jeudi 8 octobre 2020

JAMPUR FRAIZE "Le monde merveilleux du rock" (la Cafetière éditions) – 11 septembre 2020


BD et rock ont toujours fait bon ménage ensemble. Je ne vais pas vous raconter un historique sur le sujet, juste quelques repères qui me traverse l’esprit. Je commence : la pochette du 33t Speed Connection Live In Paris 85 (enregistré au Gibus !) des Fleshtones réalisé par Serge Clerc, tout comme le maxi 45t Late Night City des Comateens, le personnage Lucien de Frank Margerin, la pochette du 33t Cheap Thrills de Janis Joplin réalisée par le Fritz The Cat Robert Crumb, Diamond Dogs de David Bowie réalisé par Guy Peellaert, quelques pochettes de disques des Residents, la pochette Road To Ruin des Ramones qui sont eux même, tout comme les Cramps et Devo des personnages de BD en chair et en os, heu… surtout en os On continu avec la pochette Chez Les Autres… réalisé par Kiki Picasso pour Starshooter, dont le chanteur Kent est également auteur de BD, la revue Rock & BD, parue dans les années 80 avec ses couves kitsch et son sommaire très discutable pour unir les groupes rock tels que Kim Wilde, Culture Club, Peter Gabriel -sic- avec les dessinateurs de BD, souvent en herbe (vous prenez ce mot dans le sens que vous désirez). Bref, je ne vais pas vous faire le tour complet du sujet, pour cela, vous pouvez vous procurer sur le site d’Abus Dangereux, la face 105 spécial « Rock & BD » (mai/juin 2008). Au sommaire il y a entre autres Chester, Olivier Brut, Tanxxx, Agathe Beltran aka Taga, Moolinex, Ivan Brun, Morvandiau, Frank Margerin -interview réalisé par votre serviteur, l’intégrale est ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/06/frank-margerin-la-banane-blanche.html - et … Jampur Fraize, notre sujet BD rock de cette chronique.


Jampur Fraize, est Français, il est né dans le Gard, mais il vie à Liège en Belgique. Depuis 2011, l'assos, La Maison du Rock (menée par Stella Di Matteo, la compagne de Jampur) publie le fanzine rock et graphique La Gazette du Rock. Dans ce fanzine, il y a de nombreux dessinateurs et illustrateurs, dont Jampur Fraise, qui fait parti du noyau dur. Le fanzine est emballé comme des bonbons, comme les œuvres de l’artiste Dana Wyse, ou Pif Gadget, dans un sachet en plastique avec un carton agrafé en haut ou est inscrit le nom du fanzine et justement à l’intérieur il y a un gadget (comme dans Pif): des badges, autocollants/stickers, carte image ou postale, figurine et pantin articulé, cure dents à monter sois même, la crèche du petit Jésus, masque, sous bocks, urinette en carton (?), mini encyclopédie mixte... A ce jour, La Gazette du Rock qui publie deux n° par an en est à son 18ème bébé tout juste né en septembre dernier, pour un spécial "chemises à carreaux".

Depuis quelques années, Jampur Fraize illustre la page « Courrier des lecteurs » du mensuel Rock & Folk. Il succède dans cette rubrique à un autre talent du dessin rock, Thierry Guitard.


Le livre Le Monde Merveilleux du Rock (112 pages + couverture cartonné avec dorure noire et marque page rouge en tissus) est en partie un recueil des illustrations et BD parues dans La Gazette du Rock, Rock & Folk et NOW, une revue Wallon.


Jampur Fraize habite la Belgique, pays ou la BD est reine, du moins pour le fameux style ligne claire (Tintin, Blake et Mortimer, Bob et Bobette, Alix -certes son auteur est Français- Yoko Tsuno) et tout ce qui entoure la revue Spirou (Lucky Luke, Gaston Lagaffe, le Marsupilami, les Schtroumfs, Tif et Tondu, Natacha hôtesse de l’air, Les Tuniques Bleues …). On trouve un peu l’esprit Spirou dans le style graphique de Jampur Fraize. Pour son dynamisme, ses couleurs pop, son humour et son trait bien figuratif, qui permet au rocker de base de bien identifier les Ramones, Cramps, Clash, Iggy Pop, les Beatles, Byrds, Residents (dévoilé ici sous l’apparence des 4 frères Dalton), Robert Smiths des Cure, Kiss, AC/DC, Lemmy de Motörhead, Prince, sans oublier les pochettes de disques détournées, dont le Breakfast In America avec un Supertrump près à être dégusté par des cannibales et des rébus pour trouver les titres des morceaux emblématiques du rock. Bref chez Jampur Fraize, le rock et la BD ont de l’humour, aiment prendre la vie du bon pied, même par temps de Corona virus (on trouve quelques dessins sur le sujet ainsi que sur son facebook). Son coup de crayon est là pour nous distraire, tout en montrant de temps à autre le bouton rouge qui pousse sur le nez et le poil qui dépasse du string. Bref c’est la vie de tous les jours, en musique pop, groovy et avec des décibels s’il vous plait ! 

Enfin pour clore cette chronique, notons que notre gratteux joue dans le groupe Les Minutes, et évidemment il a réalisé avec le dessinateur et bassiste Mezzo, la pochette du mini LP Save Our Souls. Il a aussi réalisé les belles pochettes pour les compilations de surf/rock/soul, Strip-O-Rama Vol.2, Beach-Of-Rama Vol.2, Shake-Of-Rama Vol. 2, Exotic-Of-Rama Vol. 2 édités par le label Jukebox Music Factory.



https://www.facebook.com/jampurfraize/

https://www.flickr.com/photos/jampur

https://www.lacafetiere.org/produit/le-monde-merveilleux-du-rock/

https://www.facebook.com/maisondurock 

 

Ci-dessous un clip des Ramones, le groupe préféré de Jampur Fraize.


PALO ALTO "Difference And Repetition" (Sub Rosa Records/Differ-Ant) – 15 octobre 2020

Palo Alto est un groupe Français parisien qui existe depuis 1989. Dans le petite monde de la musique industrielle, expérimentale et cold « made in France » et Européenne des années 80, Palo Alto fait partie des groupes références. Tout comme, Clair Obscur, Complot Bronswick, End Of Data, Vivenza, Pacific 231, Le Syndicat, Vox Populi !, Die Form, Etant Donnés, Nox, Déficit Des Années Antérieures aka DDAA et Ptôse (deux groupes avec lesquels Palo Alto a réalisé un split album), mais aussi les labels Sordide Sentimentale (géré à Rouen par Jean-Pierre Turmel ), Les Disques du Soleil et de L’Acier aka DSA (géré Nancy par Gérard Nguyen) et Crammed Disc et sa filiale Made To Measure (géré à Bruxelles par Marc Hollander) qui ont marqués et donnés les fondements d’un genre à multiples tiroirs. Mais certains tiroirs sont restés vides, il ne reste plus qu’à les remplir par les futurs générations d’artistes qui auront trouvé un de ses disques vinyles ou K7, puis CD-R poussiéreux dans la collection du père (bientôt du grand-père ?).

Comme il se faisait souvent dans l’indus, pour diffuser sa musique, le groupe Palo Alto a commencé par la K7, le support le moins cher pour immortaliser sa musique. Les K7 étaient souvent vendues aux concerts, sur catalogue de distributions/correspondance (à partir d’une pub dans les fanzines new wave très spécialisés, sans oublier la pub d’une page de New Rose dans le mensuel Best), ainsi que chez les disquaires indés (la Fnac et le Virgin Mégastore, ne diffusaient pas -ou très peu- le format K7 et encore moins les groupes indés qui étaient dans la marge), ça c’était le domaine de New Rose, Les Editions Phonographiques de l'Est aka les EPE et Parallèles à Paris, Mélodies Massacre à Rouen, Disc 2000 à Rennes et Wave à Nancy.


On en arrive à notre sujet, en ce jour masqué (ça c’est très visuel indus !) du 8 octobre 2020, la sortie du 10ème de Palo Alto. Au sein du groupe, on trouve Jacques Barbéri, Philippe Perreaudin et Laurent Pernice (ex Nox, mais il a aussi fait de nombreuses collaborations avec les arts vivants et des disques en solo). La particularité de ce nouvel album nommé Différence And Repetition est qu’il sort à l’occasion du 30ème anniversaire du groupe et surtout l’album est un hommage au groupe anglais Soft Machine, qui a fait connaitre les grands artistes Robert Wyatt, Kevin Ayers et David Allen, trois noms qui ont après le split de Soft Machine réalisés en solo des magnifiques albums et le groupe Gong pour Allen. L’album rend aussi hommage au philosophe Gilles Deleuze, (le sous-titre utilise les mots « Musical Evocation of Gilles Deleuze »). 

Difference And Competition contient 4 morceaux. Sur le format 33t double vinyle, chaque morceau recouvre les faces A-B-C-D. Autre singularité et force de ce beau projet musical, est le choix des invités. Richard Pinhas (ex Heldon) sur le morceau The Tears of Nietzsche, Thierry Zaboitzeff (ex Art Zoyd) sur Rhizome (à noter que ce titre est également le nom d’un magnifique festival gratuit qui se passe en été dans les parcs et squares parisien), Triptych avec l’écrivain Alain Damasio, qui chante/dicte « Gilles Deleuze est mort » et Différence et Répétition avec Rhys Chatham (un américain qui habite la banlieue parisienne depuis des lustres et à qui on doit entres autre une symphonie avec 400 guitares électriques). Bref, le choix des invités fait plaisir. Et la musique (ainsi que par moment les textes) dans tout ça ? De part la longueur des morceaux (19 minutes en moyenne), la structure nous laisse le temps d’entrer en communion avec la musique, qui s’installe petit à petit pour nous porter vers des horizons mental et des « paradis perdus » (bon, là c’est mon interprétation).  Dans les styles/apparitions, on trouve de la musique contemporaine, l'ambient, de l’électro, une touche de jazz, d’expérimentale et quelques effets psychédéliques. L’ensemble donne une musique harmonieuse, à la fois complexe et facile d’accès, à condition de ne pas être resté bloqué sur le rock garage sixties. Bref un album exigent mais qui s’apprivoise facilement au fil des écoutes. Pas besoin d’être un mordu du métal industriel pour pénétrer dans ce nouvel album, qui fête dignement les 30 ans du groupe, Soft Machine et Gilles Deleuze (que perso je n’ai jamais lu).    

https://www.facebook.com/paloalto.frenchband/



mercredi 7 octobre 2020

DANIEL TRAKELL "Warning Bell" (Dumont Dumont Records) – 2 octobre 2020


Parfois, juste une guitare, un harmonica, une bonne voix et l’instinct naturel pour composer des belles mélodies harmonieuses qui sonnent instantanément bien à l’oreille, cela suffit pour faire un album plaisant à écouter. C’est ce que nous propose le jeune australien barbu (de Melbourne) Daniel Trakell avec son  premier album Warning Bell (enregistré en parti à Nashville), le précédent nommé Paradise étant un mini LP 6 titres (sorti en 2017). Avec un esprit de facilité pour créer/composer avec art et sensibilité une musique indie folk aux couleurs des sixties, on pense par instant à certains morceaux de Jonathan Wilson, Elliott Smith, Neal Casal, Fleet Foxes, Tyler Ramsey (ex Band Of Horses), mais aussi à Nick Drake, Cat Stevens, Georges Harrison. C’est clair, le point fort de Daniel Trakell est le timbre de sa voix qui ouvre instantanément des portes vers les grands espaces. Elle laisse rêveur quand on a la possibilité de rouler en voiture décapotable sous le soleil d’une route désertique perdue dans la campagne, ou le long d’une côte avec vue sur la mer bleue azur. On ferme les yeux, et on se laisser (em)porter par les 10 ballades folk intimiste teintées d’americana, de pop et de mélancolie (Daniel évoque sur le sublime So Long qui clôture l’album, son père mort du cancer). A noter que l’album est édité sur Dumont Dumont Records, un label suédois. Hé oui entre l’Australie, les States avec Nashville et la Suède, on voyage avec l’ami Daniel Trakell ! Seul bémol, la pochette style portrait/photomaton/photo de classe est trop banale, elle ne reflète pas la musique "classieuse" qui se trouve à l'intérieur. C'est con. Dans le genre "portrait" coté recto d'un album, celui du disque solo de Dave Heumann (Arbouretum) est plus réussi.

https://www.danieltrakell.com/

https://soundcloud.com/danieltrakell

https://www.facebook.com/daniel.trakell