The
John-Pauls est un quatuor texan qui vient d’Austin. Comme pour le nom des membres des
Ramones (Joey, Dee Dee,
Johnny…Ramones), les 4 membres du groupe ont dans leur nom John-Pauls
(Mikila -chant, synthé-,
Phillip -guitare, chant-, Elizabeth -batterie, backing voix-, Mark -guitare-... John-Pauls). Petite fantaisie qui
n’est pas pour nous déplaire ! En 2017, leur premier album Forget To Remember To Forget, enveloppé dans une belle
pochette psyché/pop, nous avais fortement emballés, du moins si on est amateur
de noisy pop rock indé. Leur coté posé sous l’urgence des larsens "ligne clair"
donne à leurs compos une certaine classe. Leur style nous renvoie au son des
années 90’s (Pavement, Sonic Youth, Yo La Tengo, Galaxie 500, Luna, The Clean), avec
une fraicheur insolente qui fait plaisir à entendre. On pense aussi à The
Feelies, Television, Young Marble Giants, TV Personnalities, The Modern Lovers, The Dream Syndicate, Wire,
Monochrome Set et Josef K.
Leur nouvel album titré Bon Mots (dans une pochette qui fait
penser à celui du 1er album du groupe hardcore Adolescents sorti en 1981), poursuit l’amour pour l’indie rock
artisanal. Le point fort du groupe, est le duo vocal féminin/masculin qui est
juste beau, efficace et mit en valeur par le son des instruments percutants et vifs,
avec ses riffs de guitares clairs et sec et la rythmique bien en place. A la
fois épurés, aiguisés et tranchants, oui les riffs et les mélodies de leurs chansons
vont à l’essentiel, sans perdre une miette. Avec un rythme lo-fi, avec par instant une impression
"son en mono", un chant parfois timide et approximatif, le rock sans colorant et aux
influences bien digérées de The John-Pauls, fait vraiment plaisir à
écouter, tant l’instrumentation et le timbre des voix sont parfaites. La voix
de Milika, proche de Mo Tucker (The Velvet Underground) est
irrésistible. La voix de Phillip proche de Tom Verlaine (Television) est une madeleine de Proust. Aucune faiblesse dans les 10 morceaux de Bon Mots, avec le top pour No
Names qui finit avec un solo à la Television, auquel il est impossible d’y
résister. A noter que dans le premier album, il y a un morceau titré Françoise Sagan et ici le morceau titre
de l’album est Bon Mots. On peut
juger que The John-Pauls aime la
langue française et nous ont les aimes !
Nota :Bon Mots n’est pas en écoute sur
Bandcamp. Pour l’instant il n’y a pas de clip n’y de lien YouTube. Par contre
sur le site du label Aagoo Records il
y a le morceau didn’t ?? en
écoute. Sur le bandcamp de The John-Pauls,
le précédent album Forget To remember To
Forget est en écoute : https://thejohn-pauls.bandcamp.com/releases
Cela fait des années que je fabule sur le film Femina Ridens. Les
photos glanées ici et là, montrent des visuels pop art d’intérieur design d’une
maison/appartement et une réplique d'une sculpture monumentale très colorée de Hon
de Niki de Saint Phalle (1930-2002)
et Jean Tingely (1925-1991), représentant
une femme allongée avec les jambes écartés. L’entrée de la sculpture pour le
personnage principal du film, se fait par le vagin qui se referme avec une
porte dentelée (= angoisse de la castration pour l’homme), ce qui donne une
image assez étonnante (1). Enfin, la B.O. signée Stelvio Cipriani (1937-2018), sortie en CD et en vinyle est un must musical,
quand on est amateur d’easy listening, de jazz cheasy, de psyché pop sixties
groove et de library music. Dans la B.O. la voix sensuelle est d’Edda Dell’Orso, souvent présente dans
les B.O. sixties d’Ennio Morricone. Autant
dire qu’au mois de juillet dernier, en apprenant que le tout jeune éditeur Frenezy
allait publier ce film italien -jusqu’ici inédit en DVD en France-, en DVD
et en Blu-ray, mon palpite n’a fait qu’un tour !
Nous voici début novembre, le film vient de sortir, je me suis empressé
de l’acheter et de le regarder. Première impression, ce film n’est pas ce que
j’attendais. Je pensais me retrouver face à un giallo, et il n’en est rien ou
presque. Femina Ridens n’entre dans aucune catégorie, sauf celui du
cinéma de genre en mélangeant thriller psychologique, tournée ici vers le SM,
soumission/domination et l’objetarty
avant-gardiste et pop.
L’histoire est un huit clôt qui raconte la domination homme/femme,
femme/homme avec toute la perversité et complexité que cela peut entrainer,
notamment la mort. Le titre français du film est Le Duo de la Mort. Mais
comme ce film ne ressemble à nul autre (ou éventuellement à La dixième
victime d’Elio Petri et La
Prisonnière d’Henri Georges Clouzot),
les décors, vêtements et musique pop donnent une tonalité plus "légère"
au duel érotique et SM entre le docteur Sayer (Philippe Leroy) et la journaliste Mary (Dagmar Lassander) qui fait des recherches sur la stérilisation masculine pour écrire un article. Le visuel pop optical
art (décor et lumière) se mélange au jeu pervers et dangereux de la domination
et de la soumission qui fricote avec la mort. Dans les bonus il y a une
interview de l'actrice allemande Dagmar Lassander. Elle
résume bien le sujet du film: "Un homme à des relations difficiles avec les
femmes, il n’accède au plaisir sexuelle qu’en torturant les femmes. Il prend
comme exemple le scorpion, dont la femelle dévore le mâle avec l’accouplement."
L’acteur français Philippe Leroy a le
corps tout adapté pour son rôle de mâle dominant (mais impuissant), face au
corps fragile (en apparence) et bien féminin de l’actrice Dagmar Lassander (vue chez Fulci, Bava -père et fils-, Freda, De Martino, Sordi, Sollima, Corbuccu). Pour suivre la série
de scènes entre séduction et torture, le jeu des deux acteurs est exemplaire.
Tout comme la mise en scène très photographique et pop art.
Le film a été tourné en 1969 par le réalisateur Piero Schivazappa. 1969, année érotique, est bien ancrée dans les
images stylées de Femina Ridens. C’est la force du film qui lui donne un
visuel bien ancré dans son époque post 1968. Piero Schivazappa, passionné d’art contemporain, de peinture, du
design, va rendre hommage aux artistes à travers les décors du film. Les artistes
référencés sont Lucio Fontana, Victor Vasarely, Allen Jones, Giuseppe
Capogrossi, Per Olof Ultvedt, Claude Joubert, le mouvement Flexus
et bien sûr Niki De Saint Phalle et Jean Tinguely. Dans le générique de
fin, il y a un panneau avec les noms des artistes qu’il remercie. Dans les
bonus du Blu-ray et DVD, il y a une interview de Pauline Mari, spécialiste de l’art cinétique, de l’op art.
Piero Schivazappa n’a réalisé que huit films pour le cinéma. Dans les bonus du Blu-ray
ou DVD, on apprend avec Jean-François Rauger
(de la Cinémathèque de Paris) qu’après Femina Ridens, Piero Schivazappa allais faire un film
avec Alain Delon, séduit par son
nouveau scénario. Mais finalement ce projet ne se fera pas. Peut-être que le
félin Delon ne voulais pas se
soumettre aux exigences du réalisateur italien.
Comme pour les deux précédentes publications (2), l’éditeur Frenezy
a fait un magnifique travail éditorial. Les versions DVD et Blu-ray contiennent
deux disques. Le premier avec pour la première fois la version intégrale
italienne restaurée en HD. A ce jour, à cause d’une manipulation technique, le
son italien était sur quelques passages détériorés, il n’y avait plus de son.
La restauration a fait des miracles ! Le premier disque contient 1h30 de
bonus très passionnants, le deuxième disque contient la version courte du film
en VF et 40 minutes de bonus. Le tout avec une jaquette réversible. C’est
clair, cette version HD de Frenezy est un must !
(1): La sculpture titré Hon (mot suédois qui veut dire "elle") est la
première Nana de Niki de Saint
Phalle. Elle a été réalisée en 1966 avec Jean Tinguely et Per Olof
Ultvedt pour le Moderna Musset de Stockholm. Elle a été exposée pendant 3
mois à partir du 3 juin 1966. Ensuite elle a été détruite en trois jours. Hon
montre une gigantesque Nana de 27 mètres de long, 9 mètres de large, 6
mètres de haut (soit 3 étages) et pèse 6 tonnes. La Nana est couchée sur
le dos, jambes écartées, genoux relevés, ouvrant son vagin comme une entrée au
public. Sur la durée des 3 mois, il y a eu 100.000 visiteurs. Niki dira de sa monumentale Nana
qu’"elle est la plus grande putain du monde, qu’elle est une mante religieuse,
une dévoratrice". Une fois à l’intérieure de la Nana, le public visite une
galerie avec des faux tableaux, entre dans une salle de cinéma. Dans le sein
droit il y a un planétarium, dans le sein gauche il y a un bar.
En été 1966, Piero Schivazappa
est à Stockholmpour réaliser un
documentaire pour la RAI. Il va en profiter pour visiter le Moderna Musset.
Quand il voit Hon, c’est le coup de cœur. Ce sera l’élément de départ
pour écrire le scénario de son film Femina Ridens. En 1969, son équipe
de décoration va construire avec l’accord de Niki de Saint Phalle, une Nana identique. Ce sera un des éléments
clé du film. Dans les bonus du Blu-Ray et DVD, il y a une interview de la
critique d’art Catherine Francblin qui
revient sur le parcours de Niki de Saint
Phalle et plus particulièrement sur Hon et Femina Ridens avec
l’oeuvre en gros plan dans le générique du film et le passage du rêve du docteur Sayer
quand il entre dans le vagin de Hon.