Da Capo est un groupe qui s’est
formé en 1995, autour des frères Nicolas
et Alexandre Paugam. En
parallèle à Da Capo, Nicolas et Alexandre ont formé le combo de jazz manouche, Les Frères Paugam à Meustaches. Alexandre compose aussi pour le théâtre et la danse contemporaine.
En 2009, Nicolas publie son premier
album solo, qui prendra le pas sur Da
Capo, qu’il quitte en 2012 après la publication de l’album Out Of Spain. Le premier album de Da Capo titré Minor Swing, sort en 1997 sur le label indé de référence Lithium Records (Dominique A., Lucie
Vacarme, Diabologum, Mendelson, Perio, Françoiz Breut…). 26 ans plus tard,
voici The Light Will Shine On Me, 8ème
album studio de la formation, stabilisé autour de quatre musiciens, Hariz Greca (batterie), Cédric Sabatier (guitares), Sylvain Haon (saxophone) et Alexandre Paugam (chant, piano) qui écrit
les morceaux (musique et textes). Da
Capo compose une musique pop rock orchestrale, acoustique, flamboyante, raffinée,
habitée, dans l’héritage de Scott Walker, Nick Drake, Robert Wyatt et David Bowie.
Il y a ici de la grâce, de l’émotion, mais aussi des éclats d’électricité (Fresh remix en bonus de l’album). Tout
comme Olivier Rocabois, Da Capo donne vie à une certaine idée
de la pop, aux mélodies et orchestrations soignées, digne d’être enregistrées aux
célèbres studios Abbey Road. Le
morceau titre The Light Will Shine On Me est
le point central de l’album, avec la voix d’Alexandre Paugam, chargée d’émotion, de délicatesse à en pleurer.
Là, il touche l’intérieur de l’âme et du cœur, et confirme ses talents de
compositeur habité qui se met à nu. N’hésitez pas à entrer dans sa demeure étoilée.
On a
découvert April March (ex The Pussywillows, -trio féminin qui
faisait desreprises des Kinks, Ronettes-, ex Los Cincos, The Makers, The Shitbirds)grâce à Bertrand Burgalat, qui a publié à partir de 1996 ses albums sur
son label Tricatel. Bertrand Burgalat rencontre April March en 1995, suite à l’album Gainsboursion !, où notre
américaine de Brooklyn (NYC) reprend les chansons de Serge Gainsbourg, dont Laisse
tomber les filles qui lui colle comme un gant. Malgré qu’April March habite à New York, ce n’est
pas la Factory de Warhol, n’y le CBGB’s de la scène punk
et no-wave qui la fascine, mais le yé-yé et la chanson française. La première
collaboration entre Bertrand Burgalat
et April March donnera lieu à l’album
Chrominance Decoder et brisera le mur
de leur timidité respective. Bref, leur complicité artistique va se poursuivre
sur plusieurs années. En 2008, April March réalise un magnifique album avec Steve Haft (1), en 2013 un album avec
le groupe Aquaserge, en 2021, l’album
Cinerama sortie en vinyle pour le Record Store Day, et un single avec Olivia Jean avec la reprise Palladium interprété en 1966 par Liz
Brady. Ce single est publié sur Third
Mind Records, label de Jack White (2).
En 2023, les
collaborations continues pour April
March. Son nouvel album est réalisé avec le duo Staplin. April March
avait chanté sur le morceau Celluloïd
extrait de l’album Neon Shade de Staplin (3). Au sein de Staplin, il y a Arno Van Colen du groupe Steeple
Remove et Norman Langolff, fils
du producteur Franck Langolff (1948-2006).
Il a notamment produit de nombreux disques de Vanessa Paradis, dont le tube Joe
le Taxi (1987) écrit par lui. April
March meets Staplin, a été composé et produit à trois, à Rouen, fief de
Staplin et ville situé en Normandie, région où se trouve Le Mont Saint-Michel, monument
religieux qui la faisait rêver toute petite, car sur le mur de la cuisine, il y
avait une affiche représentant le Mont Saint-Michel). A noter que le mix a
été réalisé par John McEntire
(Tortoise, Gastr Del Sol, King Kong, Red Krayola, The Sea and Cake), et en
guest à la batterie, la présence de Larry
Mullins qui a un joli CV. L’album contient 12 merveilleux morceaux chics,
où la voix d’April March rayonne sur
les arrangements de soie d’Arno et Norman. Dès le puissant Ton Rayon Vert, on sent qu’on est en
bonne compagnie, à la maison. Alfie
Solomon’s Hush nous entraine dans des sonorités à la Jean-Claude Vannier, Serge Gainsbourg auquel, on ne peut résister d’aimer
jusqu’à la nuit tombé. Les Fleurs Invisibles est un délice shunshine pop, porté
par la voix de poupée (attention pas de cire !) d’April March. Tous les fans du label Tricatel vont fondre à l’écoute de ce morceau. Polomino
Rich Man a un côté Thee Headcoates-Holly Golightly-Damaged Good, totalement irrésistible. Quant à Ombres, on est dans l’Air qui donne des ailes. La face B, s’ouvre avec Lay Down Snow White, très chanteuse sixties à la Phil Spector. Oui, April March a trouvé
la perle rare en Normandie avec les musiciens Arno Van Colen et Norman
Langolff, ici en pleine forme pour concevoir des mélodies, arrangements
hautes couture pour April March. En
prime, le vinyle est imprimé à Detroit au Third
Man Pressing de Jack White.
Quand on connait son amour pour le son du vinyle, on frôle ici la perfection, d’un LP enregistré et pressé dans les années 60’s. Oui, cet album, n’est que du Bonheur!
Meule est un trio Tourangeaux qui s’est
formé en 2019. Meule à la
particularité d’avoir deux batteurs, Borris
Biayenda et Léo Kappes. Valentin Pedler est à la guitare et aux
machines, aux synthés Modulaires. Après un premier EP sorti en 2021, voici Beau Red, leur 2ème EP, mais
vu sa durée (tout comme le 1er) de 25 minutes, on peut dire un
album. Meule compose une musique
psyché électro krautrock, dub acid, où la transe, la perte de contrôle est
centrale. No Couchettes Part 1 et Part 2 ouvre la piste de danse avec son
beat, rythme implacable, qui nous scotche direct sur le sol. On pense à Orbital, Plaid sur le Part 1 et à NEU !, Can sur le Part 2. Le 3ème
morceau, Vacuum porté par la voix
rock de Valentin Pedler fricote avec
les astres du psyché rock 70. Vacuum
est comme une transition, coincée entre deux morceaux fleuve, car l’EP fini
avec Beau Red Part 1 et Part 2. Le Part
1 est une intro musicale électro ambient, dans l’esprit du label Warp. Le Part 2 hausse le volume, le rythme, pour finir en brulot noise rock.
Le dessin de la pochette recto verso, est réalisé par Lorengrin Papadato. Il illustre le propos de morceau Beau Red, un « conte de la fin des
hommes, où des géants finissent de dévorer ce que l’humanité aura laissé
derrière elle ». Cette métaphore illustre bien l’appétit des « puissants »
qui n’ont jamais assez, ce qui causera à moyen terme (soyons pessimiste) la fin
de l’espèce humaine (en espérant qu’il n’y aura pas 2 égarés -un homme, une
femme- sur une autre planète, pour y mettre sa semence destructrice), qui a
pour défaut (merci à Dieu) d’avoir un cerveau pour réfléchir et calculer. Mais
en attendant de se faire dévorer, écouter Meule
en première classe avec ou sans couchettes, mais avec un petit -beau- rouge, ou
blanc de Touraine, au menu du soir !
Nota : Beau Red est disponible en CD, en
numérique. La version vinyle sortira le 23 juin 2023.
Meule est
actuellement en tournée. Dates sur le flyer ci-dessous :