The Guru Guru (avec un The pour ne pas
confondre avec le groupe allemand de krautrock Guru Guru) est un groupe
belge qui compose une musique totalement borderline. C’est surement le
tempérament belge qui leur fourni cette force pour mélanger au gré des morceaux,
les styles noise HC, math rock, progressive music, indie rock, indus. Oui,
leur musique est 100% élastique ! Tels des sales gosses, mais malgré tout
suffisamment appliqués pour accoucher sans douleur et avec la banane, des
morceaux qui font tilt aux oreilles et aux jambes, la joyeuse équipe de The
Guru Guru a réuni ici des compos électriques qui font des étincelles (le
port de lunette est conseillé pour protéger ses yeux !). Quelque part
entre Faith No More, Butthole Surfers, METZ, Pere Ubu, The Jesus Lizard,
Helmet, Marvin, les chemins
de traverses de ce groupe sont semés de riffs et de rages communicatives. Après
deux solides albums, voici un double EP (seulement en version vinyle) avec
quatre nouveaux morceaux évidemment perchés et quatre live enregistrés au WAO à
Anvers avec des morceaux extraient du deuxième album Point Fingers. Pour donner encore plus de folies aux nouvelles compos
pas du tout installé dans « la zone de confort », le bassiste Brent Mijnendonckx a enregistré des sons
de machines de l’usine dans laquelle il travaille. Bref, si la noise c’est
votre dada, The Guru Guru est le bon cheval !
Le 2ème
album du quatuor hollandais de Rotterdam Lewsberg
est sorti en mars 2020, mais je suis passé à côté. C’est grâce à leur passage (en
formation trio) au Garage Mu Festival à La
Station Gare des Mines le 9 juillet à Paris (avec aussi à l’affiche les
espagnoles Melenas - de Pampelune -,
les parisiennes Mary Bell et les rouennais
Unschooling), que je découvre leur
nouvelle sortie qui date d’un an. Revêtu d’une pochette sobre toute en noir qui
évoque la pochette White Light White
Heart du Velvet Underground, la
référence qui vient immédiatement à l’oreille à l’écoute de la musique de Lewsberg. D’autant qu’en concert le
chanteur guitariste Arie Van Vliet
joue aussi du violon comme John Cale,
et son chant/parlé est dans le registre de Lou
Reed. Mais qu’importe, depuis le split du Velvet, il y a eu un nombre conséquent de groupes de talents qui
ont pris le flambeau (Television, The Modern Lovers, Young Marble Giants, Violent
Femme, The Dream Syndicate, Opal/Mazzy Star, The Jesus &
Mary Chain, Beat Happening, Yo La Tengo, Slint, Dean & Britta)
et c’est clair, Lewsberg fait partie
(avec dernièrement Dry Cleaning) de
cette belle liste de groupes qu’on prend plaisir à écouter au fil du temps. On
connait ce son sec, minimal, répétitif, entêtant par cœur, mais quand c’est
bien fait, impossible d’y résister. La force du groupe est de faire une musique
épurée jusqu’à l’os, tout en gardant la mélodie et l’émotion. Fragile, tendue
et intense avec cette rythmique/riff lo-fi assassine, la musique de Lewsberg va directement à l’essentiel,
sans aucun superflue. La musique est composée par le guitariste Michiel Klein et les textes
sont écrits par Arie. N’oublions pas
le batteur Dico Kruijsse et la
bassiste Shalita Dietrich qui chante
plus en concert que sur l’album. Espérons que par la suite sa voix sera plus
présente sur les albums, car elle apporte une belle couleur aux compos. Bref, In The House en compagnie de Lewsberg, sa ne se refuse pas !
Lewsberg à La Station Gare des Mines - 9 juillet 2021 @
ph. Paskal Larsen
C’est toujours un
peu casse gueule de sortir un album live. Dans les années 70, ce type d’album
était courant, notamment quand il s’agissait de clore un contrat avec un label,
une major qui stipulais que le groupe ou le/la chanteur/chanteuse devait
fournir cinq albums, alors s’il y avait une panne d’inspiration pour composer
de nouvelles chansons, ou qu'il ou elle voulait allez voir ailleurs si l’herbe était
plus verte, le groupe, l'artiste fournissait une compilation ou un live. Aujourd’hui époque 2020,
les temps ont changés avec l’écoute de musique dématérialisée, à la limite
c’est quoi un album ?. De plus sur Internet, notamment sur YouTube, il y a
à foison des live, des archives à gogo bref, en 2021 c’est quoi au juste un
album live édité en CD et en vinyle ? Pour avoir un réel intérêt, il est
recommandé que le choix du concert soit judicieux, avec évidemment un bon son
et surtout des inédits ou une interprétation des morceaux différentes des
versions studio.
On peut dire que
ce Live In Stuttgart 1975 de Can contient tous ces éléments, avec en
prime le coté fétichiste de l’objet vinyle en le faisant en triple rondelles
orange. Certes pour la qualité acoustique du son, le vinyle noir c’est mieux,
mais la couleur orange s’est tellement plus pop ! Précisons que ce Live In Stuttgart 1975 est le premier
volume d’une série de concerts retrouvés et remasterisés qui devraient sortir
dans le commerce petit à petit sur le label Spoon
(titre d’un morceau de Can qui
figure sur l’album Ege Bamyasi
-1972-), une branche de Mute.
En 1975, Can publie l’album Landed. On ne trouve aucuns morceaux de ce nouvel album sur ce
live. Le groupe avait la particularité de ne pas faire une setlist avant de
monter sur scène. Selon l’ambiance avec le public, l’acoustique de la salle,
les morceaux jaillissaient d’une fusion, une télépathie entre les musiciens
pour donner petit à petit corps aux morceaux. Parfois quelques notes d’un morceau
gravé sur un album apparaissaient dans l’euphorie du titre improvisé en live. La
force de Can est d’introduire le
groove, la transe (la musique africaine est une de leur influence) dans leur
musique à tiroirs, ainsi leur jam session accueille immédiatement le public
pour partager en musique ces moments de communion. C’est le cas de ce live de 1975
qui contient cinq instrumentaux inédits. A noter que pour la version du vinyle,
les 36 minutes de Drei sont réparties
sur trois faces. Ce live est entièrement instrumental, car depuis Future Day sortie en 1973, le chanteur
japonais Kenji Damo Suzuki a quitté
le groupe et c’est Irmin Schmidt qui
a repris le poste de chanteur. Sur cet enregistrement de 1975, il est aux
synthétiseurs avec la formation historique du groupe soit Holder Czukay aux guitares, Holger
Czukay à la basse et Jaki Liebezeit à
la batterie. Les cinq compos créé lors de ce concert, sont dans l’esprit plus
proche du jazz cosmique de Miles Davis époque Bitches Brew que du "format" Krautrock, du moins pour
la musique, car pour l’effet d’adrénaline sous trip grâce à la rythmique "motorik", on a la came nécessaire pour les oreilles.
Voyage mental dans le cosmos garanti sans risque d’effets secondaires non
désirés. Mieux que des mots, place à l’action. Lâcher prise, installez-vous
confortablement, écouter ce live en laissant la musique vous parler et vous
transporter vers du positif. Le négatif, viendra si vous avez le malheur d’allumer
la télé et de tomber sur une chaine d’info en continu.