Le feuilleton télévisé italien Les Aventures de Pinocchio réalisé par Luigi Comencini (1916-2007) est mon premier souvenir télévisuel marquant. Mes parents achètent leur première télévision noir et blanc en 1971, année de mes 6 ans. La série est diffusée en noir et blanc sur la première chaine de l’ORTF du 19 au 31 décembre 1972. C’est la période de Noël, vacances scolaires avec le feu de cheminée, impossible d’oublier cette première diffusion des 6 épisodes de 55 minutes. Pinocchio est un conte de fée imaginé par Carlo Collodi (1826-1890) à partir de juillet 1881 dans le Journal des enfants. Dès les premiers épisodes, le pantin de bois rencontre un immense succès. L'ouvrage paraît ensuite en un seul volume en 1883. Dès 1911, Piccochio est adapté pour le cinéma par Giulio Antamoro. Jusqu’à ce jour, il y a eu de nombreuses adaptations, tant en films, dessins animés (le plus célèbre étant la version de 1940 par Walt Disney) et livres pour enfants. Pour ma part je n’ai vu que la version de Comencini (la version de Roberto Benigni de 2002 ne m’a pas attiré) et je pense que c’est la plus originale, de par son ambiance (la pauvreté en Toscane à la fin 19ème siècle, et la fête foraine se mélangent avec magie) et surtout ses acteurs. Pinocchio est une marionnette créée par le pauvre menuisier Geppetto. Une fée transforme notre marionnette en bois en un petit garçon de chair et de sang. Mais attention, s’il fait des bêtises, il retrouve sa forme de pantin. Le jeune acteur Andrea Balestri joue à merveille le personnage de Pinocchio. Avec son regard espiègle, il a tous les attributs pour faire les 400 coups, se faire influencer par le premier venu, bref donner bien des soucis à son menuisier de père Geppetto qui voudrait bien l’élever, malgré sa pauvreté en enfant modèle qui va à l’école. C’est le grand acteur italien Nino Manfredi qui a le rôle de Geppetto. Il brille de par son jeu. Enfant, on est en peine de voir son personnage si pauvre, mais si avenant avec son petit garçon. On aimerait avoir un père aussi attentionné que lui, qui s’intéresse à l’avenir de son enfant. Autre grand nom (et sex-symbol) du cinéma italien, Gina Lollobrigida (1927-2023) qui a le rôle de la fée Turquoise. Autant dire qu’avec son costume de fée, son sourire, elle a fait rêver beaucoup d’enfants. A noter que le réalisateur italien Vittorio De Sica, a un petit rôle, celui du juge. Petite précision, à part son rôle marquant dans Pinocchio, Andrea Balestri fera juste trois films (jamais sortis en France) entre 1972 et 1975. Adulte il ne sera pas acteur, mais fera divers métiers comme maçon ou carrossier. A partir des années 2000 il revient dans les médias, conventions sur son rôle de Pinocchio. En 2008, il publie son livre autobiographique Io, Il Pinocchio di Comencini (Sasso Scritto Editore), non traduit en français.
Couverture du livre souvenirs écrit par Andrea Balestri
Affiche Italienne du film. En intro, l’affiche française.
Dans le titre du feuilleton, il y a "Les Aventures". C’est le moteur "aventures" qui va marquer les esprits, on ne s’ennuie pas un seul instant, car Pinocchio ne va pas rester sagement suivre ses cours à l’école, au contraire il va beaucoup bouger et faire des « mauvaises » rencontres qui vont le former (l’école de la vie !) pour l’âge adulte. Enfant, voir à la télé un gamin de son âge faire des bêtises, cela donne un plaisir… coupable. En prime chaque épisode fini avec un suspens qui nous fait languir pour voir la suite. Parmi tous les moments forts de la série, il y a les passages où l'enfant redevient une marionnette, car il a fait une bêtise (on a tous pleuré pour lui), et surtout, il y a celui du passage à l’intérieur de la baleine. Car une baleine à avalé notre chenapan Pinocchio, qui retrouve à l’intérieur son papa Geppetto parti à sa recherche. Ce passage est proche du cinéma fantastique. Enfant cette longue séquence à l’intérieur de la baleine fait peur et rêver. Du grand art ! Autre point marquant, la musique composée par Fiorenzo Carpi (1918-1997). Le thème joué à la flûte-guitare sèche est magnifique et trotte dans la tête pendant et après toute la durée des six épisodes. Sa mélodie nous entraine à suivre de bon pas les aventures de notre Pinocchio espiègle.
Photos tirées du film
En 1975, Les
Aventures de Pinocchio sort au cinéma dans une version de 135 minutes. J’ai
découvert cette version au tout début des années 90, avec une projection dans
le cinéma le Berry à Paris dans le
quartier de Belleville, avec à la caisse la gérante Christiane Leproux. Je me rappelle que l’écran n’était qu’un simple
drap, plus très blanc. Mais qu’importe, voir cette version courte de la série
qui a bercé mon enfance est un bon souvenir. A noter qu’aujourd’hui le Berry (fermé en 1994) a fait place au
Berry-Zèbre, un petit cirque-cabaret
bien sympathique. Le Pinocchio version cinéma est souvent présenté dans les programmes pour enfants des cinémas Art et Essai. Programmes à surveiller, si vous désirez voir le Pinocchio de Comencini sur grand écran.
Jaquette du DVD italien qui contient les 6 épisodes du feuilleton
A ce jour, la série n’est pas sortie en DVD. Pour ceux qui parlent italien, ils peuvent se rabattre sur le DVD italien. Par contre la version cinéma est sortie en DVD (avec dans les bonus une interview d’Andrea Balestri qui reviens sur son rôle de Pinocchio) et en Blu-ray. Côté musique, on peut chiner, l’album (pressage italien et français avec une pochette différente), un 45 tours en version française interprété par Les Marlys, un livre disque 25cm, un CD et un coffret 3 CD édité chez Beat Records. Il aussi de nombreux livres tous formats avec des photos de la série. Ce qui montre qu’à l’époque en France, Les Aventures de Pinocchio fut un succès.
Pour clore cette chronique « souvenirs », voici quelques « produits » dérivés du Pinocchio de Comencini.
Pochette du 33 tours pressage français sorti en 1975 (Pathé Marconi)
45 tours édition française sorti en 1972 (Studio X LA Productions)
Livre disque 25 cm édition française sorti en 1973 (Le Petit Ménestrel)
Deux livres illustrés pour enfant (texte du récit avec photos) sortis en 1972, 1973
Pochette du CD sorti en 1996 (Cam)
Pochette du coffret CD sorti en 2019 (Beat Records-Digitmovies)
Jaquettes des deux éditions DVD sorties en France, en 2000 (Doriane Films) et 2020 restauré (Le Pacte)