mardi 7 juin 2022

THE DREAM SYNDICATE "Ultraviolet Battle Hymns And True Confessions" (Fire Records) – 10 juin 2022


Formé en 1981, le groupe de Los Angeles The Dream Syndicate à deux carrières bien distincte. La première de 1981 à 1989 avec la publication d’albums essentiels et marqueurs dans une certaine idée du son « rock indé américain » avec les magnifiques albums The Day Of Wine And Roses (1982), Medicine Show (1984) et Out Of The Grey (1986). En 1990, le leader Steve Wynn entame une carrière solo, ponctuée longs formats honnêtes. En 2017, Steve Wynn a la bonne idée de remettre en selle The Dream Syndicate avec en prime un album de retrouvaille, juste fabuleux, voir encore meilleur que les albums publiés dans les années 80. Ce disque, enveloppé dans une pochette sobre a pour titre How Did I Find Muself Here ?. Nouvel album et nouvelle tournée qui montre le groupe soudé et plus en forme que jamais. Les amateurs bercés par le Velvet Underground/Lou Reed qui ont donnée naissance à Television, R.E.M. , The Replacements, Luna, Mazzy Star, Galexico sont aux anges, tant la musique de The Dream Syndicate est une réussite sonore. Tout est parfait : voix, mélodies, instrumentation, production. On aurait pu croire que ce retour réussi aurait été un coup d’épée dans l’eau, chaque musicien repartant dans ses occupations. Et bien non, au contraire, depuis leur reformation en 2017, The Dream Syndicate n’arrête pas de nous surprendre avec des nouveaux albums inspirés, jusqu’aux visuels des pochettes et des clips. Ainsi après How We Found Ourselves… Everywhere ! (2018), These Times (2019), The Universe Inside (2020), voici Ultraviolet Battle Hymns And True Confessions

Première surprise, la présence de Chris Cacavas aux claviers. Ce musicien a fait partie du groupe Green On Red, dont les premiers albums sortis au début des années 80 sont fortement recommandé. Autre invité de marque, c’est la présence de Stephen McCarthy de The Long Ryders. L’ultraviolet s’annonce bien, avec en ouverture le morceau Where I’ll Stand porté par la voix de Steve Wynn, stylée David Bowie sur des arrangements psyché pop cristalline école Luna/Dean Wareham. Le morceau suivant Damian est du type ballade pop en mode road movie pour illustrer les images d’un film de Wim Wenders. Là, on pence à Ry Cooder, tant pour la voix que pour le son de la guitare. Au fil des titres, on sent que The Dream Syndicate a décidé de ne pas se lancer dans des fresques à tiroirs sous trip, présentes sur The Universe Inside (1). Ici, le style est plus posé, plus "classic rock", tout un gardant un lien avec l’héritage du Velvet Underground et plus particulièrement avec Lou Reed en solo, sans oublier David Bowie qui apparait ici et là, comme sur le magnifique morceau Every Time You Come Around, qui a tous les ingrédients d’un bon single calibré pour la radio FM.  Malgré le visuel de la pochette arty stylé sixties, ici pas d’élan psychédélique perché, mais plus de pop, de mélancolie. On est sur le même chemin que Dean Wareham, dans l’art de construire des morceaux teintés d’americana et d’indie pop. Au final, ce nouvel opus permet de retrouver The Dream Syndicate en bonne santé, toujours bien inspiré, mais sans aller vers des chemins de traverses. On reste en famille. Le confort, ce n’est pas déplaisant, surtout dans notre époque trouble et incertaine du monde fragile où tout peut basculer d’un jour à l’autre.


The Dream Syndicate sera de passage en Europe à partir de la rentrée 2022, avec un concert au Petit Bain à Paris le 19 octobre 2022.

(1): Chronique de l’album The Universe Inside ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/06/the-dream-syndicate-universe-inside.html

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ZEN MOTHER "Millenial Garbage Preach" (Weyrd Son Records) – 6 mai 2022

Zen Mother est un duo new-yorkais de Brooklyn (Monika Khot et Adam Wolcott Smith) qui s’est formé en 2017. Millenial Garbage Preach est leur 3ème album, avec l’arrivé de Sheridan Riley à la batterie. Ce nouvel album est produit par leur ami Randall Dunn qui peut faire des miracles, que cela soit pour la musique doom de Sunn O))) que pour la musique folk dreampop de Marissa Nadler. Avec Zen Mother, on garde une touche de dreampop, qu’on mélange avec de la dark wave, du shoegaze et de l’électro pop. La voix éthérée et cold de Monika Khot est portée par les nappes brumeuses de la guitare en fusion d’Adam Wolcott Smith. Pas mal d’atmosphère sur les sept morceaux de l’album pour une durée de 39 minutes. 

Le duo est jeune, aime jouer avec le macabre (voir la pochette de l’album et les visuels sur leur page Facebook), aime le sang bien rouge stylé Francis Bacon (malgré que le premier titre soit Henri Matisse) qu’on voit partout, jusqu’à la rondelle du disque. Comme le rouge est une couleur qui correspond à leur art, en 2019, Zen Mother a publié une cassette rouge avec une musique expérimentale indus, inspirée du film La Montagne sacrée réalisé en 1973 par Alejandro Jodorowsky. Par contre en 2022, le côté expérimentale est mis en veille, pour une musique, serte dark, mais également solaire et pop. Car des notes mélodiques et cristallines arrivent à percer l’écran brumeux pour se rapprocher de la piste de danse avec un rythme électro pop sur le morceau Vengeance. The Phamacy confirme le coter plus accessible du duo, par rapport aux précédents disques. Si vous êtes client de groupes tels que DIIV, Tamaryn (du début), KVB, Tempers, Zola Jesus, il y a de forte chance que vous soyez en bonne compagnie avec Zen Mother, en fait, pas si zen que ça.

https://zenmother.bandcamp.com/album/millennial-garbage-preach

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