Elias
Raschle aka Augenwasser (et ex batteur passager du
groupe garage Roy & The Devil’s Motocycle) est un producteur,
compositeur et interprète qui vient de Bienne en Suisse. The Big Swin est son troisième album solo. Augenwasser,
donc, compose une musique électro synth pop, lo-fi, une touche d'indie rock, à la fois intimiste,
mélancolique, teinté de solitude, d’errance sans but final, comme un rêve cotonneux
qui dure une éternité. A part la présence de Juliette Rosset (du groupe Zayk)
aux chœurs et au violon, la pochette réalisée en deux temps par Walter Raschle, le père de Elias-Le dessin date de 1969 et le texte de 2021-, Elias Raschle a composé, enregistré, mixé, seul
l’album The Big Swin dans un studio
de fortune, situé dans un ancien vestiaire d’un stade de foot abandonné. On est
bien loin du confort d’un studio analogique. Ce côté DIY s’entent dans sa
musique de poche, où chaque son, mélodie est arraché au plus près de l’os. L'ensemble des morceaux de The Big Swines respire un sentiment d’errance, de mélancolie. Dans l’esprit,
on pense au solitaire maladif Durutti Collumn, pour cette proximité à
fleur de peau. Si vous êtes dépressif, si vous brassez du noir, pas sûr que cet
album soit d’un bon réconfort. Toujours est-il qu’on s’attache à la musique d’Augenwasser
pour ses mélodies à la fois pop et sombres.
Le label italien Cinedelic Records a de réédité en vinyle, à partir des masters originaux, la B.O. du film La Terricante Notte Del Demonio (Au Service du Diable -titre initial-, Le
Château du vivce -titre de sortie-, La Nuit des pétrifiés -reprise en 1979-
en VF, The Devil’s Nightmare en
anglais) composée par le maestro Alessandro Alessandroni (1925-2017). Au service du Diable (titre choisi pour
la publication du combo Blu-ray/DVD par Artus
Films en 2019) est un film fantastique, gothique, horreur coproduit par la
Belgique et l’Italie et réalisé en 1971 par Jean Brismée, choisi par la
production car il est de nationalité Belge. Ce sera l’unique long métrage de ce
professeur de mathématiques, de physique et enseignant à l’INSAS (École
supérieur des arts). Par contre il fera de nombreux court métrages et
documentaires historiques pour la télévision belge RTBT. Comme Au service du Diable sera son unique
film, Jean Brismée fera de sorte de faire un bon film, d’autant qu’il est
entouré avec des techniciens chevronnés et que la distribution est de qualité.
Avec en haut de l’affiche la belle italienne Erika Blanc, habituée du
cinéma de genre (La Vengeance de Lady
Morgan de Massimo Pupillo, Opération
Peur de Mario Bava, Si douces,
si perverses d’Umberto Lenzi, L’Appel
de la chair de Emilio Eraglia), Jean Servais (Du Rififi chez les Hommes de Jules
Dassin, L’Homme de Rio de Philippe
de Broca) qui évoque physiquement François Périer, Daniel Emilfork (1924-2006) qui
joue à merveille le personnage du Diable, de marchant de cercueils, avec son étonnant
physique à la Nosferatule vampire de Murnau. Par contre malgré sa présence sur les affiches, on ne le voit à peine que 5 minutes à l'écran.
Au service du diable est un bon film bis qui possède avec la patine du temps (lumière,
cadrage, atmosphère) pas mal de charme, du moins si on est amateur de films
gothiques qui se passent dans un château, avec une touche d’érotisme (dont la robe noir très sexy d'Erika Blanc) , de malédiction, un peu
de gore, dans la ligné des films de Jean Rollin et Jess Franco.
Le combo Blu-ray DVD édité en 2019 par Artus
Films permet de voir le film en HD en version intégrale, avec notamment la
belle scène lesbienne entre les actrices Shirley Corrigon et Ivana
Novak. A l’époque de la sortie du film, cette scène a été coupée au
montage. Les bonus (avec Alain Petit) et le livret rédigé par Christophe Bier donnent de
nombreuses infos sur le tournage du film.
Comme ce film est une co-production belge et italienne (il doit aussi y
avoir quelques francs de France), si le réalisateur et l’acteur principale sont
Belges, l’actrice principale est Italienne ainsi que le compositeur Alessandro
Alessandroni, qui nous livre ici une belle partition. Alessandro
Alessandroni est connu du « grand » public comme étant le
siffleur dans les B.O. d’Ennio Morricone, mais il a aussi composé sous
son nom de nombreuses B.O.F, ainsi que de l’illustration sonore (Library Music).
Joué au clavecin, le thème musical du film est porté par la voix
sensuelle de Giulia De Mutiis (1938-1984), -femme du maestro, dont ils auront une fille, Cynthia qui deviendra également chanteuse- qui revient régulièrement, comme un
enchantement. Quelques riffs acides et psychédéliques de la guitare, nous
installe immédiatement dans l’ambiance 70’s. Comme c’est un film gothique et d’horreur,
la musique de l’orgue donne le la, et les expérimentations sonores, parfois
proche de la musique concrète (surtout sur la face B du vinyle) sont également de
la partie. En face A, la voix érotique de Giulia De Mutiis gémie de
plaisir sur des riffs fuzz hypnotique. Comment résister à la version Dark Dreamer qui est remplie de plaisir, sans oublier quelque sifflements mélodiques du Maestro.
Certes, la face B est assez expérimentale (les fans de Coil devraient
aimer), mais la face A étant un joyau cinématique, rock psychédélique et
érotique, inutile de résister, c’est du grand art !
Après un Vol.1 qui nous avait
échappé en septembre 2021, voici la sortie du Vol.2 sur la platine disque. Glenn Fallows et Mark
Treffel est un duo anglais de Brighton qui compose une musique instrumental
cinématique, qui s’inspire des B.O. de films des années 60 et 70 et de la Library Music destinée pour la télévision et pour la radio. Notre duo reprend le
flambeau des artistes downtempo et trip-hop de la fin des années 90, début
2000. On pence à DJ Shadow, Portishead, Air, Thievery
Corporation, Zero 7, Gilles Peterson, David Holmes, les
labels MoWax et Ninja Tune.
Glenn et Mark se sont rencontrés dans le groupe de Brighton The Soul
Steppers, groupe funk soul, où Glenn jouait de la guitare et Mark
aux claviers. Glenn est un autodidacte, il ne connait pas le
solfège, Mark est un professionnel, ensemble ils vont pouvoir composer
une musique originale qui va prendre l’identité de The Globeflower Master. En tant qu’ancien DJ et animateur avec Chewy
Beatwell d’une émission de radio sur 1BTN Radio, Glenn a une culture
musicale extra large avec une préférence pour la musique instrumentale avec une
belle production classieuse, digne de David Axelrod et Quincy Jones.
Ainsi le travail quotidien de Glenn est de composer de la Library Musicpour des médiats, programmateurs. Mais cette
musique n’existe qu’en numérique. Avec le projet The Globeflower Master, les compositions de Glenn avec Mark sont
éditées sur support vinyle, que Glenn ancien DJ vénère tant. Ainsi, avec ce
projet avec Mark, Glenn est aux anges du digger qui collectionne des vinyles et qui compose de la musique originale.
Alors la musique ? Et bien elle
est 100% instrumentale et downtempo, feutrée, cinématique comme on l’aime. Dès
l’intro de Vibe Shap on est en
apesanteur bucolique, sous le charme d’un rhytme légèrement groovy et orchestral.
Les 10 morceaux suivants, sont dans la même "vibe" lounge, jazz, ambiant, pop, avec
un acoustique tout confort. Mark est aux multiples synthétiseurs, orgues,
pianos, Glenn aux guitares, aidé de trois batteurs, John Maiden
(qui a bossé avec Tricky), Timmy Rickard, Ollie Boorman,
apportant chacun leur talent sonore, complété de Milo Fell aux
percussions, Marc Clayton au tabla et Martin Bradley à la
trompette et bugle. La musique pourrait illustrer les images d’un film, ainsi à
défaut d’images, on écoute les compos en regardant la belle pochette psyché sunshine
pop réalisé par Crespo. Dans les mélodies, arrangements, on pense ici et
là à Roy Budd, David Axelrod, John Barry, Jarko Nilovic,
Alessandro Alessandroni, Ennio Morricone, Cortex, les
compilations KPM. L’album est publié
sur le label Mr Bongo, au côté de Kit
Sebastien et Project Gemini également porté sur la musique
cinématique. Après avoir découverts, Sven Wunder, Adrian Younge, Trees
Speak, la nouvelle sensation est The Globeflower Master.