Une
américaine au chant, un anglais aux claviers, troisparisiens à la guitare, basse, batterie, un
style british aux influences Mods, Swinging London et mademoiselle, pop en avant
toute, voici le groupe stylé French Boutik, avec en poche un troisième album
tout nouveau, tout beau. L’album contient 12 compositions, dont neuf chantées
en français et deux reprises-relectures, Mama
weer all crazee now de Slade et Comme Ferry adapté du morceau More than this de Roxy Music. Comme sur le précédent album L’Âme deParis (sorti en
2019), Ce je ne sais quoi est produit
par Andy Lewis, ancien bassiste de l’ex Jam/Style Council, Paul Weller, artiste chouchou
des membres de French Boutik. A noter, le "K" de Boutik est là
pour montrer leur amour envers le groupe The Kinks. Bref beaucoup de
références, mais pas d’inquiétude, French
Boutik n’est pas noyé, au contraire, il tient bien le cap, avec un
savoir-faire indéniable pour composer des morceaux sixties pop frenchy, qui
sonnent délicieusement bien à l’oreille.
La voix
solaire de Gabriela Giacoman
entraine avec elle les quatre garçons de la boutique (Serge Hoffman - guitare-voix, Jean-Marc
Joannès - basse, Gilles François-batterie,
Toby Kinder - claviers) et les deux guests
(Susanne Shields - flûte, Graham Lentz - percussions) pour le
meilleur du Swinging Paris en format EP 4 titres fantasmé qu’on imaginerait dénicher chez le
guitariste et compositeur Serge Hoffman,
qui a -pour de vrais- un stand de bouquiniste (les fameuses boîtes vertes wagon) sur les quais
de Seine à Paris. Sur l’album, on retrouve des clins d’œil aux chanteuses des sixties,
tel le titre Mortor Girl qui évoque
le titre Roller Girl composé par Serge Gainsbourg et interprété par Anna Karina. Dans l’esprit de s’évader
dans les sixties stylés, classieux, on pense au groupe anglais Saint Etienne et la chanteuse
américaine April March. Coté
arrangements, mélodies, énergies communicative, French Boutik est à son aise, a plus d’un tour dans son sac Courrèges pour nous emballer, nous
entrainer pour une soirée improvisée, où la musique est au centre de la fête.
Oui French Boutik a Ce je ne sais quoi musical qui accroche de suite. Ne soyez
pas timide, entrer dans la danse avec French
Boutik !
French Boutik sera en
concert avec les excellents Messer Chups
au Supersonic (Paris) le 31 mai 2023
Les amateurs de musique punk HC, rock alternatif sont aux anges, avec
la publication en combo Blu-ray/DVD du film Suburbia
par l’éditeur The Ecstasy of Films.
Ce film réalisé par Penelope Spheeris est sorti en salle sur les écrans
français le 16 avril 1984 sous le titre Les
Loubards et publié quelques années plus tard en VHS. Il a fallu attendre le
23 mars 2023 pour (re)voir ce film dans de bonne condition HD, avec une
restauration 2K disponible en deux formats, 1.85 et 1.78.
Jaquette de la VHS française
En 1974, Penelope Spheeris a créé sa boite Rock’n Reel pour
faire des clips pour les groupes : Fleetwood Mac, Curtis Mayfiel,
Funkadelic. Mais ce travail reste alimentaire. Les groupes commandés auprès des
majors ne sont pas toujours à son goût, elle préfère le milieu punk rock
alternatif.
Après avoir réalisé en 1981, le documentaire The Decline of Western Civilization, consacré à la scène punk rock HC de Los Angeles avec Black Flag (Henry Rollins au chant), Circles Jecks, X, The Germs, Fear…
Penelope Spheeris décide de traiter à nouveau le sujet du punk rock de Los Angeles, mais dans un
film avec un scénario qui parle de son vécu dans le milieu punk rock, ainsi que
des souvenirs de proches liés à la musique alternative.
Synopsis :
"Dans une
banlieue pavillonnaire américaine, un fugueur d'une quinzaine d'années
rencontre une bande de punks qui squattent une vieille maison, échappant ainsi
à une vie de famille franchement malsaine ou à un ennui profond. Pendant ce temps-là,
dans les rues, des hordes de chiens errants agressent les passants. Une milice citoyenne
s'organise…".
Après avoir récolté une partie de l’argent, elle
se tourne vers Roger Corman pour compléter la somme nécessaire pour
réaliser son film. Elle connait Roger Corman, elle a eu un petit rôle dans
le film Naked Angels réalisé par Bruce
D. Clark (1969), et sa sœur travaille dans la déco pour Corman. Le
producteur radin accepte de produire le film, à condition qu’il y ait toutes
les 10 minutes une scène de sexe ou de violence. Corman projette ce film
dans la catégorie "teenploitation", mais ce n’est pas le projet de Penelope
Spheesis, qui désire réaliser un film sérieux, proche du documentaire, pour
montrer les jeunes punk abandonnées par leur famille (parents alcooliques, père
violent, ou au meure pas adapté pour un ado), qui trouvent dans le milieu des
squats, des amis qui deviennent leur famille. Malgré tout, pour satisfaire le
cahier des charges de Corman, il y a quelques scènes de nudités, de
violence, mais les trois quart du film montre la vie de la bande de punks (nommée
T.R. - The Rejected) dans la banlieue pavillonnaire ("suburbia" en VO) abandonné,
leurs contacts conflictuels avec les riverains, dont des reednecks qui n’aiment
pas la différence et surtout leurs sorties dans les concerts, qui permettent de
voir des live de D.I., Vandals, The Germs, T.S.O.L.
Ainsi Suburbia est le témoignage d’une
époque, où la musique punk rock faisait peur, pouvais créer de la violence
entre le public punk et l’américain lambda. Porter à Los Angeles en 1981 une
crête iroquoise, le crâne rasé était un
signe extérieur qui pouvait s’attirer des ennuis. Les punks du film, sont des
vrais punks et non des acteurs professionnels, ce qui donne une touche
authentique à l’histoire. Parmi ces punks, notons la présence du jeune Michael
Peter Balzary, alors âgée de 19 ans, qui deviendra le bassiste des Red
Hot Chili Peppers. Il a une scène étonnante, où il met la tête d’un rat
dans sa bouche. La mise en scène de Penelope Spheeris permet de suivre
les pérégrinations des T.R. sans tomber dans le gratuit, mais en plaçant, l’humain,
l’instinct de survie en première place. A noter qu’en 1981, les réalisatrices
ne couraient pas les rues, on peut tirer un coup de chapeau pour Penelope
Spheeris, qui a réussis à mener à bien son film, qui n’a pas pris une ride
en 2023. Au contraire.
Le combo Blu-ray/DVD contient en bonus une
interview de Penelope Spheeris (après Suburbia, elle va notamment réaliser
les films The Boys Next Door, Wayne’s World), un entretien avec le
critique Julien Sévéon qui revient sur la carrière de la réalisatrice et
sur la scène punk HC de Los Angeles au début des années 80’s. Dans l’interview
de Penelope Spheeris, on apprend que le duo Pet Shop Boys, a
composé le morceau Suburbia (1986) illustré
d’une vidéo qui a pompé de nombreuses idées de son film, sans demander l’autorisation.
Mais elle ne leur en veut pas. En effet le clip ne s’est pas privé de s'inspirer avec forces des images du film.