Formé en 2007, l’as des as parisiens The Belmondos débarquent avec le
magnifique Memory Lane, 3ème
album qui contient 10 morceaux de pop music. A l’image de la pochette qui nous
montre un lieu sympathique pour se poser et boire une boisson en charmante
compagnie, les compos cousu main des marginaux The Belmondos font honneur à la musique pop des sixties. Donner
pour titre Memory Lane à l’album, c'est comme indiquer ouvertement sans tricherie, son influence envers les Beatles
(ils ont d’ailleurs joués au fameux Cavern
Club de Liverpool), mais aussi aux compilations Nuggets. Certes professionnel, les tribulations de The Belmondos ne sont pas là pour
réinventer le genre pop, mais juste pour nous prouver que 55 ans plus tard,
cette musique du siècle dernier n’a rien perdu de sa saveur et qu’avec de l’amour
et l’eau fraiche, on peut composer une musique intemporelle qui peut plaire à
toute les générations. Frais, légers et mélodiques, mais sans être trop
acidulé, il y a quelques riffs garage qui sèment leurs graines rock, les compos
du quatuor ont une saveur irrésistible qui ne demande qu’à circuler entre vos
oreilles. C’est clair en 2020, The
Belmondos ne sont pas à bout de souffle !
Optic Sink est un nouveau duo avec aux
commandes Natalie Hoffmann (Nots) au chant et aux synthétiseurs et Ben Bauermeister (Magic Kids, A55 Conducta)
aux percussions. Optic Sink compose
une musique synth-wave et électro minimale dans l’esprit d’Anne Clark, Ela Orleans avec une touche de
Kraftwerk et Devo. Des petites
notes douces et répétitives, une rythmique binaire qui pourrait être sorti d’un
jeu vidéo vintage, une voix cold, comme l’union de l’homme avec la machine. C’est
à la suite de la mort de deux amis en 2018 et 2019, que le chagrin a poussé Natalie Hoffmann à composer des
morceaux électroniques qui vont donner naissance à Optic Sink. Ce projet est pour Natalie une thérapie qui a abouti à ce premier
album de 8 titres. Malgré l’enregistrement en été au Bunker Audio à Memphis le son est lo-fi, artisanal et froid. Ce n’est
pas une démo, mais on est dans l’esprit d’une ébauche, d’un travail en étude qu’on
a décidé de livrer tels quel au public, comme pour mieux garder l’urgence du
premier jet. C’est du moins l’impression que donne l’écoute de l’album. Ce côté
ébauche dans les compos n’est pas un handicap, cela donne une couleur sonore
plaisante, du moins si on est amateur du style synth-wave minimale.
Depuis 1991, j’en ai écris des chroniques de disques,
dont une bonne partie sur des jeunes artistes, groupes qui ont publiés leur
premier EP ou premier album. Un jeune groupe a évidemment moins d’heures de
route et de studio et donc moins de compos dans ses valises que ceux qui
tiennent sur la longueur, jusqu’à faire une carrière, un métier. Quand on se
retrouve à chroniquer le nouvel album d’Half
Japanese, c’est une autre paire de manche. Ce groupe (à géométrie
variable coté musiciens) formé en 1974, mené par Jad et David Fair, nous propose un 19ème long format, (mais il y en a plus si on compte les premières
K7 au son brut) nommé Crazy Hearts. N’oublions pas les collaborations diverses du groupe, de ses
membres, dont la carrière solo de Jad
Fair avec une trentaine d’albums, dont des classiques avec Moe Tucker, Daniel Johnston,Kramer,
Teenage FanClub et en parallèle il
y a ses dessins qu’on retrouve sur les pochettes et en galerie (l’Art Factory pour la France). Dans le
rock indé (grunge, Riot girl, noise, pop lo-fi), Half Japanese et Jad Fair
sont des artistes respectés. Ils font partit des groupes et chanteurs
compositeurs pionniers/novateurs comme The
Residents, Jonathan Richman, Pere Ubu, The Fall et ils vont inspirer des groupes tels que The Pastels, Beat Happening, Sonic Youth,
Yo La Tengo.
Malgré les années, un nombre d’albums imposants, la
musique d’Half Japanese (ce nom de
groupe est vraiment top) reste pop et frais, comme si le temps n’avais pas de
prise sur eux. Digne d’un premier album, ce Crazy
Hearts possède la dynamique de la jeunesse, tout en gardant l’expérience du
métier, soit une musique pop à la fois artisanale et professionnelle. La voix
de Jad Fair possède ce grain
particulier, un peu dans l’esprit d’un personnage de dessin animé, qu’on est
content de retrouver intact, sans l’usure des années. Leur musique pop/lo-fi
possède toujours ce son indé ricain (de R.E.M.
à Yo La Tengo en passant par Sugar et Jeffrey Lewis) inusable et diablement efficace
à l’oreille. On est bien loin des premiers pas d’Half Japanese avec un son brut, punk, expérimentale, parfois à la
limite de l’audible, mais il y a toujours le côte bricolage, jardin d’éveil de
l’enfance comme par exemple sur le morceau And
It Is et sur les images des nouveaux clips. Ce Crazy Hearts est un très bon album, avec en prime une belle pochette
réalisé par Gary Panter.
Petit nota: Hasard du calendrier, le jour de la sortie de l'album Crazy Heats, le 4 décembre 2020, il y a aussi la sortie de l'album Collector de Chapi Chapo & Les Jouets Electroniques avec comme invité, Jad Fair qui chante sur le morceau It's Fate.