jeudi 2 juin 2022

OLIVIER ROCABOIS "The Pleasure Is Goldmine" (Acoustic Kitty/Kuroneko) – 3 juin 2022

J’ai découvert le crooner Olivier Rocabois en avril 2021 avec la sortie de son premier album couleur pourpre titré Olivier Rocabois Goes Too Far (1). Dans le style pop classieux et glam feutré, cet album est un petit trésor musical, auquel il est difficile de résister. Voici la suite des festivités, avec l’EP The Pleasure Is Goldmine. A l’intérieur du disque, il y a quatre nouvelles compos et un remix de I’d Like To Make My Exit With Panache réalisé par Christophe Vaillant aka Le SuperHomard, qui est également un orfèvre en matière de musique pop raffinée. Écrit, composé, arrangé et produit par notre multi-instrumentiste breton installé à Paname, ici chaque note est pensée, malaxée, réfléchie, pour ne garder que le meilleur du meilleur. Au proverbe, "il vaut mieux d’être seul que mal accompagné", notre compositeur interprète, aime tout simplement être bien accompagné, avec ici six musiciens chevronnés pour l’aider à donner encore plus de luxure et de clairvoyance à ces nouvelles compos solaires. Ici, on est à l’opposé du son lo-fi au coin du feu (par contre en concert, Rocabois -des villes- est parfois seul, armé de sa guitare sèche), mais dans l’orchestration chatoyante digne des grands disques pop, baroque et tropicalisme des années 60 et 70, (Odessey and Oracle de The Zombies (1968), Pet Sounds de The Beach Boys (1966), Heaven/Earth de The Free Design (1969), Forever Changes de Love (1967), Arthur Or The Decline and Fall Of The British Empire de The Kinks (1969), Scott de Scott Walker (1967), Wild Life de Wings (1971), Hunky Dory de David Bowie (1971)), oui, Olivier Rocabois n’a pas à rougir de ses pères, tant les arrangements de ses compos sont magnifiques. Le tout avec sa voix stylée David Bowie du début, font que l’ensemble est parfait de la première à la dernière note, soit 23 minutes d’instants suspendus. Chaque morceau est un voyage, -en  solitaire ou pas, c’est au choix-, vers des paradis perdus et des temps retrouvés.

L’enrobage harmonique, mélodique, soigneux des compos, est comme un lien pour donner du courage à notre timide extraverti à l’humour taillé dans un joli tissu, pour chanter avec force et fantasque, sans tomber dans le ridicule. Car du côté vocal, Olivier Rocabois ne fait pas semblant, d’un chant posé au piano, quelques secondes plus tard, sa voix s’enflamme sous les vibrations de nappes chorales et de psychédélisme bucolique. Ici le baroque orchestré est à l’honneur, et quand on est amateur de tant d’élégance pop sans retenue (de The Divine Comedy à Pale Fountains en passant par XTC/The Dukes Of Stratosphear et Ocean Rain d’Echo & The Bunnymen), on applaudit l’artiste Rocabois de nous en donner encore plus, sans s’économiser sur le résultat final. Dire que cet EP est une sucrerie destinée à nous faire patienter de la sortie de l’album prévu pour 2023, l’avenir s’annonce beau !   

Avec la sortie de l’EP I Had It All de Maxwell Farrington & Le SuperHomard, l’album Social Kaleidoscope de Boris Maurussane et maintenant The Pleasure Is Goldmine d’Olivier Rocabois, on peut dire que le printemps 2022 est un bon cru pour le cépage Sunshine Pop, d’autant que tous ses artistes se connaissent et pourraient faire ensemble un magnifique concept album (sur l’art de cuisiner des champignons bleus ?) qui enverrait le savoir-faire tricolore à travers le globe des mélomanes. Merci à ces artistes de mettre de la couleur dans notre quotidien plombé pour certains, par le pouvoir d’achat, le chômage, la maladie.

Photo @ Alain Bibal

(1): Chronique de Olivier Rocabois Goes To Far ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/03/olivier-rocabois-goes-too-far-accoustic.html

https://allif.bandcamp.com/album/the-pleasure-is-goldmine-ep

https://www.facebook.com/ALLIFMUSIC/




mercredi 1 juin 2022

BORIS MAURUSSANE : Son top 10 en musique

 

Boris Maurussane vient de publier son premier album titré Social Kaleidoscope (1). Dans le style pop de luxe, avec des arrangements délicieux, des mélodies lumineuses, on peut dire que Boris Maurussane a mis les petits plats dans les grands, pour le bonheur des gourmets et des oreilles les plus exigeantes. Pour composer des morceaux à la fois aérés et complexes, judicieusement orchestrés (il y a 19 musiciens qui ont répondus à l’appel du maestro), on peut imaginer que Boris Maurussane a un bon bagage musical du point de vue références discographiques. Avec son Top 10, on va découvrir ce qu’il écoute chez lui.  

Ton morceau intemporel ?

Pendant longtemps je revenais sans cesse aux Kinks ou à Left Banke et Montage, mais en ce moment j’essaie de me détacher un peu de cette idée d’intemporalité, peut-être que tout est temporel. Un morceau qui a fait très forte impression sur moi ces dernières années, c’est Children Games d’Antonio Carlos Jobim (CTI Records - 1970). Merveille d’orchestration et d’enregistrement d’une mélodie céleste.


Ton album culte de tous les temps ?

A Love Supreme de John Coltrane (Impulse ! Records - 1965). J’ai découvert ça à 17 ou 18 ans, tout est géant : le son, ce saxophone-voix, ces mélodies en mouvement perpétuel, le piano de Mc Coy Tyner, la batterie d’Elvin Jones, d’une grande agilité rythmique et qui déploie à elle toute seule un tel espace sonore.


Le single parfait de tous les temps ?

Waterloo Sunset des Kinks (Pye Records - 1967). Éternelle grâce (c’est en parfaite contradiction avec ce  que j’ai dit plus haut !)


Le morceau « sunshine » pop parfait ?

Where do I go ? de The Free Design (Projet 3 Total Sound - 1969) : voix aérienne et quatuor à cordes !

 

L’album/single d’un artiste/groupe français qui t’émerveille ?

Dur, dur, je trouve qu’il y a beaucoup de très bonne musique en ce moment.

Bon, en laissant de côté beaucoup de bien belles choses (Domotic, Olivier Rocabois, Serieyx, Dorian Pimpernel, Ricky Hollywood, Julien Gasc, Nicolas Paugam, Chassol, Nina Savary, Astrobal, Fleur Offwood, Pearl and the Oysters, OE, Laure Briard…) pour  n’en garder qu’une :

L’Opium d’Athanase Granson (WeWant2Wecord - 2022), disque d’une grâce folle. Des chansons pop merveilleusement mélodiques, qui baignent dans une luxuriance de rêveries synthétiques.     Mon seul reproche est qu’il est trop court, je suis sûr qu’il l’a fait exprès pour avoir plus d’écoutes ! Plaisanterie à part, il est clair qu’il n’y a rien à jeter.



Ton album a été commencé en 2014 soit il y 8 ans. Ton disque fresque accouché dans la douleur qui porte au respect ?

Smile des Beach Boys ! (Capitol Records - 2011)


Sur ton album il y a 19 musiciens et choristes. Ton disque orchestral préféré ?

Pour rester dans un registre pop (malgré tout), je dirais Jobim de Antonio Carlos Jobim (MCA Records - 1973), édité aussi sous le nom Matita Perê avec une autre pochette. A mesure qu’on avance dans l’album c’est une plongée dans l’orchestral, très profonde. Et sous une forte influence impressionniste. Les orchestrations sont somptueuses. Une bonne partie de la seconde moitié du disque est instrumentale, mais la chanson Matita Perê est un peu un condensé de tous ces aspects du disque : changements de tonalité, changements de tempo, rebondissements, enluminures de vents, envolées de cordes… à couper le souffle. Même chose pour les pièces orchestrales qui suivent. Évidemment, je pourrais citer à peu près n’importe quelle œuvre orchestrale de Ravel, Debussy, Stravinsky, Bartók (au hasard le Concerto pour orchestre) ou Messiaen, pour rester dans mes favoris, mais je restreins ma réponse aux « disques » au sens, pop, d’album.


Ta musique évoque les BO de films des années 60-70, ta BOF préférée ?

Peut-être Giu La Testa d’Ennio Morricone (Cinevox - 1971)


La pochette de disque la plus classieuse ?

C’est dur de considérer une pochette pour elle-même. C’est vraiment un continuum avec la musique. « Classieuse » : peut-être la pochette de Scott 3 de Scott Walker (Philips - 1969). Cet œil,   ce bleu !


Le morceau parfais pour passer un agréable moment avec la personne qu’on chérie le plus ?

Com Mais de 30 de Marcos Valle (Odeon - 1971)


(1): Chronique de l’album Social Kaleidocope ici: https://paskallarsen.blogspot.com/2022/05/boris-maurussane-social-kaleidoscope.html

https://borismaurussane.bandcamp.com/releases

https://www.facebook.com/b.maurussane