mardi 2 juin 2020

ISLET "Eyelet" (Fire Records) - 06 mars 2020



Islet est un trio (au départ quatuor) anglais du pays de Galles qui s’est formé en 2009 avec aux commandes les frères Mark et John Thomas et Emma Daman (la compagne de Mark), tous multi instrumentistes et chanteurs. Islet compose une musique psyché, dream pop et organique qui donne beaucoup d’espace à l’évasion mentale et aux vibrations sensorielles. Des voix éthérées, des mélodies aquatiques, des bourdonnements cotonneux, l’univers sonore d’Islet nous caresse avec des gants de velours et des mains de fées. Musicalement, Islet est proche de Death & Vanilla, leur voisin du label Fire Records. Eyelet a été enregistré à domicile, dans les collines de la campagne des Mid Wales que l’on retrouve en illustration sur la pochette aux couleurs et graphisme pop. L’album a pris naissance avec la venue du deuxième enfant du couple Emma et Mark, soit un accouchement en famille. Caperpillar, qui ouvre l’album est selon Emma une « chanson pour mon enfant à naître ». On sent d’ailleurs à travers l’atmosphère de l’album, beaucoup d’amour et de bonheur mélodique. Ici pas d’angoisse, n’y de prise de tête, au contraire tout glisse dans le sens de la marche, sans aucune embuche. La voix d’Emma est lumineuse, soignée, maternelle avec une touche de mélancolie à fleur de peau douce. La musique scintille à chaque instant, tout en donnant quelques sons légèrement expérimentaux. Très bel album à écouter si possible en couple, ou alors seul avec son nounours en peluche.




islet.wales/
islet.bandcamp.com/
www.facebook.com/IsletWales/

lundi 1 juin 2020

MARIETTA "Prazepam St." (Born Bad Records/L’Autre Distribution) - 19 juin 2020


Guillaume Marietta (ex The Feeling Of Love, A.H. Kraken, Plastobéton) nous propose avant les vacances d’été, son 3ème album qu’il a nommé Prazepam St (= un anxiolitique pour le traitement de la dépression). Au sujet du disque, il dit dans la bio: « Je voulais m’amuser. Construire un monde sombre et lumineux avec mes petites mains et du matériel de récupération ». C’est donc seul avec des logiciels de MAO crackés, que Guillaume Marietta a réalisé les 11 morceaux du disque. Le style est à la fois lo-fi/bricolo et splendeur glam flamboyante. Quelque part entre la luxure Syd Barrett/David Bowie/Marc Bolan et les glin glin noisy rock de Sonic Youth/Papa M/Tortoise-David Pajo (1), dont le 10ème morceau titré Pajo et totalement instrumental lui est dédié, les nouvelles compos de Marietta ont de la classe. Si La Passagère, le précédent album était chanté exclusivement en français, celui-ci mélange français et anglais avec aisance. Le sujet de la drogue, des médocs est très présent : « La glace dans tes vines craque et tu vibres » (Aluminium), « L’éther le plus pur est tatoué dans ma tête » (Ether Ok), « Fume le feutre de la nuit » (Ellie Jane #2) et le titre Dmpa est une molécule utilisée comme castrateur chimique sur les délinquants sexuels, mais pas d’inquiétude, ici le manque ne sera pas lié à la drogue et aux médicaments de couleurs pop, mais à la musique en cas de coupure d’électricité ou du réseau. Au final, le mix des genres glam, indé avec une touche d’électro est parfaitement maitrisé par le génie de Marietta, un fin compositeur singulier. 

(1)   L’album 1968 de David Pajo, sorti en 2006 chez Drag City est vivement recommandé !

 

TISIPHONE "Koma Forte" (Icy Cold Records / Acid Folik / Automate Records)


Tisiphone est un trio lyonnais qui s’est formé en 2016. Avec aux commandes, Clara, Suzanne et Léonard, Tisiphone nous propose avec ce 2ème r album nommé Koma Forte, une musique post punk, parfois tribale, teinté de no/cold/new-wave et de poésie heureuse qu’ils ont (en référence au morceau d’ouverture Heureux Je Suis). A part le nom des morceaux (il y en a 6) et les divers labels/structures liés au projet, il n’y a aucune info sur le groupe et la production de l’album. Dommage, car pour un jeune groupe, c’est toujours sympa d’indiquer quelques notes pour le fan présent à l’appel. Ceci étant, le plus important reste la musique, et de ce côté-là, Tisiphone ne fait pas semblant et possède une bonne assurance, notamment dans les voix qui sont bien habités. Le jeu (guitare/basse/batterie et en option un micro Korg) roule aussi très bien. Le son indé du début des années 80 est assez marqué, sans pour autant faire revival. L’album a été enregistré à la Station Mir et masterisé au studio de Kerwax, ce qui explique la qualité du son qui sort du gravage du vinyle noir (l’album n’est pas sorti en CD). Les textes sont en français et en anglais, ce qui est un bon choix, sa donne une note personnelle au trio. Dans le style post punk, à écouter et à voir sur une scène de théâtre ainsi que une dans cave humide et sombre, la musique rock de Tisiphone a des effets stimulants qui font plaisir à sentir jusqu’à la pénombre...