mercredi 2 décembre 2020

PYLON "Box" (New West Records) – 6 novembre 2020

 

Le label New West Records vient d’éditer un magnifique box du groupe Pylon. Le box contient la réédition des deux albums studio, Gyrate sortie en 1980 et Chomp sortie en 1983. Les deux albums sont remastérisés à partir des masters originaux. Pour compléter le lot, il y a un album d’Extra avec des versions alternatives des singles, face B, raretés, live et l’album Razz Tape qui contient le tout premier enregistrement de Pylon datant de 1979, soit une session inédite de 13 morceaux. Et pour couronner le tout, il y a un magnifique livre de 200 pages avec des tonnes d’archives (photos, affiches, flyers, bloc-notes) et en prime une dédicace du groupe. Dans le livre il y a aussi de nombreux témoignages d’artistes du milieu indé, pour dire leur admiration envers ce groupe fondateur. Parmi ses personnalités il y a le groupe R.E.M., Kate Pierson (The B-52), Corin Tucker et Carrie Brownstein (Sleater-Kinney), Steve Albini (Big Black/Rapeman/ Shellac), Jon King et Hugo Burnham (Gang of Four), Bradford Cox (Deerhunter/Atlas Sound), Chris Stamey (The DB’s), Steve Wynn (The Dream Syndicate). Enfin à  noter que les deux albums sont également réédités séparément.


Pylon était un groupe de quatre jeunes étudiants américain d’Athènes (comme R.E.M. et The B-52’s) en Géorgie qui s’est formé en 1978 et à splitté en 1983, suite à une première partie du concert de U2 lors de la tournée de l’album War. Pylon ne s’amusait plus, la récré était terminée. Avec les années, le groupe devient culte et sur la demande des fans, il se reforme en 1989 et en 1990 il publie leur 3ème album Chain et font plusieurs concerts. A partir de 2004, ils vont de temps à autres faire des concerts. 


Mais revenons à la formation, quand ils étaient encore étudiants à l’université. Avec Vanessa Biscoe Hay (arrivée dans le groupe en février 1979) au chant, Randy Bewley à la guitare, Michael Lachowski à la basse et Curtis Crowe à la batterie, Pylon compose une musique post punk dans l’esprit des groupes de la scène new yorkaise (Television, Talking Heads, Blondie). D’ailleurs un de leur premier concert est joué à New York en première partie du groupe anglais Gang Of Four. Pylon a aussi joué en première partie de leur voisin et amis The B-52’s. Le son post punk et sec de Pylon, contemporain des groupes comme Au Pairs de Birmingham, Bush Tetras de New York, Ideal et Nina Hagen de Berlin, Delta 5 de Leeds,  Kleenex de Zurich, Wire et X-Ray Spex de Londres, possède un grain, une énergie qui a fait école dans le rock indé. Coté groupes la liste est trop longue, côté labels notons, K Records, Flying Nun et DFA. La force du groupe ? Des morceaux cours qui frappent là ou ça fait du bien. Pas de fioritures ni de superflues, juste l’accord parfais du jeu guitare/basse/batterie avec LE SON after punk originel identifiable dès les premier accords et la voix habité de Vanessa. Bref un groupe peut connu en France, qui mérite d’être (re)découvert, car ils n’ont pas eu les honneurs des compiles after punk, par exemple sur Disco Not Disco (Scrut), More G.D.M. (Tigershuchi), Punk 45 (Soul Jazz).


Certes la réédition est un peu chère (130 euros le coffret vinyle et 80 euros le coffret cd), surement à cause du livre assez mastoc, mais normalement à l’âge de 50 ans (les ados des années 80) on doit pouvoir se la payer, ou alors "Si à 50 ans on n’a pas un Pylon, on a quand même raté ta vie", en -mauvaise référence- à la célèbre phrase de Jacques Séguéla au sujet d’une montre Rolex. D’ailleurs, c’est plus cool et moins chère d’avoir un disque de Pylon que d’une Rolex tape à l’œil.



https://www.facebook.com/pylon.band/

https://pylon.band/

https://www.discogs.com/fr/artist/264419-Pylon-4








THE CURE "Pornography" (Fiction Records/Polydor) - 4 mai 1982


 

MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°3

L’album Pornography est sorti en mai 1982. J’avais 17 ans. J’ai connu les Cure en 1979 en lisant les revues Best et Rock & Folk et je n’ai pas raté leur passage à la TV dans l’émission Chorus (le 8 décembre 1979) qui passait le dimanche sur Antenne 2 juste après la messe. C’est la curieuse pochette de Three Imaginary Boys et leur look qui m’ont fait venir vers ce groupe, même si à l’époque j’avais une préférence pour le groupe Echo & the Bunnymen, habillé en tenu militaire qu’ils ont acheté dans des magasins de fripes. Je crois que Pornography était le disque du mois (ou du moins mit en avant) dans Best et était chroniqué par Hervé Picart, un journaliste à la fois branché hard rock et new wave. Comme j’avais adoré les albums Seventeen Second et Faith, il était évidant que j’achète Pornography pour finaliser la trilogie. Déjà la pochette est juste magnifique, c’est une belle invitation pour entrer dans les ténèbres du trio. 


A l’époque j’habitais en Bretagne à coté de Guingamp. Dans cette petite ville de 8000 habitants, il y avait un disquaire (dont j’ai oublié le nom). Quand il n’avait pas le disque, il fallait le commander et attendre quelques semaines pour le récupérer. The Cure en 1982, était connu, donc le disque était là en bac. Chez moi j’avais un petit tourne disque orange. La pointe, le diamant a mangé pas mal de vinyles ! La musique de Pornography est sombre, atmosphérique, ainsi on entend les moindres craquements qui sont apparue au fil des écoutes. Le disque a beaucoup tourné sur ma platine. Car à 17 ans, le son cold wave est juste un bon accompagnement pour évacuer son quotidien, surtout à la campagne quand on a un père qui veut se faire aider dans les champs, alors qu’on n’aime pas le travail de la terre. 


On a souvent dit que cet album était dépressif, qu’il donnait envie de se suicider. Pour moi, c’était avant tout un album mélancolique qui me donnait de l’énergie. A Guingamp, je n’avais pas d’ami pour partager cette musique. J’avais par contre une correspondante dans les Vosges qui aimait beaucoup ce type de son. On s’écrivait des lettres pour en parler. Vers 1990, j’ai revendu dans un vide grenier à Orsay mon vinyle de Pornography, car il était devenu inécoutable, c’était un feu de bois. Aussi j’étais passé au support CD. J’e l’ai racheté plus tard dans la version double CD avec plein de bonus (démos, lives), puis vers 2014 la réédition vinyle de couleur rouge. Mon grand regret est de ne pas les avoir vus en concert à l’époque, lors de cette trilogie. Mon pote Philippe Fall a eu lui cette chance de les voir au Printemps de Bourges en 1982. Cela fait 3-4 ans que je n’ai pas ré-écouter cet album. Pour écrire ce texte, je ne l’ai même pas mi en fond sonore, car des morceaux comme One Hundred Years, The Hanging Garden et The Figurehead font partis de moi, sans les réécouter, je les entends résonner.  


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