vendredi 29 mai 2020

SYLVAIN FANET "Standing On A Beach" (Le Mot et le Reste) - 17 octobre 2019


Standing On A Beach, titre d’une compilation des Cure sortie en 1986 est maintenant le titre d’un livre qui a la lourde tâche de faire la compilation sur papier de « La new wave en 100 disques essentiels ». Un choix pas facile, car il y a évidemment des oubliés et d’autres disques qu’on ne va pas trouver « essentiels ». Qu’importe, les fondements sont là. Mais avant de voir les gagnants de la sélection de Sylvain Fanet, rappelons que la new wave est apparus en 1978 juste après le punk. Les termes new wave et after punk sont étroitement liés et peu de temps après, des termes comme cold wave, bactave/gothique, synthpop, EBM, nouveaux romantiques vont faire grossir le moule pour se perdre dans la « famille » new wave. Si le rock garage et le psyché ont eu leurs grandes heures dans les années 60, la new wave brillera de tous ses éclats dans les années 80, surtout la période 80-84, le gros de la sélection du livre. Le premier disque choisi est le premier album du duo Suicide, sortie en 1977. C’est clair, cet album est « devenue » une référence qui prend du poids au fil des années, tant il a inspiré les courants punk, indus, cold et electro et surement des vocations prochaines de musiciens qui engendrerons d’autres styles dont on ne connais pas le nom. Parmi les autres albums essentiels choisis et chroniqués par Sylvain Fanet, dont plusieurs dépassent le terme new wave (parfois un peu fourre-tout), il y a Parallel Lines (Blondie), Real Life (Magazine), Q : Are We Not Men ? A : We Are Devo (Devo), Metal Box (PIL), Drums And Wires (XTC), Closer (Joy Division), Faith (The Cure), Ocean Rain (Echo & The Bunnymen), pour n’en citer que quelque uns. A noter qes les français ne sont pas oubliés : Marquis De Sade, Taxi Girl, Jacno, Kas Product, Trisomie 21, Alain Bashung, Lescop. Par contre que vient faire Culture Club et Dexys Midnight Runners qu’on ne pensait pas être new wave. Aussi The Glove, Duran Duran, Squeeze, The Essence, Bel Canto pour la sélection essentiel, ça se discute. Quoi qu’il en soit globalement, la sélection tient la route, on vous laisse la découvrir. Quant aux oubliés, du moins de notre point de vue, il y a les albums Jeopardy (The Sound), Wilder (The Teardrop Explodes), Thirty Thousand Feet Over China (The Passions), October (U2), Happy Families (Blancmange), Work (The Nits), Comateens (Comateens), Dark Continent (Wall Of Voodoo), Pacific Street (The Pale Fountains),Yellow Laughter (Orchestre Rouge) pour en citer quelques un. Car malgré les apparences, dans les années 80, il y a eu de très bons disques qui n’ont pas à pâlir auprès des anciens des années 60 et 70. Mais c’est sûr la catégorie New Wave est devenu au fil du temps assez flou car on y retrouve tant de groupes divers, certains plus rock, d’autre plus électro, d’autres plus funk blanc et d’autres juste looké. Malgré le chalenge Sylvain Fanet a fait un bon tri, certes pas parfais, car c’est impossible, avec une écriture fluide et érudite. Après une présentation de ce courant musical, place aux 100 chroniques, chacune rédigées sur deux pages et fini avec d’autres disques conseillés. A la fin de la sélection chronologique par année, il y a quelques albums plus ressent d’artistes qui ont pris le relais comme, The Rapture, The Horrors, Motorama, Lebanon Hanover. On aurait pu rajouter KVB, Soft Moon, DIIV, mais là on entre dans les 500 disques essentiels. Bref, si vous voulez faire une bonne idée sur la musique new wave et vérifier combien de disques vous avez sur les 100, Standing On A Beach est pour vous !


lemotetlereste.com/musiques/standingonabeach/

www.youtube.com/watch?v=LWz0JC7afNQ
www.youtube.com/watch?v=mfsYSPCNWCw

SONIC BOOM " All Things Being Equal " (Carpark Records) - 05 juin 2020



Cela fait une semaine que j’ai créé mon blog. L’image que j’ai utilisée pour la page de présentation du blog est extraite de la pochette du premier album solo de Peter Kember aka Sonic Boom, nommé Spectrum, sortie en 1989. Cette pochette en version disque vinyle est magnifique. Proche d’une œuvre d’art cinétique, un plastique rond transparent recouvre un dessin représentant une spirale, et quand on tourne le plastique, la spirale prend vie en devenant un kaléidoscope.
Hasard, du calendrier, le deuxième album solo de Sonic Boom sort au début du mois de juin.
Sonic Boom est une référence majeure dans la musique noise, psyché, cosmique, minimaliste et répétitive. Il a fait partie des groupes cultes Spacemen 3 et Spectrum. Il a expérimenté la matière sonore dans le groupe Experimental Audio Research. Il est tellement apprécié dans le milieu rock indé, que de nombreux artistes ont fait appel à lui pour produire ou mixer leurs disques. Juste quelques noms : Moon Duo, Dean & Britta, Cheval Sombre, MGMT, Panda Bear, Beach House, The Vacant Lots, Yeti Lane.
On en arrive a son nouvel album nommé All Things Being Equal. Dans la bio il est écrit que le morceau Just Imagine qui ouvre l’album est « basé sur une histoire qu’il a lue sur un garçon qui a guéri son cancer en se présentant comme un nuage orageux et qui a fait pleuvoir sa maladie ». Belle métaphore qui permet à Sonic Boom de justement faire pleuvoir des belles mélodies pop et lunaires, enveloppées d’effets psychédélique. La voix de Peter, passé sous divers effets du Vocoder sonne divinement bien. L’album n’est pas expérimental, prise de tête, mais pas non plus totalement pop. C’est un entre deux juste parfais, auquel Sonic Boom, connait le bon dosage. Car il peut très bien composer un morceau de 20 minutes avec une ou deux notes répétitives (nommé drone), tout comme composer le single parfait de 3 minutes. All Things Being Equal est du côté single lumineux. C’est peut-être le fait d’habiter au Portugal, qui lui donne autant d’inspiration pour exploiter la lumière divine et clair présente tout au long des 10 morceaux. Maitre dans l’art d’utiliser des vieux synthétiseurs pour en faire jaillir de la matière électronique moderne et excitant, Sonic Boom est un créateur qui mérite son statut de « référent ». Enfin, notons sur l’album la présence de Panda Bear sur Just a Little Piece Of Me et Britta Philips (Luna) sur I Feel a Change Coming On. Bref, c’est avec plaisir que l’on trouve en pleine forme (et non pas fatigué par trop d’effets toxiques non maitrisés) Sonic Boom en solo.
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https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=9Joc9YZtABQ&feature=emb_logo



Sonic Boom sera en concert au Petit Bain à Paris le 7 octobre 2020

Je profite de cette chronique disque pour sortir de mes archives, ma chronique du concert de Spectrum le 10 novembre 2010 au Nouveau Casino à Paris.


 
Dans l’univers du rock, il y a 4 catégories de groupes :
1- Ceux qui inventent un son, un style.
2- Ceux qui s’inspirent du passé pour le réutiliser, le digérer, le réinventer et créer une nouvelle musique, un nouveau style.
3- Ceux qui s’inspirent du passé pour recopier à l’identique un son, un style.
4- Et ceux qui profitent d’un mouvement pour s’infiltrer dans le wagon.
Spectrum fait partie de la deuxième catégorie. Au sein de Spectrum se trouve Sonic Boom, ex. Spacemen 3. Ce groupe psyché en activité entre 1982 et 1991 a bien écouté les Stooges, le Velvet Underground et Suicide, pour au final créer une musique bien personnelle. Ils ont sorti quatre albums incontournables (surtout les 3 premiers aux titres évocateur : Sound Of Confusion, The Perfect Prescription et Playing With Fire) pour tous les amateurs de noise sous effet illuminé. Leurs albums sont de purs joyaux remplient de morceaux acid et d’ambiances fumigènes. Dans Spacemen 3, il y avait deux fortes têtes : Jason Pierce qui formera après le split du groupe, Spiritualized et Sonic Boom qui formera Spectrum (son groupe le plus proche du son de Spacemen 3), EAR (son projet expérimental) et quelque disques solo (dont l’excellent Spectrum à posséder absolument en version vinyle avec sa pochette psyché que l’on peut faire tourner avec ses doigts). Pour être complet, n’oublions pas The Darkside formé par Peter Bain alias Bassman, logique pour un bassiste. Voilà pour l’historique rapide.

Si les concerts de Sonic Boom en solo ne sont pas toujours convaincants (il joue dos au public en triturant des boutons pour y extraire des sons répétitifs et minimal), par contre, en formation Spectrum, c’est le pied. Accompagné de trois musiciens (guitare/basse/batterie), Sonic Boom (voix/synthé/guitare/thérémin) a gardé toute la force de Spacemen 3. Malgré les diverses substances qu’il a dû faire descendre dans son corps depuis les 30 dernières années, Sonic Boom est resté très présentable. On n’a pas à faire à un junkie. En plus sa voix est toujours intacte. Certes il ne bouge pas beaucoup, mais il est bien présent, attentif au son et envers ses camarades. Si un jeu de lumière adéquat a fait défaut dans ce concert pour illustrer les morceaux psyché répétitifs jusqu’à user (dans le bon sens du terme) nos neurones, la musique, heureusement, se suffit à elle-même pour bien nous faire décoller. Les trois musiciens jouent en mode "habité", le pied à fond sur les pédales d’effets. Sonic Boom est le seul à communiquer avec le public. Le concert contient de nombreux moments forts, notamment les reprises de Spacemen 3, dont le titre Revolution qui n’a pas pris une ride. Avec eux, c’est une cure de jouvence, un voyage hors du temps. Sommes-nous en 1967 ? en 1974 ? en 1987 ? en 2010 ? en 2133 ? Qu’importe, avec Spectrum, la musique est un régal sonore qui n’a plus d’âge. Et quand il faut revenir sur terre après seulement 60 minutes de live, c’est la chute libre ! Fort heureusement, ils reviennent pour 20 minutes de rappel dont un titre à rallonge qui ne va plus nous quitter, tant sa mélodie répétitive est des plus captivantes. Ce groupe joue avec la sorcellerie pour nous hypnotiser. Bien entendu, on en redemande. Et à 22h30, notre appel sera sans voix, on rallume les lumières pour préparer la soirée Discodrone qui débute à minuit.