Attention, coup de cœur pour ce deuxième album solo de Maud Geffray. Son titre Ad Astra est inspiré d’une citation en latin qui dit: "Vers les étoiles à travers les difficultés". Il est clair qu’à l’écoute des 12 morceaux de l’album, les difficultés sont plus facile à gérer, tant la présence et la musique de Maud Geffray sont d’une force émotionnelle qui nous font avancer, sans peur et avec détermination. Ses mélodies nous enveloppent instantanément, sa voix souvent mélancolique, est d’un réconfort et ses rythmes électro arrivent toujours au bon moment pour nous entrainer dans le tourbillon de la vie, d’une danse qu’on espère ne jamais s’arrêter. La musique de Maud Geffray est organique et solaire. On l’entend respirer, avec le cœur qui peut battre très fort, mais aussi se mettre en sommeil. Le track list d’Ad Astra permet de passer d’un état à un autre. C’est comme le déroulement d’une journée qui sera belle et enrichissante. On laisse les soucis, les tracas de coter, on se laisse porter par le tempo de la musique. Cet album nous accompagne à n’importe quel strate de notre humeur, situation de la journée, de la soirée, de la nuit.
Pour une interview à paraitre dans le fanzine Persona (1), Maud nous en dit plus sur le track list de l’album : "Ad Astra raconte toutes les strates de l’âme. Mais avec toujours un fond de mélancolie, de ça j’ai du mal à me défaire. Le premier track de l’album All Around Me est vraiment une invitation douce, un éveil, un matin en quelque sorte, on pénètre dans l’univers, ensuite on navigue entre pas mal d’émotions, toujours avec ce fond mélancolique, puis le dernier track, Dark Paradise, nous ramène seule, dans la chambre, la nuit. Ce track est extrêmement nocturne, baigné dans la darkness et la mélancolie. Fallin’ pourrait contenir toute une palette d’émotions, c’est un morceau qui démarre dans une infinie tristesse. Quand j’ai composé ce track, je venais d’apprendre une terrible nouvelle et j’arrivais à peine à chanter, je chuchotais, j’avais la gorge nouée et j’ai finalement conservé cette première prise, la plus juste. Les mots et mélodies me sont venus sans chercher, je savais ou j’allais, tout de suite. Et puis, au milieu du track, le chagrin éclate en quelque sorte, un élan vital, et puis les choses s’apaisent, le track se termine en douceur."
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Photo @ Alexia Cayre
Pour se (re)charger les batteries, être prêt à affronter le monde, il suffit d’écouter le morceau Don’t Need. Son beat électro, proche de l’eurodance donne de l’énergie positive, l’envie de partir, de s’envoler, de nager, de flâner en levant les bras vers le ciel, oui ce morceau procure des ondes positives. A peine le temps de redescendre sur terre, que le morceau Skin apparait avec son rythme qui nous rappelle un morceau qu’on a découvert ado, et nous as jamais quitté, c’est Love Will Tear Apart de Joy Division (1980). Entrer dans notre subconscient, ce rythme peut ainsi surgir quatre, trois, deux décennies plus tard en invité surprise. Maud, étant une personne solaire, pas étonnant qu’elle est invitée des amis à venir faire un coucou. Autour du verre de l’amitié, il y a Rebeka Warrior, Kouldlam et Krampf (également à la production), pour que le beat soit encore plus démentiel. En 2019, Maud en compagnie de la harpiste Lavinia Meijer, publiait Still Life, un album "tribute" à Philip Glass, dont l’œuvre Einstein On The Beach (1976) est un sommet du genre "musique minimaliste". Sur le morceau Fallin’, on trouve l’empreinte de Philip Glass sur les notes de piano joué par Gael Rakotondrabe. Ce morceau est d’une beauté redoutable, à faire pleurer les étoiles… de mer. Avec ce titre au piano, on imagine bien un jour Maud composer un album avec un piano et sa voix. Ce serait juste magique ! On entre direct dans son intimité d'artiste. Sur Blue Heroin, un battement qui évoque Massive Attack, nous fait triper de bonheur. Bref, au risque de me répéter, Ad Astra est un must. Maud Geffrey fait partie des personnalités françaises qui apporte beaucoup au genre électro, l’album Ad Astra l’installe sur le haut du podium. Il est clair que ce disque est majeure et restera un marqueur, tout comme Man Machine de Kraftwerk (1978) ou First Album de Miss Kittin & The Hacker (2001). Et ce n'est pas de l'emballement de part du chroniqueur en herbe, juste un constat.
Petit nota: Sur le CD il y a en bonus deux remix. Le Jacidorex remix du morceau Break, que je trouve sans intérêt à cause du "boum boum" binaire et le u.r.trax remix du morceau Royal Bellies, plutôt sympathique.
Photo @ Alexia Cayre
Maud Geffray sera en concert au Périph’, 2 rue de la Clôture, Paris 19ème, Parc de la Villette, le 17 juin 2022. A l’affiche il y a également Kelly Lee Owens, UNIIQU3, Mélanin, A.G. Cook et Coucou Chloé
(1): J’ai réalisé une interview de Maud Geffray pour le fanzine Persona n°20 à paraitre en juillet/août 2022.
Interview de Maud Geffray au moment de la sortie du premier album Polaar (2017) ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2022/02/maud-geffray-presente-le-single-break.html
https://maudgeffray.bandcamp.com/album/ad-astra
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