jeudi 18 février 2021

ROWLAND S. HOWARD "Pop Crimes" (Infectious Records) – 16 octobre 2009


 

MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°11

Quelle pochette ! La photo de la jaquette nous montre le visage, le regard « paumé », «malade» et « marqué de longues nuits blanches pas sages » de Rowland S. Howard. Un visage de rockeur fatigué qui nous rappelle celui de Blixa Bargeld (Einsturzende Neubauten) ou Frank Tovey (Fad Gadget). Oui cette photo fait froid dans le dos, sachant que deux mois après la sortie du disque, Rowland S. Howard a quittés le monde des mortels. Il est mort le 30 décembre 2009, suite à un cancer du foie, à l'âge de 50 ans. 


Pop Crimes, son album posthume s’écoutera donc avec une attention toute particulière.
Pour mémoire, Rowland S.Howard à fait partie des groupes “cultes” The Boys Next Door et The Birthday Party, puis de Crime & The City Solution et These Immortal Souls. Il a collaboré entre autre avec Lydia Lunch, Jeffrey Lee Pierce, Thurston Moore, Henry Rollins, Barry Adamson, sans oublier le passage live des Crime dans le film poétique de Wim Wenders Les Ailes du Désir. Une belle carrière pour ce guitariste au jeu trouble et à la voix hantée.
Pop Crimes est son deuxième album solo (le précédent Teenage Snuff Film datait de 1999). Sur ce disque on trouve 8 titres, dont 2 reprises : Life’s What You Make It de Talk Talk dans une étonnante version plus sombre que le single original et Nothin de Townes Van Zandt. Comme invités on trouve son vieux et éternel complice Mick Harvey (ils sont ensemble depuis l’époque farouche de The Boys Next Door) et Jonnine Standish du groupe HTRK, qui chante sur le magnifique titre (I Know) A Girl Called Jonny en ouverture de l’album. Le style musical de Rowland S. Howard reste inchangé : du blues gothique à l’atmosphère nocturne. Mais sur cet album posthume, cette couleur funéraire et cabaret rock prend une autre dimension. Comment ne pas regretter la perte d'un artiste au talent si singulier et sincère ? La voix de Rowland S. Howard est grave, trainante, ténébreuse et parsemée de mélancolie très sombre. Sa guitare à la fois cristalline, énervé et répétitive comme une machine industrielle donne un tempo limite religieux, tout en gardant intact la rage, l’énergie du punk (notamment sur la reprise du titre de Talk Talk). Derrière, la basse sombre et tendu de J.P. Shilo, la batterie discrète et délicate de Mick Harvey proche du batteur de jazz et des sons de synthétiseur ambiance cabaret tragique. Au final un excellent album cinématographique à l’atmosphère enivrante, parfois pesante mais toujours excitante. Rowland S. Howard est parti, en nous laissant un dernier magnifique témoignage. Au revoir l’artiste !

 


Le 8 février 2020 à La Maroquineie à Paris, il y a eu une soirée Gonzai en hommage à Rowland S. Howard. Son ami Mick Harvey, en maitre de soirée était entouré d’Harry, le frère de Rowland qui avait le lourd rôle d’être au chant, et comme il lui ressemble beaucoup, cela faisait un effet saisissant. Les autres invités étaient Lydia Lunch, Bobby Gillespie, J.P. Shilo, et deux chanteuses qui ont surement accompagnée Rowland S. Howard. C’était une belle soirée, au plus près de l’artiste parti depuis déjà 10 ans.

https://www.discogs.com/fr/artist/83234-Rowland-S-Howard

https://gonzai.com/rowland-s-howard-grand-oublie-du-rock-australien/




KIMON KIRK "Altitude" (Kimon Kirk Dos Key Music) - 19 février 2021


Kimon Kirk est un chanteur et compositeur californien. Altitude est son deuxième album studio, il fait suite à l’album Songs For Society publié en 2011. Avant d’être un artiste en solo, Kimon Kirk a joué de la basse et fait des voix sur de nombreux albums de divers artistes : Amy Correia, Will Dailey, Ramona Silver, Dietrich Strause, Sarah Borges, Bruno green, The Heygoods, Augus and Julia Stone, Revolutionary Snake Ensemble, Kris Delmhorst, Grant-Lee Phillips. On constate qu’il est très demandé. 


En solo, dans sa musique rock aux influences FM « classic rock » des années 70, le soleil de la Californie éclaire ses mélodies et sa voix. On pense à Jonathan Wilson, Jackson Browne, Eagles, Tom Petty, Paul Simon, Stevie Nicks, pour l’atmosphère 70 au volant d’une voiture décapotable sur les routes américaines. Les compos sont très soignées, le son est clair et spacieux. Altitude est un album de studio, composé par des musiciens chevronnés, ici pas de craquements, ni d’imperfections mélodiques, on sent le travail d’un professionnel qui a su bien s’entourer. De temps à autre, écouter un album réalisé par un musicien qui a roulé sa bosse, ne fait pas de mal. Surtout si l’émotion est restée intact malgré des heures de studio, ce qui est le cas sur Altitude. 


http://www.kimonkirk.com/

https://soundcloud.com/user-801587321/sets/altitude/s-Jrclhaw6nNk


mardi 16 février 2021

VERTIGO "Synth Punk Blasts 1978-1984" (Ancient Monument) –15 décembre 2020


 

Dans les années 90, il y avait un groupe de HC noise qui s’appelait Vertigo. Ici le nom Vertigo est celui d’une compilation de groupes punk et new wave des années 1978-1983 édité par le nouveau label français Ancient Monument. Cette compilation est la première référence du label. Le disque contient 15 groupes obscurs de divers pays (Amérique -le gros de la sélection-, Allemagne, Angleterre, Suède). C’est dommage qu’il ni a pas une petite fiche pour les présenter, car à part le nom, le titre du morceau, le pays, le label, l’année du morceau, il n’y a aucune info. Il ne reste que Discogs sous la main. Dans la sélection des groupes qui n’ont en général sortie qu’un ou deux singles, il y a Active Ingredients, The Steves, Adoptors, Craig Bevan & The Tourists, The MD’s, The Naros, Plastic Idols, G Spot, Village People, Schematix, Lord Manuel & La Peste, Kitchen & The Plastic Spoons, Hit Parade, Der Kunftige Musikant, Anti Matter, Treatment (vous s’aurez retrouver le groupe allemand dans la liste ?). Le nom de la compile est Synth Punk Blasts, en effet le style dominant est le son à la Devo, Units, Sparks avec le fun cartoonesque d’Oingo Boingo. Les synthés font bip-bip et coin coin, la basse nous montre ses rondeurs, la guitare couine, est tranchante avec ses riffs secs, les voix sont élastiques et pour enrober le tout, les rythmes sont simples, directs et dansantes. Le son doit provenir des caves, des entrepôts, des garages et des chambres d’ados, ce qui donne une couleur sonore esprit DIY plutôt sympa à écouter. Bref pleins de petite choses punk pur jus à découvrir ! Attention, la compilation en vinyle n’est éditée qu’à 300 exemplaires. 


https://ancientmonument.bandcamp.com/releases

https://www.discogs.com/fr/Various-Vertigo-Synth-Punk-Blasts-1978-1984/release/16720119