mercredi 17 novembre 2021

CANNIBALE "Life is Dead" (Born Bad Records/L’Autre Distribution) –12 novembre 2021


Et de trois ! avec Life is Dead, le nouvel album du groupe normand Cannibale. Depuis 2017, le groupe Cannibale enchante notre quotidien avec sa musique afro tropicale caribéen, exotique, psyché, dub, ska, funk, teinté d’indie rock, de garage et de B.O. de film, comme si Fela, Ennio Morricone, Tom Tom Club, Francis Bebay, David Byrne, Jean-Claude Vannier, Pulp, faisaient ensemble une fête sans gestes barrières. Ce mix pourrait rendre l’album totalement foutraque, mais la tracklist des douze morceaux, donne la clarté nécessaire pour suivre le groupe dans sa musique décloisonnée et totalement libre. Le point commun des styles, est la bonne humeur, le groove toujours présent. Manuel Laisné (multi instrumentiste et compos) me disait lors d’une interview publiée dans le Abus Dangereux face 149 (janvier 2019) : « Le style découle des compositions, ce sont les rythmes, les accords, les mélodies et l'interprétation qui font le son. Tout est enregistré de la même façon, sans chichi, sans doublage ou autres techniques de post prod. La seule contrainte (qui en fait n'en est pas une), c'est que ça soit jouable à cinq. Comme tu dis, il y a plein d'influences, mais c'est nous. On écoute toutes ces musiques. Elles sont intégrées, elles sont nous. On est qui on veut, on fait la musique que l'on veut, sans avoir peur de tomber dans l'effet compile fourre-tout. » Ces propos étaient pour la sortie du deuxième album Not Easy To Cook, cela reste valable pour ce Life is Dead, tant le rythme est toujours le fer de lance des morceaux qui peuvent parfois atteindre le graal comme avec Beware the Bird et sa mélodie aérienne et krautrock à perdre pied à terre. Coté surprise vive de l’album, c’est la présence de Fabrice Gilbert, chanteur du groupe Frustration (autre pilier du label Born Bad) qui vient poser sa voix post punk sur le morceau The Mouth of Darkness. Le résultat est top ! Après 41 minutes de chaude ambiance, l’album s’achève avec la berceuse folk et psyché de Chasse à Contre, comme si la fête était finie et qu’il est l’heure d’aller dormir à la belle étoile, soit sous un arbre avec le regard illuminé de la chouette dessiné sur la pochette, ou sur une plage pour regarder l’horizon sans terminus. L’énergie de Cannibale nous a épuisés, mais qu’est-ce que c’est bon !

https://cannibale.bandcamp.com/album/life-is-dead

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mardi 16 novembre 2021

DELWOOD "Delwood" (Honest House) – 05 novembre 2021


Malgré le nom, Delwood (également une ville située dans l’état du Minnesota aux États-Unis) est bien un groupe belge de Liège qui s’est formé en 2019. Delwood est leur premier album. Ce quatuor à deux basses est en marche, avec les frères bassistes Greg et Ju Dubois (Franck Shinobi, Taifun, Coastline Truckers), Vince Oury (Tony Gromyko) aux synthés, samples, trompette, Alex Brüll (Esope, Black Sun Act, Terrils) à la batterie et en guest pour cet album, Clément Deschambre (The Brums) au sax et clarinette et Damien Chierici (Dan San) au violon. Delwood compose une musique post rock, noise, avec une pincé de jazz et de brume échappé d’une B.O. pour illustrer les images d’un film muet des années 20. Quelque part entre les résonances sonores de Tortoise, Shellac, Slint, Oiseaux-Tempête, Ulan Bator, The Somnambulist, la musique de Delwood illumine l’espace de pars sa pertinence. L’assemblage rythmique de deux basses avec les cuivres, la richesse des notes de synthé et la voix HC noise est parsemé de surprises sonores, comme une ballade improvisée pour se perdre dans les rues d’une ville en forme de toiles d’araignée. A la fois aéré et tendu, les 10 compos de Delwood sentent le soufre, respirent la foudre et laissent entendre le ruissellement de l’eau, sans cassure et en toute harmonie. Entre bourdonnement et glissement des rocailles sur de la tôle rouillée, laissez vous absorber par la musique à tiroirs de Delwood, vous ne serez pas déçu !


https://delwoodmusic.bandcamp.com/releases

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KEBU "Urban Dreams" (ZYX Music) – 01 octobre 2021


Kebu est un compositeur finlandais de musique synthétique, ambient, progressive et de SF. Quelque part, c’est un peu à cause de se style de musicien qui possède un arsenal de synthétiseurs pour créer en studio (avec des touches tout partout) une musique instrumentale, que le mouvement punk est apparu en 1974 aux États-Unis avec les Ramones, en 1975 en Angleterre avec les Sex Pistols (mais en 1966 pour les puristes avec les Seeds) pour l’insolence DIY en mode : « J’ai pas le matos, je ne sais pas jouer, en 6ème j’étais un cave au cours de musique pour jouer de la flûte, mais je créé quand même un groupe, ou un label, ou un fanzine ». Sans oublier le début 2000 avec le mouvement électro, dont tous les SONS sont créés avec un simple ordi de type Apple MAC, très pratique pour partir en tournée et passer le contrôle à la douane. Peut-être qu’en réaction à son 3ème album titré Urban Dreams, Kebu va également susciter un autre mouvement parallèle et underground ? En attendant, pour l’amateur du style synthé cosmic musik sortie du radar des Russes dans la conquête spatiale, on peut dire que le Jean-Michel Jarre ou Vangelis finlandais, sait transporter son public vers les étoiles. Comme il joue sur des synthétiseurs analogiques, le son est ici vintage. On est dans l’esprit de Tangerine Dream et Klaus Schulze avec une touche de Kraftwerk sur quelques notes. Sans réinventer le genre, ou alors juste un peu d’électro 2000 en plus, Kebu est suffisamment talentueux pour nous séduire avec ses nappes synthétiques qui donnent envie de trainer cinq heures dans un aéroport avant de prendre l’avion. La pochette de l’album (qui est en croisement entre la pochette Terraform de Shellac et l’affiche du film Le cinquième élément de Luc Besson) illustre bien la musique des 20 instrumentaux aérés et non confinés. Mesdames et messieurs veuillez prendre place, décollage imminent !

Comme Jean-Michel Jarre en France, Kebu a suffisamment de succès en Finlande, pour qu’il se retrouve à composer une musique pour célébrer l’anniversaire de l’indépendance de la Finlande. Pour clore cette chronique, je rappelle que cet album est pour l’amateur de prog synthétique, confortablement installé dans son salon et non pas pour le punk assoiffé, installé dans un squat avec des courant d’airs !

https://kebu.bandcamp.com/album/urban-dreams

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