mercredi 12 avril 2023

FRENCH BOUTIK "Ce je ne sais quoi" (Milano Records/Kuroneko) – 14 avril 2023

Une américaine au chant, un anglais aux claviers, trois  parisiens à la guitare, basse, batterie, un style british aux influences Mods, Swinging London et mademoiselle, pop en avant toute, voici le groupe stylé French Boutik, avec en poche un troisième album tout nouveau, tout beau. L’album contient 12 compositions, dont neuf chantées en français et deux reprises-relectures, Mama weer all crazee now de Slade et Comme Ferry adapté du morceau More than this de Roxy Music. Comme sur le précédent album L’Âme de Paris (sorti en 2019), Ce je ne sais quoi est produit par Andy Lewis, ancien bassiste de l’ex Jam/Style Council, Paul Weller, artiste chouchou des membres de French Boutik. A noter, le "K" de Boutik est là pour montrer leur amour envers le groupe The Kinks. Bref beaucoup de références, mais pas d’inquiétude, French Boutik n’est pas noyé, au contraire, il tient bien le cap, avec un savoir-faire indéniable pour composer des morceaux sixties pop frenchy, qui sonnent délicieusement bien à l’oreille.

La voix solaire de Gabriela Giacoman entraine avec elle les quatre garçons de la boutique (Serge Hoffman - guitare-voix, Jean-Marc Joannès - basse, Gilles François-batterie, Toby Kinder - claviers) et les deux guests (Susanne Shields - flûte, Graham Lentz - percussions) pour le meilleur du Swinging Paris en format EP 4 titres fantasmé qu’on imaginerait dénicher chez le guitariste et compositeur Serge Hoffman, qui a -pour de vrais- un stand de bouquiniste (les fameuses boîtes vertes wagon) sur les quais de Seine à Paris. Sur l’album, on retrouve des clins d’œil aux chanteuses des sixties, tel le titre Mortor Girl qui évoque le titre Roller Girl composé par Serge Gainsbourg et interprété par Anna Karina. Dans l’esprit de s’évader dans les sixties stylés, classieux, on pense au groupe anglais Saint Etienne et la chanteuse américaine April March. Coté arrangements, mélodies, énergies communicative, French Boutik est à son aise, a plus d’un tour dans son sac Courrèges pour nous emballer, nous entrainer pour une soirée improvisée, où la musique est au centre de la fête. Oui French Boutik a Ce je ne sais quoi  musical qui accroche de suite. Ne soyez pas timide, entrer dans la danse avec French Boutik !

French Boutik sera en concert avec les excellents Messer Chups au Supersonic (Paris) le 31 mai 2023

https://www.facebook.com/frenchboutik/?locale=fr_FR


mardi 11 avril 2023

SUBURBIA de Penelope Spheeris (The Ecstasy Of Films) – 23 mars 2023

Les amateurs de musique punk HC, rock alternatif sont aux anges, avec la publication en combo Blu-ray/DVD du film Suburbia par l’éditeur The Ecstasy of Films. Ce film réalisé par Penelope Spheeris est sorti en salle sur les écrans français le 16 avril 1984 sous le titre Les Loubards et publié quelques années plus tard en VHS. Il a fallu attendre le 23 mars 2023 pour (re)voir ce film dans de bonne condition HD, avec une restauration 2K disponible en deux formats, 1.85 et 1.78.

Jaquette de la VHS française

En 1974, Penelope Spheeris a créé sa boite Rock’n Reel pour faire des clips pour les groupes : Fleetwood Mac, Curtis Mayfiel, Funkadelic. Mais ce travail reste alimentaire. Les groupes commandés auprès des majors ne sont pas toujours à son goût, elle préfère le milieu punk rock alternatif.

Après avoir réalisé en 1981, le documentaire The Decline of Western Civilization, consacré à la scène punk rock  HC de Los Angeles avec Black Flag (Henry Rollins au chant), Circles Jecks, X, The Germs, FearPenelope Spheeris décide de traiter à nouveau  le sujet du punk rock de Los Angeles, mais dans un film avec un scénario qui parle de son vécu dans le milieu punk rock, ainsi que des souvenirs de proches liés à la musique alternative.

Synopsis :

"Dans une banlieue pavillonnaire américaine, un fugueur d'une quinzaine d'années rencontre une bande de punks qui squattent une vieille maison, échappant ainsi à une vie de famille franchement malsaine ou à un ennui profond. Pendant ce temps-là, dans les rues, des hordes de chiens errants agressent les passants. Une milice citoyenne s'organise…".

Après avoir récolté une partie de l’argent, elle se tourne vers Roger Corman pour compléter la somme nécessaire pour réaliser son film. Elle connait Roger Corman, elle a eu un petit rôle dans le film Naked Angels réalisé par Bruce D. Clark (1969), et sa sœur travaille dans la déco pour Corman. Le producteur radin accepte de produire le film, à condition qu’il y ait toutes les 10 minutes une scène de sexe ou de violence. Corman projette ce film dans la catégorie "teenploitation", mais ce n’est pas le projet de Penelope Spheesis, qui désire réaliser un film sérieux, proche du documentaire, pour montrer les jeunes punk abandonnées par leur famille (parents alcooliques, père violent, ou au meure pas adapté pour un ado), qui trouvent dans le milieu des squats, des amis qui deviennent leur famille. Malgré tout, pour satisfaire le cahier des charges de Corman, il y a quelques scènes de nudités, de violence, mais les trois quart du film montre la vie de la bande de punks (nommée T.R. - The Rejected) dans la banlieue pavillonnaire ("suburbia" en VO) abandonné, leurs contacts conflictuels avec les riverains, dont des reednecks qui n’aiment pas la différence et surtout leurs sorties dans les concerts, qui permettent de voir des live de D.I., Vandals, The Germs, T.S.O.L. Ainsi Suburbia est le témoignage d’une époque, où la musique punk rock faisait peur, pouvais créer de la violence entre le public punk et l’américain lambda. Porter à Los Angeles en 1981 une crête iroquoise, le crâne rasé était un signe extérieur qui pouvait s’attirer des ennuis. Les punks du film, sont des vrais punks et non des acteurs professionnels, ce qui donne une touche authentique à l’histoire. Parmi ces punks, notons la présence du jeune Michael Peter Balzary, alors âgée de 19 ans, qui deviendra le bassiste des Red Hot Chili Peppers. Il a une scène étonnante, où il met la tête d’un rat dans sa bouche. La mise en scène de Penelope Spheeris permet de suivre les pérégrinations des T.R. sans tomber dans le gratuit, mais en plaçant, l’humain, l’instinct de survie en première place. A noter qu’en 1981, les réalisatrices ne couraient pas les rues, on peut tirer un coup de chapeau pour Penelope Spheeris, qui a réussis à mener à bien son film, qui n’a pas pris une ride en 2023. Au contraire.  

Le combo Blu-ray/DVD contient en bonus une interview de Penelope Spheeris (après Suburbia, elle va notamment réaliser les films The Boys Next Door, Wayne’s World), un entretien avec le critique Julien Sévéon qui revient sur la carrière de la réalisatrice et sur la scène punk HC de Los Angeles au début des années 80’s. Dans l’interview de Penelope Spheeris, on apprend que le duo Pet Shop Boys, a composé le morceau Suburbia (1986) illustré d’une vidéo qui a pompé de nombreuses idées de son film, sans demander l’autorisation. Mais elle ne leur en veut pas. En effet le clip ne s’est pas privé de s'inspirer avec forces des images du film.

 

Suburbia est dans le TOP 10 films de la boutique Hors Circuits à Paris : https://paskallarsen.blogspot.com/2022/11/hors-circuits-top-10-films.html

https://the-ecstasy-of-films.com/index.php?id_product=81&controller=product

https://www.facebook.com/people/The-Ecstasy-Of-Films/100064773605868/

https://penelopespheeris.com/