lundi 7 août 2023

CHARIF MEGARBANE "Marzipan" (Habibi Funk) – 14 juillet 2023

L’ami Franck de Bruxelles m’a signalé la sortie de l’album Marzipan du compositeur libanais et multi-instrumentiste Charif Megarbane. Avant l’écoute de ce 2ème album sous son nom, je n’avais jamais entendu parler de lui. Pourtant il a publié sur 10 ans plus de 80 albums (en format numérique sur son label Hisstology Records) sous diverses entités en solo ou en groupe : Cosmic Anoalog Ensemble, The Free Association Syndicate, The Submarine Chronicles, Trans-Mara Express, Heroes & Villains. Sa musique est un heureux mélange de styles qui fait plaisir à écouter. On y trouve de la B.O. de film fantasmé, de l’exotica, de la musique orientale, de la Library music, du psyché turque bucolique, du trip-hop, du lounge, du jazz, du funk, avec un point commun qui relie les styles, c’est le groove, le voyage intérieur sous le soleil de l’orient, la couleur dominante du musicien natif de Beyrouth. Barbarella et les agents secrets James Bond et OSS 117 ne sont pas loin. Son travail fait penser à celui de l’artiste suédois Sven Wunder, dans l’art de faire perdurer les musiques stylées « illustrations sonores » des années 60 et 70, école Ennio Morricone, Alessandro Alessandroni, Janko Nilovic.

Charif Magarbane est un pur autodidacte. Il a juste prit quelques leçons de guitare quand il était enfant, pour le reste, c’est la création qui lui permet d’apprendre à jouer d’un nouveau instrument. Comme François de Roubaix, notre musicien joue de tout type d’instrument. Déjà, il a une flopé de guitares, de synthétiseurs (Moog, Rhodes, Farfissa, Mellotron). Il joue aussi du sitar, piano, flûte, vibraphone, batterie, percussions, bref c’est un vrais homme- orchestre. Évidemment, il est également à la production, aux arrangements. Comme il a son propre label, il diffuse sa musique au gré de ses nouvelles créations. Il compose chez lui, parmi son jardin d’instruments. Il ne garde que 10 à 20 % de ses créations qu’il met en ligne sur le site de son label Hisstology.

Exception à la règle, Marzipan n’est pas publié sur son label Hisstology, mais sur le label allemand Habibi Funk, spécialisé dans les rééditions de musiques world qui groove, principalement arabe datant des années 70’s. Charif Megarbane est le premier artiste contemporain publié sur Habibi Funk. Ainsi ce nouvel album sort en dur, au format vinyle et CD, avec en prime un booklet avec une interview de Charif Megarbane. La pochette reprend les codes visuels du label, ainsi notre musicien contemporain se retrouve dans la famille des artistes du Maghreb des années 60, 70 et 80, sans qu’un téléphone portable dernière génération ou un drone viennent perturber la photo. Pour cet album en dur, Charif Megarbane n’a pas été avare en compos, il y en a 17, soit 45 minutes de musique qui remplissent bien les deux faces du vinyle. Les morceaux sont principalement instrumentaux, mais de temps à autre des chœurs en filigrane apparaissent. Ses compos sont une porte ouverte vers l’orient, avec des images solaires en cinémascope. Il y a ici un mix entre Ennio Morricone, Altin Gun, Projet Gemini, Thievery Corporation et Sven Wunder. Bref, pour les amateurs de B.O.F sous le soleil de l'Orient, ce Marzipan (pâte d’amande en VF) est chaudement recommandé !

https://habibifunkrecords.bandcamp.com/album/habibi-funk-023-marzipan

https://hisstology.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/habibifunk






dimanche 6 août 2023

MELENAS présente "Bang" extrait de l’album "Ahora" qui sortira le 29 septembre 2023


Chouette, à la rentrée on va savourer les nouvelles compos du groupe espagnol Melenas. Ahora sera leur 3ème long format, et vu la qualité du premier extrait titré Bang, un pur single qui porte bien son titre, à fredonner sous la douche où à l’heure de l’apéro, il est clair que les quatre filles de Melenas sont une fois de plus bien inspiré. Elles donnent du sang neuf au style indie noisy pop ligne clair. Avec Bang, elles rajoutent une touche new wave, Orchestral Manoeuvres in the Dark, quelles avaient déjà amorcé sur leur reprise d’Eisbaer de Grauzone devenue en espagnol  Osa Polar. Bang a tous les ingrédients mélodiques pour faire entrer le soleil dans nos cœurs.

Ahora (Trouble in Mind/Modulor), disponible à partir du 29 septembre 2023


https://melenas.bandcamp.com/album/ahora

https://www.facebook.com/melenasband


samedi 5 août 2023

Mes nuits avec MIMSY FARMER

De 1969 à 1975 l’actrice franco américaine Mimsy Farmer joue dans quatre films européens devenue cultes : En 1969, More de Barbet Schroeder (dont c’est son premier film en tant que réalisateur) avec une musique de Pink Floyd, en 1971, La Route de Salina de Georges Lautner avec une musique de Christophe, en 1972, 4 Mouches de velours gris de Dario Argento avec une musique de Ennio Morricone et en 1975, La Traque de Serge Leroy. Certes un niveau en dessous du point de vue qualité, on peut rajouter les trillers horrifiques Le Parfum de la Dame en noir de Francesco Barilli (1974), Frissons d’Horreur d’Armando Crispino (1975) et plus tard, Le Chat noir de Lucio Fulci (1981).

 

Avant sa belle carrière d’actrice en Europe (souvent dans des rôles difficiles : une junkie dans More, une fille violé puis traqué par son agresseur accompagné de ses amis dans La Traque), Mimsy Farmer a eu également une belle carrière aux États-Unis, tant au cinéma, notamment dans des productions Roger Corman (Les Anges de l’enfer avec John Cassavetes, The Wild Racers), qu’à la télévision, avec des petits rôles dans les séries Au-delà du réel, Perry Masson, Lassie. C’est par l’intermédiaire de Roger Corman au marché du film à Cannes, que Barbet Schroeder rencontre Mimsy Farmer. De pars ses rôles dans les films Bis de biker chez Corman, ainsi que le film hippie Riot on Sunset Strip d’Arthur Dreifuss, Mimsy Farmer avait le profil pour jouer Estelle, une femme fatale junkie sous le soleil d’Ibiza. Son rôle a dus séduire Georges Lautner qui l’a engagé pour non pas jouer à Ibiza, mais aux Iles Canaries, toujours dans l’ambiance hippie 70. Là, Mimsy Farmer joue le rôle de Mara, soi-disant la sœur du jeune hippie Jonas de retour au pays. Dario Argento a également beaucoup aimé Mimsy Farmer dans le film More (c’est ce qu’il écrit page 136 dans son Autobiographie Peur -édition Rouge profond-, livre chaudement recommandé), à croire que ce film est le point culminant de sa carrière européenne. Dans le livre 1969 Tous azimuts (Collectif STm) rédigé par des fans de Pink Floyd qui nous racontent tout ce que leur groupe chéri a fait en 1969, il y a évidemment un long dossier sur More. Page 80, on apprend que Mimsy Farmer n’aime pas le film. Le fan des flamands roses Franck Guillem a trouvé dans un article de Gérard Davet et Fabrice Lhomme écrit dans Le Monde du 15 août 1988 ces propos de Mimsy Farmer au sujet du film More: « Je le trouve médiocre, son succès m’avait étonnée (…) j’ai signé un contrat incroyablement défavorable (…) Mais bon, Ibiza, à part les quelques nazis qui trainaient, c’était chouette ! » (Mimsy Farmer, changement de décor -Le Monde-). Ainsi, c’est surtout le cadre d’Ibiza qui l’a plus enthousiasmé, que celui de jouer le personnage d’Estelle. Mais sans More, sa carrière en Europe aurait-elle eu autant d’impact ?


Si dans le film More, les scènes de fix-piquouze ne sont pas frontales, par contre la scène de viol dans le film La Traque met le spectateur mal à l’aise. Dans les bonus du Blu-ray édité par Le Chat qui fume, il y a une interview d’époque de Mimsy Farmer dans l’émission Cinéscope diffusé dans la télé belge. Elle revient sur le tournage du film. Si pour elle, le tournage a été fatigant physiquement (elle est traquée par des chasseurs pendant les ¾ du film), elle a trouvé son rôle gratifiant du point de vue « jeu ». Pour elle, La Traque est un film féministe, pas du tout sadique. Je ne peux que vous recommander de voir ce film étonnant, pour vous faire votre propre idée. A noté qu’elle retrouve dans La Traque l’acteur Jean-Pierre Marielle, déjà présent dans le film 4 Mouches de velours gris.


Le titre de ma chronique, Mes nuits avec Mimsy Farmer, c’est bien sûr pour l’accroche, car évidemment, je dors très bien sans la présence de Mimsy Farmer à mes côtés. Évidemment, c’est toujours un plaisir de la voir jouer dans un film, car sa présence est forte et étonnante. Elle alpague tout l’espace, tout l’écran. Elle a un jeu très personnel, qui attire le regard du spectateur. Ses cheveux court à la Jean Seberg ou Jane Birkin dans le film Je t’aime moi non plus, lui donne un style garçon, tout en étant très féminine. Le choix de ses films est aussi un atout, du moins pour l’amateur du cinéma de genre, du cinéma qui raconte la fin des années 60, les années 70’s. En 1988, elle décide de mettre un terme à sa carrière d’actrice, car les rôles qu’on lui propose ne lui plaisent pas. Elle fera juste une apparition dans le téléfilm Safari réalisé en 1991 par son ami Roger Vadim. Installé en France, dans le Loiret, depuis 1992, elle réalise avec son mari des sculptures pour les décors de théâtre et de… cinéma, comme quoi le 7ème art n’est jamais loin, surtout quand on est tombé dedans à l’âge de 16 ans.