Parmi les albums qui sont publié lors du Disquaire Day, il y a à foison des rééditions d’albums artistes devenue des classiques du rock (Iggy Pop, David Bowie, The Doors, Elton John, The Rolling Stones, …). Entre une version vinyle en couleur, version avec des inédits, mais en fait pas toujours inédits, des live, parfois limite audible, il faut faire le tri. Pour l’édition 2021, j’avais repéré le double album du concert de Tangerine Dream à la Cathédrale de Reims le 13 décembre 1974. Cet enregistrement diffusé à l’époque sur France Inter et la BBC, n’avait pas eu à ce jour d’édition officiel. Cette erreur est réparée avec cette édition de luxe, qui contient deux vinyles 33t en Picture Disc qui reprend les visuels des vitraux de la cathédrale et un livret de 16 pages richement illustré qui revient sur ce concert évènement. L’album est édité à 3000 exemplaires.
En février 1974, Tangerine Dream a publié son 5ème album studio titré Phaedra. C’est leur premier long format à être édité par le jeune label Virgin Records qui vient de cartonner avec Tubular Bells de Mike Oldfield, dont le thème au piano a été repris dans la B.O. du film L’Exorciste de William Friedkin. Ainsi ce concert a plusieurs attraits : faire découvrir ce groupe allemand au public français, faire un banc d’essais pour le jeune PDG de Virgin, Richard Branson qui a fait le déplacement en avion privé, et surtout faire un concert de pop music dans un lieu du culte telle une cathédrale.
Le concert est organisé par l’assos Music Action Reims. Coté relation avec l’église pour organiser le concert, j’ai lu deux sources. D’un côté les organisateurs n’avait pas indiqué aux abbés Philipponat et Gourreau qu’il s’agissait d’un concert de rock et de l’autre côté il est écrit que les responsables de la cathédrale ont autorisé ce concert en toute connaissance de cause, après avoir écouté la musique de Tangerine Dream et de Nico, qui faisait la première partie. A noter que Nico venait tout juste de publier l’album mortifère The End produit par John Cale. Des prêtres ont d’ailleurs rappelé qu’au Moyen-Age, l’église était un lieu de rencontre, même pour les affaires.
Edgard Froese @ Virgin Records promo
En 1974 Tangerine Dream est un trio avec Edgar Froese (1944-2015), Peter Baumann et Chris Franke. A l’inverse d’un groupe comme Kraftwerk qui a publié en 1974 son tube Autobahn, Tangerine Dream n’a pas encore de tube à son actif, du moins en France, par contre ils ont un large public, près a faire des kilomètres pour les voir sur scène, ainsi la cathédrale va accueillir entre 5 et 6000 spectateurs.
Chris Franke @ Virgin Records promo
Le concert est répartie en quatre plages : Reims Set One-Part One, Reims Set One-Part Two, Reims Set Two-Part One, Reims Set two-Part two. La musique est cosmique, ambient avec une touche ethnique. On plane sévère à l’écoute de ses magnifiques instrumentaux qui élève notre esprit vers l’espace et les cieux. Pas étonnant qu’il y ait un brouillard de fumé de tabac mais surtout de cannabis dans cet espace religieux dédié à la méditation. A l’écoute de cet enregistrement, on aurait bien aimé être présent dans ce lieu du culte pour écouter ses papes de la musique électronique, synthétique et cosmique jouer sur leurs synthétiseurs qui pèsent une tonne, avec tout plein de fils, de câblages, digne d’un laboratoire pour un film de SF 70’s. Si le groupe a fait son taf avec talent, par contre une partie du public n’a pas respecté le lieu. Lors du nettoyage, on a trouvé des déchets liés à la consommation de produits stupéfiants et de l’urine dans les bénitiers. Inutile de préciser que ce non-respect du lieu à mi une croix (sans jeu de mot) sur la possibilité de faire d’autres grands concerts dans des églises et cathédrales. Depuis qu’il est interdit de fumer dans les lieux clôt, le verrou s’est desserré, par exemple pour le festival Sonic Protest à l’Église Sainte-Merry et l’Église de Saint Eustache à Paris qui ouvre ses portes aux artistes pour la fête de la musique. Amen.
http://www.briseg.com/nico-tangerine-dream-cathedrale-de-reims-1974/
