk. Le morceau Radioactivity (qui n’est pas la reprise de Kraftwerk) qui clôt l’album en est un bon exemple. Parmi les seize morceaux, il y a quatre reprises : You Burn Me Up (I’m A Cigarette) de Robert Fripp (1979), Do The Bood de The Real Kids, Love Comes In Spurts de Richard Hell & The Voidoids (1977) et Pumping (My Heart) de Patti Smith Group (1977). Resté 40 ans dans l’ombre, ce témoignage live fait plaisir à écouter, du moins pour l’amateur du genre. On est direct dans l’espace-temps 79/80 au plus près du groupe. C’est toujours mieux que notre époque masqué et vacciné… ou pas.

Nota: En bonus, un insert de six pages avec une interview des membres du groupe, le tout illustré avec des images d'archives (photos, flyers, affiches). 


https://hozacrecords.bandcamp.com/album/1979-80-cincinnati

https://hozacrecords.com/bands/dents/

https://www.facebook.com/The-Dents-197980-112045154450671