Le confinement a été une période étrange,
notamment pour les artistes de l’art vivant, dont leur travail est de le
montrer, le faire écouter au public, soit une prise de contact vital et
nécessaire, tant pour l’artiste que le public. Un artiste a besoin de créer, qu’importe
la situation. Même 6 pieds sous terre ou dans les cieux, l’artiste doit
surement gesticuler et faire travailler son cerveau. Ainsi pendant le
confinement, comme il n’était plus possible de sortir, sauf pour aller voir son
médecin, acheter à manger, faire du jardinage pour les chanceux et faire un footing
dans son périmètre pour ceux qui ont besoin de l’effort physique, les concerts
en live stream .0 ont commencés à paraitre sur la toile du net, pour montrer que
l’artiste était encore en vie.
Le 24 avril 2020, le duo électro rock indus
Nova Materia, a fait une performance
live depuis son studio, le tout filmé par eux en noir et blanc. Le live, enregistré
sur un 8 pistes est intense, animal, sensuel et bouillonnant. C’est clair, après
l’écoute de leur set, notre masque de protection est déjà lavé, tant les 30
minutes et 60° d’adrénaline sont là. Ce style de performance nous mets une
pression de plus, dans l’impatience de retrouver au plus vite les salles de
concerts pour vivre les moments live à plusieurs et non pas dans son salon.
Cette performance nommé Live at Home est disponible sur toutes
les plateformes numériques, ainsi que la réédition de leur premier EP All The Way sorti initialement en 2017.
https://soundcloud.com/crammed-discs/sets/nova-materia-all-the-way/s-4j0GOBJTSho
Je profite de cette news pour remettre en ligne ma chronique de leur
album It Come (Crammed Discs) sorti
en septembre 2018.
Quand un disque sort sur le label Crammed Discs,
il y a de forte chance que l’on ne soit pas déçu. En effet ce label belge crée
en 1980, a dans son catalogue des artistes étonnants aussi divers que Colin
Newman, Minimal Compact, Bebel Gilberto, Konono n°1, Tuxedomoon, Aksak Maboul,
Megafaun, Matias Aguayo. Et bien le duo Nova Materia confirme le
goût exquis du label bruxellois en matière de musiques. Composé de deux ex membres
du groupe chilien Panico, soit la française globe trotteuse Caroline
Chaspoul et le chilien Eduardo Henriquez. Aujourd’hui installés à
Paris, Caroline et Eduardo ont composé ce premier album dans leur
studio. Nova Materia compose une musique organique avec des sons indus
et des ambiances urbaines, parfois proche de l’univers poisseuse d’un film de John
Carpenter (Assaut, Fog, The Thing). Pour avoir ce son, le duo
utilise des tubes en acier, des plaques de fer, des pierres trouvés dans des
chantiers ou dans la nature et des instruments traditionnels comme les
guitares, mais ils sont utilisés comme des objets sonores. La force de leur son
et des voix (parfois proche du chuchotement), est l’impact sensoriel qui colle
au corps. Dès les premières notes de Procession on est porté par leur
trance métallique, qui ne nous quittera pas tout au long de l’album. Fans d’Einsturzende
Neubauten, Cabaret Voltaire, Young Gods, Fad Gadget et de Maud Geffray
du groupe Scratch Massive, il y a de forte chance que vous soyez absorbé
par l’urgence de leurs magnifiques compos. Cerise sur le gâteau (sans rajout de
chantilly), il y a en guest Narumi Hérisson de Tristesse
Contemporaine qui vient chanter sur le morceau tribal/trippant Kora Kora,
à la production il y a DJ Chloé et Jérôme « Blackjoy » Caron et
la pochette arty est réalisée par Camille Vivier. Bref, aucunes
critiques négatives à formuler, tant cet album se déguste à chaque nouvelle
écoute. On y découvre à chaque instant plein de nouveaux sons qui font plaisir
à entendre. L’album de la rentrée, sans aucune hésitation !