Aujourd’hui, pas de chronique d’une nouveauté. Non,
j’ai extrait de ma collection de vinyles, le 5ème album du groupe
anglais Eyeless In Gaza, titré Rust Red September. Formé en 1980, Eyeless In Gaza (titre du roman Eyeless In Gaza -La Paix des profondeurs en VF- d’AldousHuxley) est un
duo avec Martyn Bates (voix,
instruments, ex Reluctant Stereotypes)
et Pete Becker (instruments). A
noter qu’à cette époque, Martyn
travaille dans un hôpital, et Pete
dans un laboratoire. Après quatre magnifiques albums qui mélangent post punk,
expérimental indus, cold, new wave, en 1983, Eyeless In Gaza rajoute de la pop classieuse sur Rust Red September, qui marque un
tournant dans leur style musical. Certes le son synth wave des années 80 est
toujours là, mais avec plus de mélodies, d’arrangements et surtout la voix de Martyn Bates est magnifique et unique,
même si par moment on pense un peu à la voix Curt Smith de Tears For
Fears età Andy McCluskey d’Orchestral
Manœuvres in the Dark. Le timbre vocal de Martyn Bartes à une classe folle, encore plus belle quand on l’a réécoute
en 2023. On sent qu’il a du plaisir à chanter, sa voix est profonde et
cristalline.
Pour la première fois, les textes sont 100% en anglais
et non pas dans une langue imagé mélangé à de l’anglais où la sonorité des mots
est importante. D’ailleurs les textes des chansons sont reproduite sur le verso
de la pochette du disque 33 tours. New
Risen sorti le 27 mai 1983, est le seul single de l’album, mais il ne
laissera pas de trace dans les charts anglais. Pourtant sa mélodie indie pop à
la Prebab Sprout, Orange Juice a beaucoup de charme. En
1983, Martyn et Pete sont heureux, ne brassent pas du noir. Ils ont quittés leur
travail « alimentaire » pour s’investir à 100% dans leur musique.
Cette joie transparait tout au long de l’album, qui ne contient que des
morceaux pop et solaires. Ils ont mis de côté le style arty avec une touche
expérimental ambient. Les 11 morceaux de Rust
Red September sont des splendeurs intemporelles de la pop anglaise des
années 80. Tout comme Japan, Felt, The Sound, The Smiths, The Monochrome Set, les
compos de Eyeless In Gaza ont marqués de leur
empreinte, une certaine idée de la pop "so british", qu’on ne se lassera pas d’écouter
au fil de notre passage sur terre.
L’éditeur The Ecstasy Of Films tenu à bout de bras par Christophe Cosyns, vient de publier en combo Blu-ray DVD + livret
de 40 pages, le premier film en tant que réalisateur de Jonathan Demme (1944-2017), 5
Femmes à abattre (Caged Heat en
VO) sorti sur les écrans américains en 1974, mais seulement en 1985 pour la
France. Le futur réalisateur de Dangereuse
sous tous rapports (1986 avec Melanie
Griffith), Le Silence des agneaux
(1991 avec Jodie Foster et Anthony Hopkins), Philadelphia (1993 avec Tom
Hanks), de l’épisode Meurtre à la
carte de la série culte Columbo
(1978), du documentaire-concert Stop
Making Sense (1984) du groupe Talking Heads, des clips vidéo The Perfect Kiss de New Order (1985), Away
des Feelies (1988) réalise avec 5 femmes à abattre un film d’exploitation bien Bis, qui fait partie
du sous genre WIP, -Woman In Prison-. Produit par la firme de Roger Corman, qui a justement produit The Big Doll House de Jack Hill (1971 avec ici pour son
premier grand rôle, la belle Pam Grier),
Femmes en cage de Gerardo
de Leon (1971) et The Big Bird Cage
de Jack Hill (1972 avec de nouveau Pam Grier), trois films majeurs dans le
genre WIP. Au début des années 70 Jonathan
Demme rencontre à Londres Roger
Corman qui tourne Le Baron Rouge en
Irlande. Corman va monter sa société de production New World Pictures et recherche un attacher de presse, boulot que
connait Jonathan Demme pour l’avoir
pratiqué. Mais au final il va écrire le scénario du premier film de la firme, Angels die Hard, film de biker, genre
que connais bien Corman pour avoir réalisé The
Wild Angels en 1966. Comme le
résultat à satisfait Roger Corman, il demande à Jonathan Demme d’écrire le scénario de The Hot Box, film d’aventure
tropicale filmé aux Philippine par Joe
Viola, complice de Demme pour
réaliser des spots de pub. Roger Corman,
apprécie le travail de Demme, il lui
propose de réaliser un premier film, dans le sous genre d’exploitation "Femmes
en cage", style qui plait au jeune public des driving, notamment pour son lot de
sexe et de violence.
Bon, le sous genre WIP fait pas mal
dans le racolage. Voir des femmes en prison, permet de montrer des scènes de
domination, soumission, des scènes de douche pour voir les filles
toute nu, si possible se crêpez le chignon sous le regard de gardiens homme pas
très fino, d’avoir quelques passages lesbienne non consenti et des scènes de
viol. 5 Femmes à abattre coche les
scènes de douche, qui sont très nombreuse, quelques bagarres entre femmes, la
gardienne perverse frustrée tenue ici par une actrice de légende, la mystérieuse Barbara Steele (Le Masque du démon, Huit et
demi, Danse macabre, Frissons, Piranhas). Par contre le fait qu’elle soit en fauteuil roulant,
limite ses sévices. Dommage.
L’histoire tient sur un ticket
de métro (qui va bientôt disparaitre pour le tout numérique). Jacqueline Wilson (Erica Cavin vu dans Vixen !
et La Vallée des plaisirs de Russ
Meyer) vient de se faire attraper par la police lors d’un casse. Elle va purger
sa peine dans un pénitencier pour femmes. Après quelque déboires, elle va se lier
d’amitié avec Belle Tyson (Roberta Collins) et Maggie (Juanita Brown). Ensuite le but est de s’évader.
On est ici dans du 100% cinéma bis.
La mise en scène est hachée, pas de véritable moment fort. Le but est juste de
montrer ce que le public désire, soit des filles dévêtues qui se battent
entre-elles, quelques scènes scabreuses, notamment avec un médecin vicieux. La
présence de Barbara Steele ne rehausse
pas le niveau. Elle est juste là pour mettre un nom attirant sur l’affiche. D’ailleurs
l’affiche est trompeuse. La photo et le texte "rape, riot & revange" ne
reflètent pas le film. Aussi, l’évasion est trop facile et les gardiens tirent
comme des chasseurs neuneu. La petite
singularité du film, la B.O. est composée par John Cale (ex The Velvet
Underground), qui nous délivre ici une musique digne d’un film de Redneck
façon Délivrance, ou une comédie 70
avec Burt Reynolds.
De l’édition VHS sorti en France chez
René Château, on passe directement au
combo Blu-ray DVD chez The Ecstasy of
Films. L’édition 2023 présente le film en DTS-HD en version intégrale. En
bonus la version VHS française censurée. Après le visionnage en HD, c’est
amusant de regarder quelque passages en version VHS. Il est clair que du point
de vue qualité son et image, c’est le jour et la nuit. En bonus, un livret de
40 pages écrit par Marc Toullec. Il
retrace les années de la collaboration entre Jonathan Demme et Roger
Corman. Enfin pour les fétichistes, la jaquette du combo est réversible. Au
final, ce "nanard" est présenté dans une belle édition qui
permet de (re)découvrir ce film dans de bonne condition. Limité à 1000 exemplaires,
pour l’amateur du cinéma Bis, 5 Femmes à
abattre trouvera sa place dans la vidéothèque.