Mad Foxes est un trio nantais qui existe
depuis 2018. Après l’album Ashamed sorti
en 2021, voici la suite avec l’album Inner
Battles. Mad Foxes compose une
musique rock qui trouve sa source dans la noise, le HC, le post punk, le
grunge, soit la réunion des années 80 et 90 pour une énergie bien vive, qui a
toute sa place en 2024. En formation trio, Mad
Foxes à encore plus de force pour aller à l’essentiel, sans fioritures inutiles.
Les riffs et la rythmique sont au taquet, mais sans tomber dans le plombant qui
assomme comme un marteau sur l’enclume. On est dans l’esprit de groupes tels
que Les Thugs, Shellac, Fugazi, Killing Joke, Helmet, Shame, Fontaines D.C. Ici le SON est
important. Il faut que ça percute nos sens ! C’est Christophe Hogommat qui s’est occupé de l’enregistrement, le mix a
été confié à Joris Saidani (Birts in
Row, Fragments), et le master a été réalisé par Thibault Chaumont qui a bossé pour It It Amanita et… Lana Del Rey. Nos trois techniciens se sont bien investis
pour rendre les 10 compos de Mad Foxes
bien charpentées. Si l’énergie est en avant-poste, cela n’empêche pas de
baisser d’un ton sur Flashes. Mention
spéciale au morceau Jungle Knives et son
tempo post-punk indus début 80, bien sec qui met en valeur la voix du chanteur. Sur ce sur titre, sa voix est plus posée, pas besoin de hurler. Au final, un deuxième album qui a du
piquant et qui devrait plaire aux amateurs du genre, le post punk HC qui envoie
du SON pas sage.
Le trio Mad
Foxes sera en concert à La
Maroquinerie à Paris le 26 mars 2024
Ouf on respire, le génie du maestro Dario Argento est revenu avec son
dernier film Lunettes noirs (Occhiali Neri en VO) sortie en Italie en février
2022. Après les mauvais Dracula 3D
(2012) et Giallo (2009), on s’inquiétait
pourlui sur sa santé créative. Son
dernier génie, étant finalement la publication de son autobiographie Peur (2018-Rouge Profond), qui est un magnifique livre, très plaisant à lire -ce
qui n’est pas le cas du Seigneur du
désordre (éditions Camion Blanc) l’autobiographie
de l’acteur Christopher Lee qui
parle tout au long des 700 pages de sa passion pour le golf et à peine de
Dracula -juste un petit chapitre de 10 pages à partir de la page 615-, en survolant sa filmographie Hammer Films et ses nombreux rôles au coté de Peter Cushing-. Oui, Lunettes
Noires c’est du GRAND Dario Argento,
le maitre du giallo, du thriller, de l’angoisse. Tant au niveau du scénario
(côté intrigue, le tueur en série est vite montré, l’histoire est ailleurs), de
la mise en scène, des images -en cinémascope-, cadrages magnifiques, une
lumière contrastée juste étonnante, une musique qui fait partie intégrante du
film, comme une seconde peau (chapeau à
Arnaud Rebotini) et au centre
du film, l’actrice italienne Ilenia
Pastorelli (inconnue en France) qui montre ici son talent pour toute les
situations. Car l’ami Dario Argento
ne l’a pas ménagé, son rôle n’est pas de tout repos. Elle joue le personnage de
Diana, une call-girl qui ne se fait
pas marcher sur les pieds. Elle est forte et intraitable avec ses clients,
jusqu’au jour… on n’en dira pas plus. Juste qu’elle va avoir un grave accident
de voiture, qui va tuer un couple de chinois et heureusement laisser en vie leur jeune
fils. Suite à l’accident, Diana se
retrouve aveugle, sa vie de femme forte va basculer, la rendre fragile,
dépendante. Son handicap, va la faire traverser des épreuves, réapprendre à s’organiser.
Rita (Asia Argento) une assistante pour aveugles, va l’aider à remonter
la pente, ainsi que l’enfant, devenue orphelin, va trouver en Diana une nouvelle maman.
Le scénario de Lunettes
noirs date du début des années 2000. Le film n’a pas pu se faire, ainsi le
manuscrit est resté dormir dans un tiroir. Jusqu’au jour où Asia Argento, faisant des recherches
pour son autobiographie (Anatomie d’un cœur
sauvage sortie en 2021 chez French
Editions) met la main dessus. Elle le lit, l’adore et demande à son père de
le réaliser. Très bonne idée, vu le résultat. A noter qu’il commence le
tournage du film en juillet 2021, juste après son rôle en tant qu’acteur dans
le film Vortex de Gaspard Noé.
Un petit mot sur la B.O. composée par Arnaud Rebotini (Black Strobe, Zen
Avesta). C’est grâce à Asia Argento,
qu’il se retrouve à travailler avec Dario
Argento. Rebotini a remplacé un
premier compositeur qui finalement ne correspondait pas au projet, et Dario, grâce à sa fille Asia découvre la musique du français Rebotini. En plus sa colle bien, car le
film est une coproduction franco-italienne. Ils ont tous les deux travaillés à
distance, Dario envoie les images, Arnaud compose illico la musique. Fan
de Goblin et d’Argento, il connait l’environnement sonore. Il va reprendre l’idée
de la clochette (qui ramène à l’enfance) déjà utilisé par les Goblin pour la B.O. de Les Frissons de l’angoisse (1975), thème
qu’on retrouve aussi dans le morceau Tubular
Bells de Mike Oldfield, que William Franklin a utilisé pour son film
L’Exorciste (1973). Si le style Goblin est présent, la vision de Rebotini n’est pas une copie. Le côté
prog des Goblin est évacué, pour un
style électro techno dark minimal, qui se rapproche des compos de John Carpenter (lui aussi influencé par Goblin). Dario Argento a
été complètement séduit du résultat. Il a utilisé la musique comme un élément
aussi important qu’un personnage. La musique se mari à merveille avec les
images. C’est un beau cadeau qu’il a fait à Arnaud Rebotini.
En France, Lunettes
Noires n’est pas sortie en salles. Il y a eu une projection le 6 juillet
2022 à La Cinémathèque de Paris lors d’une rétrospective consacré au maitre de
l’angoisse. De par sa qualité visuelle et scénaristique, Lunettes noirs aurait mérité une sortie nationale, comme la B.O. du
film sorti chez les disquaires. Pour les spectateurs français, c’est donc la
sortie du Blu-ray chez Extra Lucid Films
qui permet de le découvrir. Après avoir publié Trauma en 2022, Extra Lucid
Films frappe fort en publiant quatre films de Dario Argento en Blu-ray : Le
Syndrome de Stendhal, Le Sang des
innocents, The Cart player et Lunettes noires. Chaque Blu-ray contient
de nombreux bonus (le pompon est pour le Syndrome
de Stendal avec plus de deux heures de bonus) et un livret de avec de
nombreuses photos, le tout dans un coffret cartonné. Pour notre sujet du jour,
la qualité du Blu-ray de Lunettes noires est au rendez-vous. Le rendu des
images et du son, sont magnifiques. Découvrir ce film dans ses conditions (à
défaut d’un écran de cinéma) est un régal qui met le film en valeur. Chapeau à Extra Lucid Films !