dimanche 12 décembre 2021

JOAN JETT FAN CLUB "Tribute" (Scum Yr Earth) – 11 décembre 2021


Tribute du trio Joan Jett Fan Club est la première sortie en CD du label parisien Scum Yr Earth, habitué à ce jour à publier des K7 de musique déviante et de traviole. Ce sont les boss du label, Joseph Ghosn (journaliste aux Inrocks, Vanity Fair, livre sur Sun Ra et La Monte Young édités chez Le Mot et le Reste), Michel Wisniewski (de Supermalprodelica) et Romain Perrot du groupe VOMIR et boss du label Decimation Sociale -dont la philosophie est : « No Act / No Play / No Point / No Result / No Strategy / No Compromise / No Social Lubricant »- qui sont derrière ce projet au nom de groupe qui sonne comme une boutade de souvenir de jeunesse, avec ce tube I Love Rock’n’Roll qui résonne encore dans la tête. « Lors de notre première session d’enregistrement, Romain nous a raconté que quand il était jeune, il était inscrit au fan club de Joan Jett, d’où le nom. » (Michel Wisniewski). 

Après deux K7 autoproduites, voici avec Tribute, le 3ème album de Joan Jett Fan Club. Ce nouvel album est un hommage à la poésie et aux paroles de la muse de Joseph et Romain, la belle Lana Del Mey. Elle a publiée en 2020, Violet Bent Backwards Over The Grass (Polydor/Interscope Records) un album live de poésie. Le résultat versus Joan Jett Fan Club donne 9 morceaux qui ne sont pas des reprises, mais des idées en forme de spoken word dans l’esprit de Laurie Anderson et des travaux avec Philip Glass pour Einstein On The Beach avec la danseuse Lucinda Childs. Côté musique, on pense aussi à Coil, Nurse With Wound, Tangerine Dream et Marc Hurtado. Soit des collages « ambient » sonores, qui gardent une ligne mélodique avec des pointes de bruitiste, de musique concrète et contemporaine. C’est à la fois hypnotisant et reposant, comme une séance de méditation situé dans une pièce sombre, où l’on serait perturbé par des bruits extérieurs qui frappent aux vitres de la fenêtre. Les compos ont été faites à distance, chacun chez soi. Mais cela ne s’entent pas, tant il y a une symbiose entre les trois musiciens. On a l’impression qu’ils sont là, justes à côté de nous à jouer leurs notes captivantes qui forme des gammes flottantes. La musique ferait une bonne B.O. pour un film muet des années 20. Vous l’avez compris, ici pas de  solo de guitare de Joan Jett, mais une musique organique, soutenu par des voix posés en forme de spectres. Tentez l’expérience ! Pour clore cette chronique, la pochette recto verso, intérieure et l’insert ont été réalisée par Andy Bolus aka Evil Moisture.


https://scumyrearth.bandcamp.com/album/tribute?from=hp&action=buy


MAXWELL FARRINGTON "Maxwell Farrington" (Beast Records/Crème Brulée Records/La Nef D Fous/L’Autre Distribution) – 10 décembre 2021


Au printemps dernier Maxwell Farrington, en compagnie du SuperHomard ont réalisé avec Once (1), on des albums de l’année 2021.  Il est clair que cet album d’une élégance absolue sera dans le peloton de tête dans de nombreux TOP du cru 2021. Et voilà, que juste avant d’achever l’année, Maxwell Farrington revient avec un nouvel album, pour le coup en solo, mais avec une pléiade de musiciens sur 8 titres, laissant 3 titres en mode solo. Vu sa voix de crooner, de personne distingué qu’on imagine vivre dans le beau monde (en réalité il travaille dans un petit resto à Binic en Bretagne), on est fin prêt à savourer ses 11 nouvelles chansons. Mais, voilà, un « intrus » est venu faire ses gammes dans de nombreux morceaux, c’est le saxophone. Je n’ai rien particulièrement contre cet instrument. Dans le funk, le jazz et parfois le rock, comme avec James Chance, le pape de la no-wave et du funk blanc ou chez Tuxedomoon avec Steven Brown, cet instrument fait des merveilles, même parfois chez Supertramp avec John Helliwell, mais ici c’est plus dure, car on est dans la tendance 80’s Billy Joël au piano bar avec accompagnement. Heureusement ses passages sirupeux très présents sur Je Préférerais, en final de Zam ne sont pas sur tous les morceaux. Ainsi Weather permet de retrouver la douceur pop et lunaire de Maxwell, dont même le saxophone ne gâchera pas notre plaisir d’écoute. Il est clair que les arrangements de cet album en solo, n’ont pas le même rayonnement que ceux réalisés par Le Superhomard et sa touche B.O.F, sunshine pop et easy listening école Lee Hazlewood. Mais tout n’est pas perdu. Il y a Back @ Ma’s et son tempo folk americana qui  est une petite perle roots et l’amusant J’aime les Filles (à ne pas confondre avec J’aime regarder les Filles de Patrick Coutin). Il y a enfin la petite Madeleine de Proust qui vient semer son grain de sel, c’est le morceau Shadow. Son rythme électro dansant à l’ambiance club estivale vient secouer le style crooner de Maxwell Farrington. Comme un cheveu dans la soupe, ce morceau donne du piment à l’album, et à lui seul, rends cet essai en solo intéressant. Bref un album en demi-teinte (du moins pour ceux qui ont un souci avec le son du saxophone) avec d’excellents morceaux, et d’autres plus discutable, du moins certains passages, pas le morceau en entiers. Il est clair qu'il n'a pas voulu faire un Once 2 ou suite, et que son "voyage en solitaire" (sans le SuperHomard et sans Dewaere -qui prépare un second album pour 2022-) sera différent de notre attente. Quoi qu’il en soit, le mieux est d’écouter l’album et se faire sa propre idée.

Photo @ Titouan Massé

(1): Chronique de l’album Once ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/05/maxwell-farrington-le-superhomard-once.html


https://maxwellfarrington.bandcamp.com/album/maxwell-farrington

https://www.facebook.com/maxwellfarringtonmusic/