Le label Camisole
réédite l’unique EP d’Andy Ded,
sortie initialement en 1986 sur le label français Contorsion, orienté musique cold/new wave avec Baroque Bordello, The
Bonaparte’s, Les Provisoires, Opera de Nuit, Movement et quelques stars comme Fool’s Dance dont un des membres est Simon Gallup (bassiste des Cure)
et un maxi de Laurent Sinclair (Taxi Girl). Soit un catalogue plus que
respectable. Malgré tout, l’EP 3 titres d’Andy
Ded passe inaperçu, espérons que la réédition de Camisole Records va réhabiliter ce disque, car la musique d’Andy Ded est resté à ce jour très moderne.
Je n’ai aucune info sur cet artiste, juste qu’il est
anglais et qu’il vivait à Paris au milieu des années 80. Sur l’EP, il joue de
la basse, du synthé, boite à rythme. Andy
Ded est accompagné du guitariste Pat
Diaw, du batteur Michael Rushton
et de la chanteuse Mali Mango. Soit
au total la formation d’un groupe. Andy
Ded compose une musique qui mélange avec style, indus, new/minimal wave, une touche de dub.
Quelques parts entre Cabaret Voltaire,
Ptôse, Ruth, The Normal et les
compilationsLes Jeunes Gens Modernes,
la musique marquée 80 d’Andy Ded
frappe juste. La voix de Mali Mango
sur le morceau Can Swim a beaucoup de
classe. C’est tellement nickel comme son, que le format EP est juste frustrant,
on aimerait s’en mettre plus entre les oreilles. D’ailleurs Camisole a rajouté un mix réalisé par Toulouse Low Trax Rework du titre Summer Nightmares And Lazy Dogs. Sur ce
mix 2021, l’apport de la voix de Laura
Lippie dans le style parlé de Laurie
Anderson, le tout sur un nouveau texte de Gwen Jamois donne une couleur sympathique au morceau. Allez hop, on
danse, danse, danse… sur la piste de la discotek !
MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique
n°15
Je ne vais pas faire le malin, le meilleur album de Suicide est et restera à jamais leur
premier album S/T sorti en 1977. A l’intérieur de ce disque fondateur, novateur
il n'y a que des classiques, Ghost Rider,
Rocket U.S.A., Cheree, Frankie Teardrop,
Che. Qu’est-ce que je peux dire de
plus sur cet album culte ? Des journalistes célèbres à ceux restés
dans l’ombre des fanzines édité à 50 exemplaires, tous ont suffisamment décortiqué sur
cet album culte qui a et continu d’inspirer des jeunes mélomanes de tous style musical.
En fait j’ai une tendresse toute particulière pour A Way Of Life, le 3ème album
du duo. Déjà je l’ai acheté à sa sortie, en 1988. C’est d’ailleurs mon premier
disque au format CD. Je me rappel très bien de ma surprise à l’écoute du son.
Le gain digital sonne nettement plus métallique que celle analogique au contact du diamant
sur les sillons du vinyle. Il n’y apas
de craquements, pour le son calé au même volume, celui du CD est plus fort
que celui du vinyle. Bref, je ne suis pas déçu de découvrir le son du CD.
Autre souvenir lier à cet album, c’est le passage de Suicide au Virgin Mégastore de Paris, le 12 avril 1989. C’était pour la réalisation
d’une œuvre plastique par Alan Vega
(c’est écris sur le flyer), mais, honte à moi, je n’ai aucun souvenir de cette
œuvre, l’a-t-il réellement faite ? et pour une séance de dédicace, le
motif de mon déplacement, j’avais apporté avec moi le CD. Idem, cinq jours plus
tard, il y avait un concert de Suicide
au Palace. Je ne sais plus pourquoi
je ne suis pas allez, surement à cause de mon budget de mon statut de smicard,
du moins à cette époque. Par contre je suis allé au concert de Complot Bronswick/Norma Loy le 12 avril à l’Elysée
Montmartre, Slab !/The Grief
le 17 avril au ciné Le Berry et le 19
avril Mudhoney (avec BB Doc en 1ère
partie !) au Gibus. Le prix
d’entrée de ces concerts était plus dans mon budget.
Nous sommes en 1988, la forme reste inchangé depuis la
sortie du précédent album de Suicide,
sortie en 1980, soit Alan Vega au
chant, Martin Rev aux instruments
synthétiques, électroniques et Ric Ocasek
à la production. Avant cet album je n’avais pas percuté que Ric Ocasek avait produit le 2ème
album et les albums solo d’Alan Vega à
partir du magnifique Saturn Strip
(1983). Pourtant Ric Ocasek est un
artiste que j’aime depuis 1979, notamment son groupe The Cars que j’ai découverts chez un ami. Son frère avait les deux
premiers albums du groupe. En 1982, je me suis acheté Beatitude, le premier album solo de Rick Ocasek, mais j’avais une préférence pour les Cars qui venait de sortir l’album
limite FM Shake It Up. Bref, me
rendre compte que deux univers musicaux aussi éloignés que Suicide, The Cars puissent
avoir un point commun nommé Ric Ocasek
est une surprise pour moi.
La forme reste inchangé, mais pas le son. Ici les
nappes sont plus métalliques, plus électro. Je ne sais pas si la version vinyle
a ce même rendu, mais en CD, la matière a un côté synthétique dans l’esprit d’Orchestral Manœuvres in the Dark période
Organisation, avec par instant une
touche dark, -surement un reste de la collaboration d’Alan Vega pour Andrew
Eldritch (TheSisters Of Mercy) sur l’album Gift (1986) de The Sisterhood-, tout en restant unique grâce à la voix de vaudou d’Alan Vega branché sur les néons d’une
discothèque. Ce mix me fait un peut penser à l’album Dark Continent de Wall Of
Voodoo. Soit le bon alliage du rock, du blues avec les machines.
A Way Of Life contient de nombreuses perles. Wild In Blue annonce la couleur bleu
nuit, pour danser, draguer, boire, fumer jusqu’au petit matin. Le tempo glacial
et entêtant des machines de Martin Rev,
porté par la voix nocturne d’Alan Vega est
magnifique. Ce morceau composé en 1987, en avance sur son temps est annonciateur
de ce que sera une partie de la techno de l’an 2000. The Hacker a dut avoir ce titre en tête, quand il écrit des tubes avec
Miss Kittin. Ensuite, encore du
lourd, avec la merveilleuse et mélancolique ballade Surrender (1)qui donne
le blues. Ce morceau est un tube en puissance, du même calibre que Golden Brown des Stranglers. La réinterprétation du tube Jukebox Baby (1980), devenue Jukebox
Baby 96 est aussi une bonne surprise. Ici le tempo est accéléré, plus
électro. Une excellente version qui prend son effet sur la piste de danse. A
noté que ce morceau tout en rythme est placé juste après la ballade Surrender. On reste dans le rythme avec
l’obsèdent Rain Of Ruin qui colle à
la peau, comme le latex. Ce morceau électrisant, « monotronik »,
possède une force érotique qui fait plaisir à entendre. C’est clair, à 50 et 41
ans Alan Vega et Martin Rev sont des jeunes gens
modernes ! Sufferin ‘ In Vain
est plus minimal, dans l’atmosphère d’une bande son d’un film de John Carpenter. Ça ressemble plus aux
travaux en solo des deux compères new yorkais. Dans le titre Dominic Christ, il y a le nom du Christ,
qu’on trouve dans l’œuvre plastique d’Alan
Vega, avec ses croix lumineuses. Ce morceau a un côté chamanique, avec Alan Vega totalement en trance sur une
musique minimale et répétitive. Love So
Lovely est le morceau le plus faible de l’album, du moins pour Suicide, car
dans l’absolu, ce morceau reste sympa à écouter. Deavastation et Heat Beat
achèvent la machine « monotronik » qui tourne dans notre tête, avec le
souffle humide d’Alan et les sons enivrants
de la machine Martin. La grande classe !
Bref, on parle toujours du premier album de Suicide,
mais n’oublions pas le troisième album qui possède son lot de morceaux
intemporels. Oui, Alan Vega et Martin Rev sont des DIEU.
(1) Le label Sacred
Bones Records vient d’exhumer des morceaux d’Alan Vega, restés dans les tiroirs avant qu'il ne parte dans un autre
monde. Dans cet album titré Mutator
(un bon titre pour résumer l’espace culturel actuel considéré comme « non
essentiel »), il y a le morceau Samurai
qui ressemble beaucoup à Surrender pour
son atmosphère mélancolique, porté au souvenir, comme un au revoir en attendant
un monde meilleur, qui s’achève avec un « goodbye » d’Alan. Ce morceau est magnifique. Par contre
l’album est inégal, certains morceaux sont comme une ébauche, un extrait. Par
contre la photo portrait de la pochette est magnifique.