En 2021, le groupe Palo
Alto publie le double album Difference and
Repetition: A Musical Evocation of Gilles Deleuze avec en guest Richard Pinhas (Heldon), Thierry Zaboizeff (Art Zoyd), Alain Damasio et Rhys Chatham. Pour fêter le 1er anniversaire de la
sortie de l’album, Palo Alto édite un
45 tours avec une version courte du morceau The
Tears of Nietzsche d’une durée de 5 minutes. La version qui ouvre le long format dure 17
minutes. En face B du 45 tours, il y a le morceau inédit Vecteurs d’abolition. Ce disque est publié par le label Sub Rosa. Pour que la fête soit complète,
le morceau The Tears of Nietzsche (edit
version) est mis en image par le réalisateur Karel Pairemaure. Il reprend le visuel de la pochette de l’album réalisé
par Julien Pacaud, pour lui donner
une dimension cinématographique. Ce 4ème clip clôture la série de
clips réalisés sur des titres de l’album.
"Un
nouveau lien pour un nouveau monde,
De celui des ondes et des vibrations,
Celui des oscillations devenues enfin concrètes.
Les larmes de Nietzsche sont nos larmes à venir.
Le monde se décroche dans la libération des forces telluriques et surhumaines,
Et le cosmos cède la place à sa virtualisation.
Nous-mêmes devenons une rengaine,
Une manière d’étape transitoire.
Pour le capitalisme de troisième espèce,
Nos singularités biologiques, parties inhumaines du troupeau des consommateurs
d’objets et d’images…"
Texte extrait de "Les larmes de Nietzsche :
Deleuze et la musique" par Richard Pinhas, Flammarion
Palo
Alto est un groupe Français parisien qui existe depuis 1989. Dans le petite
monde de la musique industrielle, expérimentale et cold « made in
France » et Européenne des années 80, Palo
Alto fait partie des groupes références. Tout comme, Clair Obscur, Complot
Bronswick, End Of Data, Vivenza, Pacific 231, Le Syndicat,
Vox Populi !, Die Form, Etant Donnés, Nox, Déficit Des Années Antérieures aka DDAA et Ptôse (deux groupes avec lesquels Palo Alto a réalisé un split album), mais aussi les labels Sordide Sentimentale (géré à Rouen par Jean-Pierre Turmel ), Les Disques du Soleil et de L’Acier aka DSA (géré Nancy par Gérard Nguyen) et Crammed
Disc et sa filiale Made To Measure (géré à Bruxelles par Marc Hollander) qui ont marqués et donnés les fondements d’un genre à multiples
tiroirs. Mais certains tiroirs sont restés vides, il ne reste plus qu’à les
remplir par les futurs générations d’artistes qui auront trouvé un de ses
disques vinyles ou K7, puis CD-R poussiéreux dans la collection du père
(bientôt du grand-père ?).
Comme il se faisait souvent dans l’indus, pour
diffuser sa musique, le groupe Palo Alto
a commencé par la K7, le support le moins cher pour immortaliser sa musique.
Les K7 étaient souvent vendues aux concerts, sur catalogue de distributions/correspondance
(à partir d’une pub dans les fanzines new wave très spécialisés, sans oublier la
pub d’une page de New Rose dans le
mensuel Best), ainsi que chez les
disquaires indés (la Fnac et le Virgin Mégastore, ne diffusaient pas -ou
très peu- le format K7 et encore moins les groupes indés qui étaient dans la
marge), ça c’était le domaine de New Rose,Les Editions Phonographiques de l'Est aka les EPE et Parallèles à Paris, Mélodies Massacre à Rouen, Disc 2000 à Rennes et Wave à Nancy.
On en arrive à notre sujet, en ce jour masqué (ça c’est
très visuel indus !) du 8 octobre 2020, la sortie du 10ème de Palo Alto. Au sein du groupe, on trouve
Jacques Barbéri, Philippe Perreaudin et Laurent Pernice (ex Nox, mais il a aussi fait de nombreuses
collaborations avec les arts vivants et des disques en solo). La particularité
de ce nouvel album nommé Différence And
Repetition est qu’il sort à l’occasion du 30ème anniversaire du
groupe et surtout l’album est un hommage au groupe anglais Soft Machine, qui a fait connaitre les grands artistes Robert Wyatt, Kevin Ayers et David Allen,
trois noms qui ont après le split de Soft
Machine réalisés en solo des magnifiques albums et le groupe Gong pour Allen. L’album rend aussi hommage au philosophe Gilles Deleuze, (le sous-titre utilise
les mots « Musical Evocation of Gilles
Deleuze »).
Difference And Competition
contient 4 morceaux. Sur le format 33t double vinyle, chaque morceau recouvre
les faces A-B-C-D. Autre singularité et force de ce beau projet musical, est le
choix des invités. Richard Pinhas
(ex Heldon) sur le morceau The Tears of Nietzsche, Thierry Zaboitzeff (ex Art Zoyd) sur Rhizome (à noter que ce titre est également le nom d’un magnifique
festival gratuit qui se passe en été dans les parcs et squares parisien), Triptych avec l’écrivain Alain Damasio, qui chante/dicte « Gilles Deleuze est mort » et Différence et Répétition avec Rhys Chatham (un américain qui habite
la banlieue parisienne depuis des lustres et à qui on doit entres autre une symphonie
avec 400 guitares électriques). Bref, le choix des invités fait plaisir. Et
la musique (ainsi que par moment les textes) dans tout ça ? De part la
longueur des morceaux (19 minutes en moyenne), la structure nous laisse le
temps d’entrer en communion avec la musique, qui s’installe petit à petit pour
nous porter vers des horizons mental et des « paradis perdus » (bon,
là c’est mon interprétation). Dans les
styles/apparitions, on trouve de la musique contemporaine, l'ambient, de l’électro,
une touche de jazz, d’expérimentale et quelques effets psychédéliques. L’ensemble
donne une musique harmonieuse, à la fois complexe et facile d’accès, à
condition de ne pas être resté bloqué sur le rock garage sixties. Bref un album
exigent mais qui s’apprivoise facilement au fil des écoutes. Pas besoin d’être
un mordu du métal industriel pour pénétrer dans ce nouvel album, qui fête
dignement les 30 ans du groupe, Soft Machine
et Gilles Deleuze (que perso je n’ai
jamais lu).
En ce mois de février 2021, la revue/fanzine Persona n°14 est disponible, avec en couverture
Arman Méliès qu’on a reconnu, malgré qu’il se cache derrière ses mains
tatouées. Le sommaire de ce numéro nous en donne plein les yeux grâce à la
belle mise en page en couleur et en noir et blanc, remplis d’illustrations
(photos, dessins, pochettes de disques, couvertures de livres) et aux entrevues
qui permettes aux « artistes de nous dévoiler leur face cachée » et
parfois leur corps dénudé comme ici avec Linda Tuloup et ses autoportraits
en polaroid. Je ne vais pas entrer dans le détail du sommaire, toujours aussi
passionnant, mais notons la présence du groupe Marquis qui se sont nommé
ainsi après la disparition de Philippe Pascal, chanteur de Marquis de
Sade. Le groupe originel avec un nouveau chanteur vient de publier l’album Aurora
qu’on peut qualifier de 3ème album de Marquis de Sade. Continuons
les découvertes avec l’acteur de théâtre et de cinéma Denis Lavant qui a
5 pages pour nous parler de son métier. Mathieu David Blackbird a eu la
bonne idée d’interviewer le groupe Carmine (1) qui a publié dans les années
90 des albums chaudement recommandés à (ré)écouter. Enfin, notons qu’il y a
dans chaque publication de Persona, de magnifiques illustrations format
A4 d’Isabelle Dalle.
Sommaire :ARMAN MÉLIÈS // JAY-JAY
JOHANSON // EMILY JANE WHITE // LINDA TULOUP // MARQUIS
// PALO ALTO // MASSICOT // FREDDA // CLAVICULE // YAN
PÉCHIN // DENIS LAVANT // LA CLEF // CARMINE // MIN-DEED
// NICOLAS COMMENT // DOMINIQUE FABRE // SYLVAIN
DEVLICHEVITCH // DOMINIQUE CLAVREUL // ANNE-LISE BROYER // PIERRE
EMERY // JULIEN PACAUD // FLORE // MASTO// la salle de
cinéma LA CLEF//
N° disponible dans toutes les bonnes boutiques qui
sentent le papier ou le disque vinyle et sur le site internet de Persona. Pour seulement 10 euros, vous
aurez 72 pages de lecture et le regard affuté.
Ma contribution pour ce n° se résume à deux interviews.
Les groupes Massicot (2 pages) et Palo Alto (4 pages) qui ont chacun
publiés en 2020 un magnifique album chroniqué sur le blog et sélectionné dans mon top 25 de l’année
2020.