mardi 26 mai 2020

PIERRE DAVEN-KELLER : Musique de salon


                                                              
En septembre 2019, on découvre l’artiste Pierre Daven-Keller avec son album Kino Music, influencé par les BO de films 60/70. Dès les premières notes du disque, c’est le coup de cœur, tant sa musique est d’un raffinement à couper le souffre. En prime, il a invité des chanteuses aux voix de velours pour y rajouter du glamour, comme au cinéma. Rencontre avec un grand monsieur.


Je vous ai découverts avec votre album Kino Music. C’est possible de faire un point des étapes marquantes et rencontres cruciales avant ce disque ? Vous êtes né dans une famille de musicien ?
J'ai commencé à faire de la musique assez tôt, vers l'âge de 7 ans, ma mère (jouant elle-même du piano à cette époque) nous aillant mit ma sœur et moi même, au piano également. Cependant cela ne m'intéressait pas plus que ça, préférant jouer avec mes copains. Il n'empêche que j'ai eu mes premiers chocs musicaux dans ces année-là et qu'après avoir arrêté le piano assez rapidement, la musique m'a rattrapée vers 13/ 14 ans. J'ai alors fait de la batterie puis appris la guitare ensuite. Vers 16/17 ans, le hasard de la vie a fait que j'ai rencontré Dominique A à Nantes où je vivais à cette époque. Dominique était sur le point de sortir son premier album et m'a proposé de l'accompagner sur scène. On a ainsi joué ensemble plusieurs années de suite sur les différentes tournées des différents albums de Dominique. J'ai, à cette même époque, rencontré Philippe Katerine, toujours à Nantes, au moment où il venait de sortir son premier album "Les mariages Chinois". Par la suite j'ai travaillé plusieurs fois avec lui, sur divers projets de musiques de films où sur ses propres disques, la plupart du temps en tant qu'arrangeur. Evidemment la rencontre avec ces 2 camarades a été importante pour moi, humainement et musicalement parlant. J'ai par la suite sortie mon premier album "Ramdam" suivi quelques années après par "Quelqu'un, quelque part". Puis, sous le pseudonyme de Daven-Keller, j'ai sorti ensuite une trilogie, "Reaction A, B et C", trois albums très différents les uns des autres, voulant à ce moment-là explorer d'autres territoires musicaux.




 
Neutre sur votre passé, j’écoute Kino Music, et c’est le coup de cœur immédiat ! Evidemment, fan de BO de films et entre autre d’Ennio Morricone et du cinéma italien des années 60 et 70, votre album est un bijou sonore. Vous pouvez nous parler de l’origine, l’envie de cet album, ce qui vous a amené à réaliser ce disque ?
Cela faisait un moment déjà que je souhaitais faire un album instrumental, très orienté musique de film des années 60/ 70, comme une sorte d'hommage à cette période de la musique que j'aime beaucoup et qui a bercée mon enfance. Par ailleurs, je voulais aussi faire ce que j'appelle, un disque de salon, un disque qui puisse s'écouter chez soi, entre amis. De plus, pour moi, la musique de film doit d'abord et avant toute chose être une musique autonome, une musique qui puisse s'écouter sans les images du film auquel elle est rattachée. Par déduction je me suis dit qu'au lieu d'attendre qu'un jour on me commande une musique de film, autant faire la musique avant et sans le soutien d'images préexistantes.

C’est clair, ce disque aurait pu sortir dans les années 60-70 pour illustrer la BO d’un film populaire. Vous pouvez nous raconter la réalisation de votre album ? Comment vous avez fait pour trouver ce son si typique des années 60-70 avec cet esprit pop et groove ?
Cette notion de son et de production était évidemment essentielle pour ce projet. Dès le début je me suis dit que pour obtenir ce type de son il fallait s'y prendre de la même manière qu'à l'époque c'est à dire, enregistrer en live le plus possible et dans un studio équipé de vieux micros et sur bande magnétique. C'est ainsi que j'ai découvert "Studio Midi live" qui est en fait l'ancien studio Vogue à La Villetaneuse au nord de Paris. Je suis allé le visiter et très vite s'est imposée l'idée que c'était le studio idéal pour un tel disque. Quasiment tout est resté dans "son jus" dans ce studio, les salles de prises tout comme le matériel de l'époque donc c'était parfait.

Vous pouvez nous dire quelques mots sur les musiciens qui vous accompagnent sur ce disque ?
Romain Clisson, qui a enregistré et mixé cet album est la première personne que j'ai contactée avant de rentrer dans la phase "enregistrement" de ce disque. Il a été essentiel à la mise en forme de cet album et au choix des musiciens qui allaient jouer dessus. La pierre angulaire de l'album, la toute première étape de l'enregistrement, s'est faite avec l'enregistrement de la basse et de la batterie avec Sylvain Daniel et Ludwig Dahlberg. Je leur avais fait des démos très précises afin qu'ils puissent jouer et poser la base de chacun des titres qui composent le disque. Ensuite, et au fur mesure de l'enregistrement, d'autres musiciens ont rejoint le projet, Cuivres, Guitares, percussions, etc. l'orchestre a lui été enregistré à Sofia, puis j'ai joué moi- même les parties manquantes à ce grand puzzle qu'est ce disque, à savoir les parties de clavecin, quelques basses, quelques pianos.



                                                                
Sur l’album il y a aussi des voix. Elles sont féminines et juste parfaites. Vous pouvez nous parler du choix des chanteuses, les rencontres et le travaille avec elles ? Pourquoi pas de voix masculine ? Comme vous êtes musicien et arrangeur, quel est votre rapport à la voix ?
Je souhaitais effectivement quelques voix féminines sur l'album afin de donner du relief à celui-ci. Je n'ai pas eu à chercher longtemps car je connais depuis plusieurs années Helena Noguerra et Arielle Dombasle ainsi que Claire Tillier. Mareva Galanter est arrivée dans cette aventure quelques temps après. Chacune a reçu sa "feuille de route" si j'ose dire ou sa mission. J'ai répété avec chacune d'entre elles avant l'enregistrement et tout s'est passé de manière très fluide. Je ne souhaitais pas de voix masculine sans doute parce que je sortais moi-même d'un album chanté et je voulais aller un peu ailleurs. De plus, les parties chantées de ce disque étaient dès l'écriture, destinées à des voix féminines. Mon rapport à la voix m'intéresse en général mais il est vrai que, voulant aller vers un disque instrumental, la place de la voix n'était pas le pivot central du projet.

Cet album est très référencié. Impossible de ne pas penser à Ennio Morricone, Bruno Nicolai, Roy Budd… Vous pouvez nous parler de votre amour pour les compositeurs de BO de films ? C’est venu à quel âge et avec quel film ?
Je suis vraiment venu à la musique par le cinéma, en découvrant tous ces films pendant mon enfance et c'est le cinéma qui m'a donné envie de faire de la musique, donc évidemment, j'ai un rapport très fort avec la musique de film. Le premier gros choc pour moi a été le film de Paul Grimault " Le Roi et L'oiseau" que j'ai dû voir au cinéma vers 7ans. La musique de Wojciech Kilar m'a littéralement bouleversée. J'ai d'ailleurs choisi "Keller" comme pseudo comme un clin d'œil à "Kilar". Ensuite la découverte de Morricone a été essentielle pour moi tant l'étendue de ses musiques couvrent un grand spectre de style musicaux. Son style est très personnel et la mélancolie souvent présente au sein de ses musiques a quelque chose de très particulier pour moi dans le sens où ce n'est jamais une mélancolie "grasse" mais au contraire une mélancolie assez légère et qui fait souvent aussi référence à quelque chose de l'ordre de l'enfance comme chez Brian Wilson des Beach boys.



 



Votre pose sur la photo de la pochette de Kino Music, m’évoque François De Roubaix. C’est un clin d’œil ou bien je me trompe ? Quelque mots sur le choix de cette photo et la couleur jaune de la pochette (qu’on retrouve aussi sur le 45t de Fred Pallem via De Roubaix pour le titre Et si on invitait James Dean).
Je ne connais pas la pochette de François de Roubaix dont vous parlez...donc c'est une coïncidence. La pochette de Kino Music a été réalisée sur la base d'une photo de Juliette Abitbol et le graphisme a été réalisé par Rémy Poncet de Brest. J'aime beaucoup le travail de Rémy et très vite il a trouvé cet angle de vue graphique un peu "Blue Note" que j'adore et qui, il me semble, fonctionne bien avec ce projet vintage.


J’aime beaucoup votre choix pour nommer les titres des morceaux : Champ Magnétique, La Fiancée de l’Atome, Tatoo Totem, Easy Tempo, Jerk, Sirocco. Quelques anecdotes sur ces choix, le sens ?
Il n'y a pas une réelle envie de recherche de sens à vrai dire... j'essaie juste de trouver des titres qui évoquent quelque chose en rapport avec la musique du titre en question mais j'aime surtout l'idée que les titres puissent stimuler l'imagination pour que chacun puisse se faire son propre film.



                                                                                                                          

L’album est très orchestré, dont pas évidant à monter sur scène. Vous pouvez nous dire s’il y a un projet de concert(s) ? Si oui, quelques mots sur la mise en forme de cet album en version live ?
Récemment, pour la sortie de l'album, nous avons fait un showcase à Paris, histoire de marquer le coup. Pour cette occasion, j'ai eu le grand plaisir de travailler avec le groupe Biche. On a revisité certains titres de l'album en formule réduite à savoir 4 musiciens: Batterie, Basse, Clavier et Guitare. C'était vraiment chouette de chercher des solutions pour que ces morceaux puissent exister différemment avec 4 musiciens seulement. J'aime bien ce genre de petits défis. J'espère que l’on aura la possibilité de renouveler cela plus souvent.


Dans l’esprit actuel d’artistes français, votre album nous fait penser à Fred Pallem & Le Sacre du Tympan. C’est un artiste que vous connaissez ?
Je ne le connais pas personnellement ni même musicalement. Effectivement on m'en a parlé ces derniers temps, donc je vais aller y jeter une oreille.
 

 Les projets dans les mois à venir ?
Réflexions sur le prochain album et j'espère des concerts pour Kino Music.

Un message à faire passer à nos lecteurs ?
Merci à tous pour être allé au bout de cette interview !



Photos:
@Ph. Lebruman 
@Andrea Montano 
 
fr-fr.facebook.com/davenkeller/
www.youtube.com/watch?v=Zski7RAPEFw
kwaidanrecords.bandcamp.com/album/kino-music

lundi 25 mai 2020

DANIEL DARC " Pieces of My Life" de Marc Dufaud et Thierry Villeneuve (UFO Distribution ) - 10 Février 2020




L’auteur Marc Dufaud, fait la connaissance de Daniel Darc (20/05/1959-28/02/2013) en 1990, lors d’un concert à Paris au Gibus. Rapidement il se lie d’amitié avec lui. D’ailleurs le physique et le style de Marc Dufaud est proche de celui de Daniel Darc. On dirait des frères, du moins au début, car après les nombreux excès de Daniel Darc (alcool, drogues, nuits blanches), celui-ci va prendre quelques blessures physiques et morales. Le sous-titre du documentaire « J’irai au paradis car c’est en enfer que j’ai passé ma vie » est très explicite. Marc Dufaud le rencontre régulièrement, notamment dans l’appartement de la mère de Daniel Darc, où il vit dans une petite chambre. A chacune de ses visites, il a une caméra et un appareil photos avec lui, ce qui va engendrer trois documentaires, Le Garçon Sauvage, Les Enfants De La Blank et Rêve-Cœur. On retrouve des images de ses docs dans Pieces of My Life, qui a eu le privilège de sortir en salle de cinéma en juillet 2019 et maintenant en DVD. De pars ses images qui datent du début des années 90, c’est 25 ans de rencontres qui défilent sur l’écran. Ainsi, on voit en même temps défiler une partie de notre vie. Le doc commence avec Marc Dufaud et Thierry Villeneuve qui reviennent en 2014 dans l’appartement familiale du 11ème arrt de Paris. La petite chambre est presque vide, on y voit encore quelques inscriptions sur le mur. La force du doc est de nous montrer en grande partie le Daniel Darc d’avant Crèvecoeur, disque sortie en 2004 qui lui a permis de revenir après 10 ans d’errances et d’incertitudes, sur le devant de la scène, avec en prime une victoire de la musique catégorie « révélation » (sic). Retour vers le succès grâce à Frédéric Lo. Parmi les personnes interviewées, il y de nombreux passages avec Georges Betzounis, le fidèle guitariste de Daniel. Enfin, les images nous montrent aussi Daniel Darc déambuler dans les rues de Paris. Tous ses passages sont émouvants, comme un instantané d’une autre époque de « la vie en rock ».

En suppléments sur le DVD, 3 morceaux en live, le clip de La parenthèse enchantée et en répétition avec Frédéric Lo.

 


www.youtube.com/watch?v=Gl_a5ZQGKqk
www.ufo-distribution.com/movie/daniel-darc-pieces-of-my-life/
fr-fr.facebook.com/DanielDarcPiecesOfMyLife/