mardi 6 octobre 2020

BABES IN TOYLAND au Gibus (Paris) le mardi 9 juillet 1991

Nouvelle petite pose entre deux chroniques du rayon nouveauté album, pour vous conter le deuxième passage scénique parisien du groupe féminin Babes In Toyland. C’était le 9 juillet 1991 (dommage pour les parisiens partis en vacance se dorer la pilule et chapeau pour les touristes de passage dans la capitale), dans le club mythique du Gibus. Salle/club qui a vu jouer entre ses murs, sur sa petite scène (sans oublier la minuscule pièce qui servait de loge aux artistes) des groupes aussi important que Deep Purple, The Police, Siouxsie & The banshees (20 et 21 septembre 1977 !), Sex Pistols, Iggy Pop, Rita Mitsouko, Telephone, Johnny Thunders, The Fleshtones (avec un LP live dont la pochette est dessiné par Serge Clerc)… et plus près de nous, la scène noise core avec TAR, Mudhoney, Treponem Pal, GORE, Garbage Collector, Sonic Violence, MASS, The Jesus Lizard, UT. Le premier passage parisien de Babes In Toyland fut à l’Elysée Montmartre le 1er octobre 1990 en première partie du groupe Sonic Youth, a l’occasion de la tournée de l’album Goo (dont la pochette dessiné par Raymond Pettibon est devenue culte) et le 3 septembre 1992 à l’Espace Ornano. Ensuite je les ai perdus de vue et d’oreilles



Le staff du fanzine Hyacinth c’était déplacé en nombre pour évidemment les voir de près en concert, car dans un Elysée Montmartre complet, c’est plus difficile de les approcher. De plus des membres de l’équipe, surement Isabelle V. et Philippe D. (à vérifier) étaient chargés de les interviewer pour une parution dans la 6ème floraison du fanzine. Mission accomplie avec 2 pages (51-52) en photocopie noir et blanc. A noter que dans la playlist de cette floraison, réalisé par toute l’équipe (une dizaine de personnes) et paru avant noël 1991, le mini LP To Mother est en 5ème position sur les 30 albums. Certes ce disque est largement un cran en dessous de l’album Spanking Machine (sorti en 1990), qui est un pur brulot de noise qui crache sa haine à coup de voix énervées et de riffs sales et tranchants. L’album Gish des Smashing Pumpkins est le n°1 de la playlist. Coté single, Handsome And Gretel (avec sa pochette trash) n’est qu’en 13ème position sur 20. C’est le groupe PURE (que tout le monde a oublié, vu qu’il n’ont fait qu’un single 3 titres -édité par Merge Records-, mais quel bon single à redécouvrir d’urgence si on est amateur de post rock et de noise) qui détient avec Ballard la première place (attention c’est le titre de l’EP, mais aucun des 3 morceaux n’a ce titre).


Mais revenons à notre groupe féminin. Bon je vais être franc, je n’ai aucun souvenir de ce concert. Si encore à l’époque j’avais écrit une chronique, mais même pas. Peut-être l’intro ou le final (1) de l’interview ? Faudra que j’envoie un mail au boss Philippe pour lui poser la question. Il faut dire que la bière du Gibus était vraiment dégueu et chère. Tenu par je crois des polak, le staff achetait par packs de 24 ou 48 la bière d’Alsace sans marque pas chère et revendait chaque bouteille l’équivalent de 2 euros, sachant que le pack de 24 ne devait pas dépasser les 6 euros. Bonjours la marge pour une bière dégueu. Mais que voulez-vous, le Gibus était un club, c’est-à-dire, minuit c’est encore tôt, et comme on croise pleins de potes, et bien on bois beaucoup de bière, même si c’est à peine buvable et on zappe une partie du concert. Je dis bien une partie, car j’ai malgré tout réussi à prendre quelques photos avec mon appareil argentique de poche qui n’accepte que des photos avec un flash. Désolé pour les artistes. J’ai aussi glissé 3 photos en noir et blanc, surement prise par Isabelle V. pendant l’interview. Bon comme je n’ai rien à raconter sur le concert, voici un extrait de l’interview, @ Hyacinth




Kat, pourquoi tant de violence dans ta manière de chanter ?

Michelle Leon (basse) : Par ce que c’est une pute. 

Kat Bjelland (chant, guitare) : Cela me vient naturellement quand je chante, ce n’est pas prémédité. C’est ma façon d’écrire. 

Quels sont les groupes qui vous ont influencé ?

Kat : Ceux qui jouent fort, qui ont une pêche, et qui prennent beaucoup de drogues. Surtout ceux qui sortaient de Portland, Midwest vers 1982. (Nota, elle est fan du guitariste Greg Sage du groupe Wipers de Portland).

Peux-tu expliquer la raison pour laquelle tant de groupes de filles aiment Karen Carpenter ?

Michelle : Moi, je ne l’aime pas. J’imagine que c’est parce qu’elle est une femme qui jouait de la batterie.

Lorie Barbero (batterie) : On a dansé sur elle et Bacharach l’autre nuit. C’était super.

Kat : Moi, je la déteste mais…

Lorie : Ma mère avait toute la collection des Carpenters qu’elle écoutait sans cesse.

Kat : La mienne aussi, voilà pourquoi je la hais !

Lorie : Voilà pourquoi je l’aime !

Lorie, peux-tu nous parler de tes tatouages ?

Lorie : Ce sont tous des reptiles. J’ai un serpent, une lézarde, une chauve-souris. Ce sont des choses que j’aime bien. J’ai aussi un scarabée. Tu sais qu’est-ce que c’est ? C’est égyptien. Ils prennent un petit morceau de crotte et ils le poussent. Et selon les égyptiens, le monde évoluait parce que les scarabées poussaient des trucs comme ça. Je vais me faire un autre tatouage en Hollande, des petits anges ou quelque chose comme ça.

Voilà pour l’extrait. Côté musique, le groupe n’a pas grand-chose à dire, mais quand il s’agit de parler tatouage, sa défonce bien la tête. Il faudra que je place cette question dans mes prochaines interviews pour les fanzines Abus Dangereux et Persona.

 

(1)   « Après les paroles, place aux actes ! La scène ! Nos trois charmantes « idoles » nous ont époustouflé pendant plus d’une heure à grand renfort de ressources punk-rock, modelées aux amphétamines ‘noise-90’s ». Kat ne chante pas, elle hurle ! Elle vocifère avec classe. Ses deux alytes poussent les rythmes, à la fois brouillons et organisés, au maximum. Leur punk expérimental est frais et stressant. Pas de contact, ni de bla-bla avec le public, un ‘j’m’en foutisme’ bien placé. Certainement un des meilleurs groupes de scène rencontrée ces derniers mois. » (Final de l’interview parue dans Hyacinth 6ème floraison (sortie vers septembre/octobre 1991)

 




       Photos du concert @ Paskal Larsen

 



                                                    Photos interview @ Isabelle V.

lundi 5 octobre 2020

ROSE CITY BAND "Self-Titled" (Thrill Jockey Records) – 17 janvier 2020

Je ne sais pas ce qui ce passe avec la diffusion de Summerlong le  2ème album de Rose City Band, car ce disque est très difficile à trouver chez les disquaires. A croire que Donald Trump, avant de chopper le Covid-19 a décidé de stopper toutes les sorties culturelles de son pays vers le vieux continent. Certes l’album vinyle est dispo sur Ebay, mais les prix (auxquels il faut rajouter le fait de ports) ne sont pas convenable. Bref, en attendant de se procurer ce magnifique album -chroniqué ici (1)-, le label Thrill Jockey a eu la bonne idée de rééditer le premier album Self-Titled, sortie initialement en édition limité sur le label de Ripley Johnson Jean Sandwich Records, est maintenant trouvable sur Amazon et Discogs pour un prix normal. Le premier pressage c’est vite épuisé, est devenue hors de prix (spéculation ?), cette réédition est une bénédiction ! Certes, l’album est un niveau en dessous par rapport au merveilleux et sans faute Summerlong, malgré tout ce premier essai est une réussite. La force de ce disque est qu’il devient au fil des écoutes de plus en plus beau et attachant. Si à la première écoute, on trouve la face A un peu monotone, trop posé, comme une sensation d’écouter toujours le même morceau, par contre la face B est mieux servie avec ses trois morceaux plus psyché et dynamiques qui séduisent tout de suite. La force du disque, comme je l’écris plus haut, c’est qu’au fil des écoutes, les compos deviennent une obsession, comme le besoin de prendre sa dose de drogue. A peine fini le temps d’écouter les 7 morceaux, qu’on se sent obligé de répéter à l’infinie le geste de poser le diamant sur la platine vinyle pour écouter la musique psyché rock avec une touche de folk et de notes répétitives et discrètes dans l’esprit Alan Vega/Suicide, le groupe fétiche de Ripley Johnson. Dans l’interview que j’ai fait de lui lors de la sortie de l’album Star On The Light de Moon Duo, publié dans le Abus Dangereux face 153 (mars/avril 2020), il dit : « Suicide, en tant que duo, a été une grande source d’inspiration lorsque nous avons créé le groupe. Le pitch originel de Moon Duo, c’était de faire du Suicide avec une guitare ». Ce qui est clair, l’artiste barbu Ripley Johnson est une des personnalités les plus créatives de ses 20 dernières années. Tout ce qu'il réalise (avec Wooden Ships et Moon Duo) est une bénédiction auditive et son dernier petit joujou ne fait que confirmer le talent de ce grand bonhomme. Il est à mes yeux aussi importants que Sonic Boom. Tient le disque vient de s’arrêter de tourner, vite, je le remets en route !

https://rosecityband.bandcamp.com/album/rose-city-band

https://www.facebook.com/moonduoofficial/

(1)    https://paskallarsen.blogspot.com/search?q=rose+city+band




dimanche 4 octobre 2020

THE SHAGGS "Shaggs’ Own Thing" (Light In The Attic Records) – 17 juillet 2020

Dans le paysage pop rock, The Shaggs est une vraie curiosité américaine. L’unique album Philosophy Of The World (réédité en 2016 sur Light In The Attic) sortie en 1969 (la légende dit que le pressage est de 100 exemplaires), présente trois sœurs novices dans le domaine de la musique. Elles chantent faux, jouent approximativement, le tout à l’aise dans ses petites chaussures de ville. En plus elles ne se mettaient pas en avantage avec leurs vêtements de tous les jours banalement kitsch, notamment pour l’harmonie des couleurs dépareillés entres-elles. Mais voilà, malgré ce que l’on pourrait définir comme un handicap de marketing, devient chez elles un atout, car Dot Wiggin (voix, guitare leader), Betty Wiggin (guitare rythmique, voix), Helen Wiggin (batterie) parfois aidé d’une autre sœur Rachel (basse), produisent une musique proche du corps avec un charme sixties désuet à la fois brut et sensible. Pour cimenter le tout, c’est leur père Austin Wiggin qui dirige et encourage la petite entreprise familiale. Sans le savoir, en 1969, elles vont créer les fondements du genre lo-fi, et riot grrrl qui est apparu entre la fin des années 80 et le début des années 90, avec les groupes Beat Happening, The Pastels, Huggy Bear, Bikini Kill, Bratmobile, Sebadoh, mais aussi Daniel Johnson et Jad Fair. A noter que bizarrement Frank Zappa était sous le charme de l’album et a déclaré à l’époque que c’était « meilleurs que les Beatles ». Rajoutons dans la liste des fans, Kurt Cobain et Jonathan Richman. Si au moment de l’enregistrement de Philosophy Of The World, The Shaggs n’avait aucune expérience musicale, par la suite le trio part à de nombreuses occasions en tournée et se forge petit à petit une expérience. Autant à l’aise dans ses propres compos que dans les reprises, The Shaggs fini par retourner en studio en 1975 pour une session d’enregistrement qui va aboutir à l’album Shaggs’ Own Thing. Mais, le papa se casse la pipe et cet incident stop net la carrière des Shaggs. Il faudra attendre 1982, pour voir publié sur les labels Red Rooster Records/Rounder Records l’enregistrement de cette fameuse session qui comporte des morceaux originaux et des reprises, dont Yesterday Once More du groupe Carpenters. Sur cet album, le trio est plus mature, mais est loin d’être parfais, ce qui leur permet de garder ce charme pré lo-fi. Après avoir réédité le premier album en 2016, le label Light In The Attic réédite Shagg’s Own Thing en 2020 à partir des bandes originales et rajoute en bonus le morceau Love At Firt Sight (déjà présent sur la compile CD sortie en 1988 sur Red Rooter Records), et un livret 4 pages avec des notes de John DeAngelis et Terry Adams du label Red Rooter Records. Si vous découvrez pour la première fois en 2020 ce trio familial, vous risquez d’être surprit par leur style approximatif, mais une fois passé cet effet d’étonnement, c’est clair, vous tomberez sous leur charme pop. Un peu d’amateurisme, ça fait parfois du bien à écouter. Le coter « parfait » lasse très vite !


https://lightintheattic.net/releases/6909-shaggs-own-thing