Sous-titré "Anthologie de la contrefaçon au cinéma", le livre de Claude Gaillard propose un tour du monde des « pires » films du cinéma de quartier (et non pas de clapier) qui copient sans prendre les gans, les films et franchises à succès comme : Alien, James Bond, Rambo, Les Dents de la Mer, Batman, Emmanuelle, Les Aventuriers de l’Arche Perdu, Star Wars, Terminator, Rocky, E.T., RoboCop, Bruce Lee… Vous sauriez retrouver à travers les titres qui suive, quel film est copié, souvent salement ? : El E.T.E. Y El Oto, Blacula, Starcrash Le Choc des Etoiles, Alabama Jones, La Mort au Large, Opération Kid Brother, Bons Baisers de Hong-Kong avec Les Charlots, Rambu, Contaminator, Lady Terminator, Superargo, Supersonic Man, Batwoman, Bruce Li, Black Emanuelle.
A l’image du sujet, le texte de Claude Gaillard intègre dès la première phrase "Lorsqu'une idée est bonne, elle peut bien servir deux fois" l’humour -il en faut-, mais cela n’empêche pas d’avoir de nombreuses infos sérieuses sur ces films, dont certains sont réalisés en Turquie, aux Philippines, l’Inde, Bangladesh, Indonésie, Brésil, Espagne, évidemment l’Italie, la Mecque du cinéma de genre époque 60-80 avec en tête de gondole Bruno Mattei. Le point fort du livre, sont les illustrations (affiches, images d’exploitations, photos), très nombreuses et en couleurs flamboyantes. Parmi les faux, Claude Gaillard s’est penché sur les cas Antonio Cantafora et Paul L. Smith, sosies de Terence Hill et Bud Spencer pour les films Si ce n’est pas toi… c’est donc ton frère (Carambola en VO), Mon nom est Trinita, Deux Super cowboys. Pages 166-167 il y a le cas John Travolto (sosie de ?), page 82 l'acteur philippin Weng Weng qui a la particularité d'être le mini mini James Bond avec ses 80 cm, d'où le 007 1/2 et le cas Bruce Lee qui a eu droit d’être copié par Bruce Li et Bruce Le.
Après avoir écrit des
livres sur les Bad Requins (= la famille bis de Les Dents de la Mer),
Dans l’enfer de la Rambosploitation, Les Pires parodies X, Retour
vers les futurs (= no-nuke, le sous genre de Mad Max), Claude Gaillard serait-il devenu le
spécialiste français des films décalés et Z du 7ème art ? Films
dont l’emballage (choix du titre, affiches, actrices plantureuses) est souvent
plus sympa que les images sur la pellicule et par la suite sur la bande VHS,
car notre attention pour suivre l’histoire, l’intrigue (sic) est perturbée par le
jeu des acteurs souvent mauvais, par les raccords pitoyables et les
situations trop grotesques. Malgré tout, comme un pêché mignon, notre curiosité
nous porte à voir certains de ses films (ils ne sont pas tous mauvais) avec
plaisir, on pense à Blacula, Starcrash, La Mort au Large.
Nota: La préface est de James Cameroun, le réalisateur des films à succès que tous le monde connait: Alienz : le comeback, Titanik, Avatarte. Il fini sa préface avec ces mots: "Oeuvrer dans l'ombre avec les moyens du bord, tout en restant fidèle à ses principes et en délivrant un message subversif, paie toujours et permet même un jour de dépasser les plus grands !" A bons entendeurs ...
https://omakebooks.com/fr/livres-omake/439-c-est-presque-pareil--9782379890192.html
https://www.facebook.com/claudegaillardauteur
https://www.claudegaillard.com/
Je profite de la publication du livre C’est Presque Pareil ! pour sortir de mes archives, une interview que j’avais réalisé en 2011 de Régis Brochier, le créateur du site internet Nanarland. Une partie de l’interview a été publié dans le fanzine Abus Dangereux face 117, mars 2011 et l’intégrale sur le site foutraque.com. A noter que depuis l’interview, Nanarland a publié deux livres sur les mauvais films sympathiques, avec une belle maquette qui rend hommage à la K7 vidéo VHS.
Définition du mot « nanar » dans le
dictionnaire Larousse :
« Nom masculin Familier :
- Objet, marchandise invendable.
- Film inintéressant, médiocre ; navet. »
Créé il y a 10 ans, le site Internet Nanarland.com est devenu au fil des
années un incontournable pour tous les amateurs de films bis, décalés et
souvent drôles. Au lieu d’un long discourt, quelques exemples de titres qui en
disent long: Les Gladiateurs du Futur, Robot Holocaust, Atomic Cyborg, Comment
Se Faire Réformer, Mon Curé Chez les Nudistes.
Le site Nanarland.com est très complet: des extraits de films, des chroniques
détaillées, des interviews, bibliographies, un forum, le tout avec une
présentation très soigné. Le créateur du site Régis Brochier répond à
nos questions.
Présentez-nous les personnes qui font vivre le site.
Nanarland a été créé il y a bientôt dix ans. Nous étions alors une bande
de potes plutôt cinéphiles. Au fil des évolutions du site et grâce au forum de
celui -ci, nous avons été rejoints par d’autres fans de cinéma, des érudits de
la série B à Z. Nous sommes aujourd’hui une équipe d’une petite dizaine de
personnes, basé à Grenoble et Paris pour la plupart, et éparpillé dans le reste
de la France pour les autres.
Comment vous est venue l’idée de créer le site Nanarland ?
A la base, nous aimions louer des films tellement mauvais qu’ils nous faisaient
passer une bonne soirée. Nous avons cherché à l’époque un site francophone qui
aurait pu nous indiquer de « bons –mauvais films » à louer. Comme il n’existait
pas, nous avons créé Nanarland.
Combien de temps passez-vous/par
jour sur le site ?
C’est difficilement quantifiable. Certains collaborent ponctuellement, d’autres
s’en occupent quotidiennement. Nous développons aussi, petit à petit, des
activités liées au site mais qui ne sont pas spécifiquement de l’Internet :
organisation de soirées, réalisations de Web-émissions, de documentaires.
Prochainement certains d’entre nous vont se lancer dans l’édition de DVD
estampillés Nanarland). Donc Nanarland au sens le plus large nous
prend à tous beaucoup de temps. Mais le cœur de tout cela, ça reste le site.
Votre site ne vous rapporte pas d’argent, comment faites-vous pour le faire
tourner ? Votre métier alimentaire a une relation avec les films, le
cinéma ?
Indirectement, ou inconsciemment, nos métiers ont souvent un rapport avec le
site. Certains, dont moi, travaillent dans l’audiovisuel, d’autres sont
journalistes de presse écrite ou travaillent dans le web. Certains, par contre,
font des métiers qui n’ont rien à voir: profs ; chercheurs, commerciaux, et
même psychiatre (là ça a peut-être un rapport !).
Il est vrai que dans certains cas, le fait d’avoir un métier en corrélation
peut aider, mais globalement nous faisons tourner le site sur notre temps
libre. Ce n’est pas évident tous les jours, mais depuis 10 ans nous y arrivons.
Quels sont les critères pour qu’un film devienne un nanar et non pas un film
« respectable » ?
Le critère est très, très subjectif. Disons que plus le résultat à l’écran
n’est éloigné de l’intention manifeste du réalisateur, plus le film à des
chances d’être un nanar. Ça n’a pas un rapport direct avec le budget: un nanar
peut être friqué, un « petit budget » peut être génial. Ça n’a pas de rapport
non plus avec l’origine du film. Le critère c’est plus l’accident. On ne
provoque pas un nanar, on ne fait pas exprès. On le fait, malgré soi.
Donner nous en quelque ligne le
scénario pour réussir un « bon » nanar?
Il n’y a pas de règle scénaristique : le nanar transcende les genres : il y a
des nanars d’actions, des nanars « comédies romantiques », musicaux. Et je dirais
même qu’un bon nanar ne se réussit pas, puisque l’on parle de films « ratés ».
A votre avis, quelle est la (les) motivation(s) d’un réalisateur pour faire
un film fauché, où le scénario est sans queue (sauf dans le X) n’y tête et avec
des comédiens qui jouent comme des pieds?
Ca dépend des cas. Certains pensent vraiment faire le meilleur film du monde
envers et contre tout. D’autres font ça pour l’argent et « cachetonnent ».
Certains partent avec des projets utopiques et au fil de la création du film rencontrent
tellement de problèmes qu’ils finissent par faire leur long-métrage dans les
pires conditions imaginables. Encore une fois, il n’y a pas de règle.
Chapeau pour la description détaillé d’un film. Pas mal de ses films n’ont
jamais eu une chronique aussi longue. Dans quel état d’esprit et aussi
physique, faut-il être pour écrire sur ce genre de film ?
Il faut simplement aimer cela et surtout aimer le cinéma. Il est facile de
faire un long texte sur un film. Nous essayons de notre côté d’amener une plus
valu en décryptant le film. Par exemple, une chronique qui décrit le film
linéairement n’est pas intéressante pour nous. Nous essayons d’expliquer
pourquoi le film peut faire rire à ses dépens, de placer un contexte, et
d’analyser cela, tout en restant drôles.
Régis, vous êtes un grand collectionneur de films bis. Vous possédez combien
de films ? Quel a été de déclic qui vous a fait tomber dans cette passion pour
ce type de films ?
Je possède pas mal de films, mais si je me compare aux grands collectionneurs
de l’équipe, je n’ai qu’un échantillon de cinéma. Certains d’entre nous
possèdent en effet plusieurs milliers de films, dont une bonne partie en VHS.
Je vous laisse imaginer la place que cela peut occuper. Néanmoins, la
numérisation change un peu les choses. Même si les jaquettes sont belles, il
n’y a pas forcément trop d’attachement à l’objet VHS. Du moins pas autant que
ce qu’il peut y avoir pour le vinyle en musique par exemple. Certains ont donc
numérisé leur stock de VHS pour ensuite se débarrasser de l’objet.
Où trouvez-vous vos films ?
Pendant longtemps nous écumions les vides greniers et autres magasins
d’occasion. Depuis quelques temps, il est plus facile de commander des choses
sur le web, voire pour certains films introuvable de les télécharger (les films
turcs notamment). L’explosion du DVD et la réédition tout azimut de films en
tous genres a démocratisé l’accès à tout un pan du cinéma que l’on pensait
vouée à disparaître. On voit aujourd’hui des films incroyables, improbables réédités
en DVD. D’ailleurs nous nous lançons nous même dans la réédition de films avec
comme premier chef d’œuvre Devil Story, Il Etait Une Fois Le Diable, un
film fantastique Normand de 1985 considéré aujourd’hui comme l’un des pires
films d’horreur de tous les temps. Nous proposerons d’ailleurs une édition
ultra riche en bonus avec notamment un documentaire de 26 minutes sur la genèse
du film.
Est-ce que vous regardez « tous »
ces films en entier ? Si c’est non, à partir de quel moment vous décrochez ? Qu’est-ce
qui vous agasse/déplait dans un « mauvais » nanar?
Un mauvais nanar c’est au choix un navet, auquel cas effectivement je décroche
ou un bon film, auquel cas nous regardons. Sinon, quand c’est un nanar au sens
où nous l’entendons, nous le regardons évidemment en entier !
Parmi vos rencontres en tant que fan,
quelle est celui qui vous a le plus fait des frissons?
Notre rencontre avec Richard Harrison, un acteur américain qui a joué
dans plus de 120 films et qui est une véritable icône du cinéma Bis. Sa
carrière a mal fini, puisqu’il s’est retrouvé dans des films de ninjas ultras
nuls. Mais notre rencontre avec lui, trois jours durant à Rome (nous avions
fait le déplacement spécialement pour le voir, il était alors en vacances), fut
l’un des grands moments que nous a offert le site. Nous en avons tiré un
documentaire sur sa carrière (visible sur le site), dans lequel nous essayons
avant tout de lui rendre hommage, sans se voiler la face. Il nous a aidé à
réaliser qu’en dépit de films pas super (attention il a quand même tourné dans
quelques grands films !) les gens évoluant dans ce cinéma « parallèle » ont eu
des vies exceptionnelles, et ont vécu des aventures parfois hallucinantes tout
en faisant du cinéma envers et contre tout. Et ça, je trouve que c’est une
belle leçon finalement. C’est aussi pour cela que le but du site n’est pas de
tirer sur des ambulances, mas plutôt de parler de ce cinéma avec passion et
humour. On parle de films ratés ou mauvais mais on les aime pour de vrai !
Qui aimeriez-vous rencontrer avant votre mort ? Et pourquoi ?
J’aimerai multiplier les rencontres de ce genre, car c’est la somme de ces
témoignages qui dresse une autre Histoire du cinéma de plus passionnante !
Sur votre site vous avez classé les films par genre. Pour quel genre
avez-vous un petit faible, et pourquoi ?
Personnellement j’aime beaucoup les « nanars de doublages » les films foirés à
cause d’un doublage absolument nuls avec des dialogues complètement dingues. A
contrario j’ai vraiment du mal avec les comédies nanardes: des films sensément
comiques mais qui ne font tellement pas rire qu’ils en deviennent drôle malgré
eux. C’est dur !
Fréquentez-vous les soirées bis à la
cinémathèque de Paris ? Si oui un petit commentaire sur ses soirées ?
Habitant à Grenoble, je ne peux pas m’y rendre, mais j’ai de très bons retours
de ces soirées mythiques, évidemment. Elles sont organisées par Jean-François
Rauger, le directeur de programmation de la Cinémathèque qui est un grand
exégète et un véritable amoureux de ce cinéma. D’ailleurs, une fois par ans,
nous organisons avec la Cinémathèque française la Nuit Excentrique: une
nuit complète de nanars et de films déviants durant laquelle nous projetons 4
longs métrages en 35mm et des dizaines de bande-annonce et d’extraits de films.
La cinémathèque et Jean-François Rauger en profitent pour diffuser des
films qui ne passent quasiment jamais et vont piocher dans leurs archives
infinies de bande-annonce complètement folles. Nous de notre côté, nous
proposons des montages vidéo de ce que nous avons vu de pire et animons la
soirée. La programmation des films est faite de concert, entre nous et la
Cinémathèque.
Que pensez-vous du public amateur de films bis et de nanar ?
En général un super public amoureux de ce cinéma et du cinéma au sens large qui
sait regarder ces films sans se prendre au sérieux mais sans tomber dans la
beaufferie non plus. Du coup les soirées peuvent être vraiment géniales car on
rigole dans une très bonne ambiance.
D’ailleurs c’est quoi la différence entre le nanar, le bis et le Z ?
Le nanar n’est pas forcément bis, le bis c’est loin d’être forcément nanar et Z
c’est souvent assumé donc un peu à part.
Vous arrive-t-il de regarder un film « normal » ? Si oui, quel genre de film
? Et quel est votre regard sur un film de cinéma. Vous ne vous ennuyé pas ?
Le point commun dans l’équipe c’est que nous sommes tous cinéphiles. Nous
regardons donc beaucoup plus de bons films que de mauvais films. Sinon, comment
reconnaître un vrai mauvais film (et comment ne pas devenir fous ?!)? Mon
regard sur un film de cinéma est donc tout à fait identique à n’importe quel
fan de cet art. C’est plus notre regard sur les mauvais films qui est différent
!
Quel est la fréquentation/mois de
votre site ? A quelle occasion il y a eu un pic de fréquentation.
La fréquentation tourne entre 6000 et 8000 visiteurs uniques par jour. Il peut
y avoir des pics de fréquentation quand un média parle de nous ou plus
malheureusement quand une personnalité qui a sa biographie sur notre site
décède. En effet nous avons une base de biographies très complètes et
finalement très rares puisque les gens dont nous parlons, nous sommes peu à en
parler aussi exhaustivement (sans prétention, mais cela nous a même été
confirmé par les intéressés). Ainsi lors du décès de Patrick Topaloff,
nous avons eu un pic d’audience, car nous avions une biographie très complète
sur lui (j’en profite d’ailleurs pour souligner le vrai travail journalistique
des rédacteurs du site).
Pour les lecteurs qui sont passionnés
de rock, le(s) nanar(s) « rock » que vous leur conseiller?
Sans hésitation Black Roses un nanar de Hard Rock dans lequel les
musiciens de métal bien 80’s représentent le mal absolu et finissent par se
transformer en monstres. Tout simplement énorme. Sinon, le film de Kiss:
Kiss Contre Les Fantômes est un grand pan de la cinéphilie nanarde.
Enfin pour nos lecteurs, la recette pour réussir avec des amis (ou sa douce) une bonne soirée nanar ? On visionne quel film ?
Un truc pas trop hardcore qui puisse plaire à tout le monde. J’aime bien conseiller Star Crash un sous Star Wars italien avec David Hasselhoff. Il y a tout dans ce film, mais il reste « accessible », et la version française est juste parfaite !
Quelque chose à rajouter ?
Nanarland c’est avant tout une équipe, la somme du travail de passionnés qui aiment vraiment ce cinéma. Nous ne sommes pas les seules à en parler, et bien avant nous de nombreux fanzines ont traités le sujet. Je dirais même qu’ils avaient plus de mérite que nous car Internet a quand même grandement facilité notre travail : on trouve les films plus facilement, on échange plus facilement, on contact les gens plus facilement, on publie plus facilement. Les fanzines eux avaient du mérite car rien n’était simple!
www.nanarland.com/