lundi 24 janvier 2022

FOGGY BOTTOM "Dans Cet Endroit" (Twenty Something Records) – 28 janvier 2022


Foggy Bottom fait partie d’un des quartiers les plus anciens de la ville Washington D.C. C’est aussi le nom qu’a choisi en 1997 un trio rock de Thionville. On imagine que ce choix est en référence au label noise HC Dischord Records de Washington D.C. qui était entre les années 80 et 90 très productif et essentiel dans la zone indé, avec en peloton de tête Fugazi et The Nation Of Ulysses. D’autant qu’au sein du trio il y a David Valli, ex guitariste du groupe bruyant David Jones Looker et Sophie Valli, ex manageuse de David Jones Looker qui en connait aussi un rayon coté noise qui décape. Mais après l’aventure DJL qui s’est achevé en 1993 et un passage en solo pour David sous le nom de Pore avec une musique métal indus sous speed plombé, la musique noise sous le nom de Foggy Bottom va être moins "white of noise" et plus dream pop, pour se frotter aux guitares cristallines, aux voix aériennes et aux mélodies shoegazing qui sifflent avec style, comme si My Bloody Valentine et Slowdive jouaient avec The Chameleons. Le temps de publier un split single avec Paneeni et un album, le trio se sépare en 2004.


Pendant 13 ans, les trois membres vont jouer dans divers groupes de rock : The Macciones, The Automatists, Pulssar. En 2017, David (chant, guitare) et Sophie (basse) remettent sur pied avec un nouveau batteur (Christophe Vilarino) le groupe Foggy Bottom. Un nouvel album titré Une Histoire à l’Envers édité sur le label d’Angers, Twenty Something (LANE, Les Soucoupes Violentes, Vanilla Blue, Burning Heads) et nous voici en ce début d’année 2022, avec le 3ème album titré Dans Cet Endroit tout de bleue vêtu. L’album est produit par Camille Belin (également batteur dans Daria, LANE, Do Not Machine), contient 10 morceaux avec des textes écrits exclusivement en français et retranscrites dans le livret du disque. Ce qui n’est pas rien, car le genre shoegaze, noisy/dream/power/pop est plus accoutumé à l’anglais qu’au français. Le choix est judicieux, car la voix de David Valli possède cette mélodie latine et mélancolique qui se marie bien avec les riffs cotonneux de la guitare. Dans le style noisy pop, le groupe espagnol Melenas chante aussi dans sa langue et c’est un atout pour se donner une couleur sonore personnelle à ses compos. Pour donner une impression d’espace, d’apesanteur, Mathieu Dantec est venu compléter le trio avec ses synthétiseurs qui apportent une touche new wave en noir et blanc. L’ensemble donne un album au son stimulant, comme le RDV d’une première rencontre amoureuse, agréable à écouter et a fredonner. C’est clair, on est ici bien loin de la noise radicale de David Jones Looker et du métal indus de Pore, ça c’était il y a 30 ans. Mais un peu de douceur sonique, sans évidemment tomber dans le Bisounours, dans notre époque chamboulé par l’extrême droite non complexé qui monopolise les médiats, cela fait un bien fou. Bref, n’hésiter pas à entrer dans la maison bleu de Foggy Bottom, vous serez bien accueilli, même si vous êtes mouillé, car vous avez oublié votre parapluie (Sous la Pluie). Chez eux vous aurez le temps de vous sécher !

Foggy Bottom sera en concerts à partir du 11 février 2022 :

11/02/22 : Paris à La Dame de Canton avec Les Soucoupes Violentes 

05/03 : Marly avec Avalanche
26/03 : Boismont au  Rock'n bike avec Avalanche
18/03 : Nancy  au Royal  avec Les Soucoupes Violentes
19/03 : Thionville au Barrel's avec Les Soucoupes Violentes
06/ 05 : Orléans au  Croque Bedaine avec Avalanche
07/05/22 : Reims au Dropkick avec Avalanche

https://nineteensomething.bandcamp.com/album/dans-cet-endroit

https://www.facebook.com/lesfoggybottom/



samedi 22 janvier 2022

HERMAN DUNE "Santa Cruz Gold" (BB* Island) – 14 janvier 2022


Depuis son départ en 2015 pour San Pedro en Californie, l’ex parisien David-Ivar Herman Düne est le seul membre original du groupe Herman Dune. Formé en 1997 avec les deux frères David-Ivar et André Herman Düne, puis en 2001 l’arrivé de "Cosmic" Néman à la batterie, Herman Düne est devenue rapidement une référence mondiale dans la musique indie folk rock, notamment grâce à la validation de John Peel, qui les a invité à plusieurs reprises à ces BBC Peel Sessions. En 2013, "Cosmic" Néman quitte le groupe pour se consacrer pleinement à son deuxième groupe qui devient de plus en plus important, Zombie Zombie. A noter que Zombie Zombie va publier en mars prochain sur Born Bad Records son 6ème album studio (+ deux B.O. de film) titré Vae Vobis.


Avant son envol pour les États-Unis, je croisais de temps à autre David-Ivar dans le 20ème arrondissement côté secteur de La Maroquinerie (une des meilleures salles de concert de Paris). A l’écoute de Santa Cruz Gold, il est clair que le son americana des States est plus dans ses gènes (= la source avec Johnny Cash et Bob Dylan), que la musique française d’Édith Piaf et Maurice Chevalier, deux figures du 20ème populaire de Paris.  

Santa Cruz Gold a été composé en 2018 dans une période où David-Ivar n’a plus de label, qu’il a arrêté de tourner, sauf pour quelques concerts à San Pedro, Long Beach et la région de Los Angeles. Sans pression, il compose seul dans son home-studio des morceaux en jouant de tous les instruments (guitares, basse, batterie, harmonica). Il fait écouter ses créations à l’ex Silver Jews David Berman (1967-2019) qui l’encourage à les enregistrer. David Berman lui dit que se sont ses meilleurs chansons, ainsi il va lui donner un petit coup de main sur l’orientation/la couleur musicale de l’album. Avec de nombreux invités, Mayon pour les voix et Spencer Cullum’s, -qui a publié en 2021 le magnifique album Spencer Cullum’s Coin Collection- à la pedale steel guitar, on y rajoute des voix (Jolie Holland, Dani Fine et Jordan Wainer), du violon (Jolie Holland), du saxophone (Jon Natchez de War On Drugs) et on entre instantanément dans une ambiance boisée, folk, avec des accents country et une touche de sunshine pop. La voix de David-Ivar est magnifique. A la fois posée et rayonnante, on sent qu’il est heureux, qu’il a du plaisir à interpréter ses nouvelles chansons en bonne compagnie. Il y a une certaine décontraction (l’effet pedale steel guitar), qui traverse tout l’album. On sent une proximité qui nous installe dans un certain confort d’écoute. C’est clair, composer un album sans la pression d’un label, sans la pression du tourneur qui désire que le groupe traverse divers continents pour le bien de la petite entreprise, permet à l’artiste, au groupe de prendre son temps pour trouver de nouvelles inspirations. Ce qui est le cas sur Santa Cruz Gold. A noter que la pochette est un auto portrait réalisé par Yaya, le côté peintre, graphiste de David-Ivar qui a plusieurs cordes à sa gratte sèche.

Santa Cruz Gold a donc été composé en 2018 et devait sortir le 2 décembre 2018 pour la fête juive Hanoucca, mais n'a finalement été publié qu’en MP3 en auto production. Ainsi il a fallu attendre janvier 2022 pour une publication en vinyle et en CD sur le label allemand BB*Island. A noter qu’en CD, il y a une version limité avec en bonus le CD Gold Nuggets qui contient 13 morceaux inédits échappés des sessions de l’album.

https://bbisland.bandcamp.com/album/santa-cruz-gold?from=hp