Index For
Working Musik est le nouveau groupe de Max
Oscarnold (chant, guitare), Nathalia Bruno (basse, voix), Bobby
Voltaire (batterie), tous les trois membres du groupe The Proper
Ornaments, faisant ainsi une petite indiscrétion à James Hoare, seul
membre de The Proper Ornaments à
ne pas être de la partie. Par contre il y a Joe Loftus (guitare) et
Edgar Smith (contrebasse) pour compléter le trio. C’est en 2019 que le
projet a pris forme à Barcelone, suite de la découverte de Max et Nathalia
d’une série de photocopie trouvée dans une ruelle, dont un essai titré Men Possessed by God,
consacré aux premiers ermites, le tout avec des images sacrées et profanes. De
retours à Londres, ces photocopies ont semées leur petite graine dans la tête de
nos artistes. Max et Nathalia ont commencés à écrire quelques
notes dans leur studio 8 pistes, puis ont proposés à leurs amis musiciens de les
rejoindre.
Photo @ Steve Gullick
Le
résultat donne un album de 11 morceaux, avec un titre digne d’une thèse : Dragging The Needlework for The Kids at Uphole. Les notes de pochette
regorgent également la curiositées: "Upon
the highways of freedom, where EVIL is like a Ferrari, olaño"."Breaking the wealth barrier has never been easier". "… comme si le monde des vivants n’existait plus" (en français sur la
pochette). Mais pas d’inquiétude, si vous n’êtes pas en mesure de faire travailler
vos méninges, la musique de Index For Working Musik tout en étant "arty", est malgré tout
accessible. Si vous êtes amateur du groupe The Proper Ornaments, vous ne
serez pas dépaysé par les compos gravées sur cet album. On retrouve le son
indie pop lo-fi, teinté de psyché folk noise, à la croisé du Velvet
Underground, Luna (à noter que IFWM a joué en première partie
de Dean Wareham), Opal, Television, The Jesus &
Mary Chain, White Fence. La voix de Max est posée, proche du
parler. La musique lo-fi possède un charme "bricolage" attendrissant, confectionné
dans une cave avec juste un riff entêtant qui mène de jeu. Le morceau Ambiguous Fauna en est un bon exemple. L’album
permet aussi d’entendre des morceaux expérimentaux, comme conçu après avoir
mangé des champignons magiques, par exemple Isis
Beatles qui vient de retrouver la pochette de Sgt Pepper. Pour les collectionneurs du forma vinyle avec un plus,
à noter que le morceau Habanita qui
clôture la face B, possède un sillon qui ne s’arrête pas, ainsi vous pouvez
écouter ce morceau jusqu’à l’usure. Mais la durée conseillée est de 4 minutes
et 15 secondes.
Index For
Working Musik à L’International (Paris) le 6 avril 2023 @ Paskal Larsen
On a découverts l’artiste Tricky en 1991 avec Blue Lines de Massive Attack. Sur cet album, devenu un
classique de la pop-soul-club music, Tricky ne signe pas encore Tricky
mais son nom d’état civil Adrian Thaws. Sur Blue Lines, il écrit trois morceaux : Blue Lines, Five Man Army
(chanté par Horace Handy), Daydreaming
(chantée par Shara Nelson). Sorti en plein mouvement grunge, Blue Lines est une pierre angulaire qui
va être un marqueur dans le mouvement électro, DJ en cour, jusqu’aux années
2000. Le succès de Blue Lines va
permettre d'installer sur la carte musicale, la ville anglaise Bristol, cachée par les
lumières de Londres, Manchester et Liverpool. Pourtant, depuis la fin des
années 70’s, Bristol a déjà montré des talents, mais malheureusement resté dans
l’underground : le groupe post punk The Pop Group avec Mark
Stewart, le duo dub Smith & Mighty, Rip Rig & Panic
(avec la toute jeune Neneh Cherry âgée de 16 ans). La même année que la
sortie de Blue Lines, un autre groupe va mettre en lumière la ville de Bristol:
Portishead (nom inspiré de la ville portuaire situé à 20 kms de Bristol).
Mais ils ne sortiront leur premier album Dummy
qu’en 1994. C’est justement en 1994 que le terme trip hop voit son
apparition dans les médias par le critique Andy Pemberton pour un disque
de DJ Shadow (sur Mo-Wax) publié dans la revue musicale Mixmag.
Ce terme va être mit à toute les sauces, les labels majors vont publier des
groupes à la pelle, en espérant avoir le jackpot, voir de l’argent tomber
comme neige en hiver. Avec l’apparition de groupes plus ou moins intéressant, Massive
Attack, Portishead et Tricky vont bannir le terme trip-hop de
leur vocabulaire.
Sur le 2ème album de Massive Attack,
Adrian Thaws devenu Tricky ("bâtard" en VF) compose et chante sur deux
morceaux, Karmacoma, Eurochild. Talentueux au possible, en
1995 Tricky part en solo avec l’album Maxinquaye (nom de sa mère Maxine Quaye qui se suicide alors
qu’il n’a seulement que 4 ans) qui va révéler la chanteuse Martina
Topley-Bird (qui deviendra sa femme et la mère de sa fille Mina Mazy…
qui va également se suicider à l’âge de 24 ans le 8 mai 2019) et Alison
Goldfrapp qui formera en 1999 avec Will Gregory le duo Goldfrapp.
Ce premier album est également un succès, tant auprès des journalistes que du
public. Sa carrière solo est lancée. A ce jour il a publié 13 albums sans
concessions.
Malgré ses 30 ans de carrière bien actif (albums,
productions, acteur, réalisateur de clips…), un respect majeur de nombreuses
grandes figures de la pop music (David Bowie, Björk, Everything But The Girl,
PJ Harvey, Red Hot Chili Peppers, Grace Jones, U2, The Cure, Neney Cherry…), en
France il n’y a pas eu de livres sur Tricky. Certes il y a eu de
nombreux articles, interviews dans la presse musicale, mais pas de livres. Son
autobiographie Hell Is Round the Corner
(2019 chez Blink Publishing) n’a pas
été traduite en français. Ainsi Tricky,
Antistar superstar écrit par Florine Delcourt est le premier livre
en français. Journaliste et rédactrice en chef de l’émission Ground Control sur Arte (1), pendant
quatre ans elle a enquêté sur Tricky. En 144 pages, Florine Delcourt nous présente
le parcourt de Tricky, son quartier, ses origines, la ville de Bristol avec son
passée colonialiste, sa scène musicale, les prémisses du hip-hop anglais, les sound-systems,
les graffitis (dont à partir du milieu des années 90's, Banksy va en être la fierté et un autre moteur-figure de la ville), le collectif The Wild
Blunch (avec les futurs membres de Massive Attack et Tricky
qui se fait remarquer avec ses premiers flow), bref les bases qui feront sa personnalité.
Comme le titre du livre l’indique, Florine Delcourt met en avant, l’aspect
que Tricky ne recherche pas la gloire. Il veut créer sa musique sans faire de
concession, quitte à sortir des disques sombres, anti-commercial. Tricky
ne veut pas avoir honte de son travail artistique. Il ne veut pas tomber dans
la routine d’aller au studio d’enregistrement, comme l’ouvrier va à l’usine.
Il préfère dénicher un jeune talent croisé dans la rue, que de produire une
star de la pop music. Ainsi il ne produira pas l’album Pop de U2. Autre point qui ressort du livre, c’est le nombre
important de voix surtout féminines, qui chantent sur ses morceaux. Tricky
n’aime pas son chant rocailleux, il préfère laisser ses textes interpréter par
des chanteuses, d’autant qu’il trouve son écriture plus féminin que masculin. A
cet égard, il fait penser à Serge Gainsbourg qui a écrit pour de
nombreuses chanteuses. Florine Delcourt nous fait découvrir un antistar,
qui pensait s’arrêter à 50 ans, mais fort heureusement, à 55 ans il est plus
actifs que jamais. Avec sa nouvelle « muse » Marta Zlakowska, il
vient de publier l’album When It’s Going
Wrong. Sur la pochette de ce nouvel album, ce n’est pas un gros plan de son
visage, mais celui de Marta qui donne son prénom EN GRAND, EN MAJUSCULE au projet. Oui Tricky est un passeur !Édité chez Playlist Society dans la collection "essai/musique", Tricky, Antistar superstar est en bonne
compagnie et confirme la ligne éditoriale de qualité de cet éditeur
indépendant.
(1): Tricky est passé dans cette
émission présenté par Chassol enregistré le 16 janvier 2023.Comme parfois en live, Tricky a
les nerfs. Au bout de 20 minutes, il fait signe aux musiciens, à la chanteuse Marta
Ztakowska (sa nouvelle découverte) de partir. Là, pour le coup on peut le
comprendre. Enregistré à Ground Control,
lieu qui appartient à la SNCF-Gare de Lyon, Tricky qui a l’habitude de
jouer dans la pénombre, c’est retrouvé sous des lumières digne d’un hall de
gare. Le pompon, juste à côté il y a un bar, avec une queue interminable de
clients qui papotent. Bref, pas cool pour l’artiste sur scène. D’autant que Tricky
a besoin comme un sportif de haut niveau, de concentration, d’être dans une
ambiance attentive, limite religieuse. Après quelques explications en coulisse,
Tricky et ses musiciens et musiciennes sont revenu finir le concert,
mais pas dans la pénombre. Le lieu n’étant pas adapté. Le concert, plus l'interview sont visibles sur Arte Replay.
Tricky à Ground Control (Paris) le 16 janvier 2023 @ Paskal Larsen