Arlequine est le 4ème album studio de Dorothée Hannequin, qui a
choisie comme nom d’artiste The Rodeo, anagramme de son prénom. Sur ses
deux premiers albums, Music Maeltrom (2010),
La Musica Del Diavolo (2015), notre
auteure, compositrice, interprète chante en anglais et depuis Thérianthropie Paradis (2018), confirmé
sur Arlequine, notre cavalière chante
en français en se tenant bien en scelle. Elle a eu raison de se frotter à la
langue française, car sa lui va a ravie, tant sa voix glisse avec style sur ses
mots chargés de mélancolie, de mélodies poétiques. Arlequine contient neuf morceaux au raffinement pop, avec une
touche sixties, qui nous évoque Françoise Hardy, Anna Karina,
Dani et plus près de nous Helena Noguerra, demi-sœur de Lio.
Ici l’élégance des harmonies, des arrangements font plaisir à entendre,
laissant l’espace nécessaire pour mettre en valeur la voix de notre arlequine,
qui s’exprime sans masque, sans costume, juste au naturel, pour être au plus
près de ses sentiments, qui parlent de séparation, la fin d’une histoire
amoureuse devenant étouffante. L’album est un retour à la liberté, ne faire que
ce qui lui plais, s’amuser, sans avoir de compte à rendre. Tout au long de l’album,
on sent la liberté, la joie retrouvé, l’envie de flâner, de danser, de sortir
avec ses ami.es, de faire le-la pitre. Le morceau qui ouvre l’album a pour titre Courir,
Courir, Courir.Il résume bien la
tonalité et l’esprit espiègle des compos où The Rodeo nous chante non
pas "l’hymne à l’amour", mais L’Hymne à la
moue. La moue qu’on ne fait pas en écoutant ses nouvelles chansons pop,
pleines de charme… à la française.
Le label
et distributeur Wagram Music vient de
publier une compilation en double vinyle de musique des années 60’s et 70’s qui
groove au poil, sous le titre French
Connection, à l’inverse qu’ici, c’est de la bonne came-drogue qui ne fait
pas de morts n’y d’embrouilles. Bizarrement,
cette compilation n’est pas dans la série Rare
Groove Collection éditée par le label Wagram,
où l’on trouve la compilation French Rare
Groove (Rare Funky From France) qui réuni 23 artistes, groupes qui
se recoupent, se complètent avec French Connection. Au
menu, il y a les classiques qu’on connait : Cortex, Janko
Nilovic, Francis Lai, Philippe Sarde, Serge Gainsbourg,
Bernard Estardy, Jean-Claude Petit, mais aussi, et surtout
beaucoup de curiosités, de trouvailles qui n’ont pour certain, publié qu’un
disque sous leur nom, ou projet parallèle à durée éphémère (joli accident de
parcours ?).
Les
festivités commencent avec le pianiste, arrangeur Raymond Donnez (Johnny
Halliday, Sylvie Vartan, Claude François, Cerrone… sans oublier l’unique
victoire française à l’Eurovision avec L’Oiseau
et l’enfant interprété en 1977 par Marie Myrian), qui a publié sous le nom
de Quasimodo un single avec en face A le morceau Esmeralda (1974). Avec Esmeralda
on entre direct dans du rare groove funky à la française, avec sa mélodie qui
pulse. On poursuit avec le jazzman et accordéoniste Claude Thomain qui
nous propose ici de danser sur Un Soir de
Banco extrait de son unique album Accordéon
électronique Vol.1 composé en 1971 avec son orchestre. Ce morceau avec une
touche BO d’un film de giallo, est une petite perle lounge pour soirée
dinatoire entre personne du monde. Dans la flopée de compilations festives à bas
prix -où l’on ne trouve que des reprises des tubes du moment-, réalisé par Daniel
Janin, ici deux petites perles Red
Mood et Rolly Polly. Ces morceaux en version orchestral, proviennent
de la compilation 13 Super succès
(1976) avec sa pochette estivale style Lui,
Playboy.
Avec le
groupe pop jazz prog rock Edition Spéciale et le morceau Tu naîtras demain (extrait de leur
premier album Allée des Tilleuls -1976-),
on est téléporté dans la France hippie, espritJésus Christ Superstar des années 70. La wah-wah de la guitare de Marius
Lorenzini est un moment de pur bonheur. Entre 1975 et 1980, Edition
Spéciale à publié trois albums de prog rock à réévaluer, tant on y trouve
des petites perles, même si parfois les solos à répétions sonnent daté.
Claude Denjean & Synthesizer a publié
5 albums avec des moog à gogo. Le morceau Kiss
This est extrait de l’album Electronic
Expérience n°2 (1974). Entre son travail pour Charles Aznavour, Dalida, C.
Jérome et une pléthore d’artistes de la variété, Claude Denjean a
composé sous son nom, des musiques de library music aux sonorités easy
listening, space, cosmique avec des morceaux originaux et des reprises. Kiss This est une petite pastille cheap,
qui sonne comme le générique d’une émission télé. On poursuit le voyage dans la France en
musique qui groove avec Moi je suis de la
nuit par Jean Vasca (qui a une voix proche de Serge Gainsbourg), Maintenant je suis un voyou de Bruno Leys (45t de 1969 réédité en 2020 par Born Bad qui l'a déjà utilisé sur la compile Wizzz! Volume 2), Pas un
brin de vent par le groupe Godchild extrait de leur unique album
funky sorti en 1975. A noter qu’en 2002, Kid Loco a réédité l’album sur
son label Royal Belleville Music avec en bonus trois remix du Kid de
Belleville. Reprenons le fil avec l’excellent morceau Running Bass de Tony Barthele (pseudo du compositeur
Daniel Faure qui a écrit dans les années 60 pour de nombreuse chanteuses
typé swinging mademoiselle, notamment
Liz Brady qu’on connait avec le tube Le
Palladium), petite perle de library music extrait de l’album Big Bass (1973) et sa pochette cinétique
du label Patchwork très recherché des
collectionneurs, tout comme l’album The
Lizard de Cliff Cardwin (pseudo du trompettiste Claude Dauray)
qui est lui aussi édité par Patchwork. Le morceau sélectionné est Funky Music, mais le titre est trompeur
car la guitare sonne rock, certes urbaine, mais rock. Il faut être un digger,
pour penser que dans l’album Gilles
Pellegrini et sa trompette, Volume 2 et sa pochette bien kitch, on va
trouver une pépite. C’est le cas avec Caravan,
une reprise de Duke Ellington, ici dans une version bien funky et bien
relevée. On peut dire que Gilles Pellegrini a du souffle et les
arrangements ont de la tenue. A
noter qu’en 2018, le label Pantinois Cameleon
Records a publié l’album Live at
Week-end Club avec Gilles Pellegrini, The Stew, Dave &
J.J.
On quitte
la trompette pour la clarinette avec le groupe C.C.P.P. (initiales de Ceccarelli,
Chantereau, Padovan, Pezin) et le morceau Clarinet Shit extrait de leur unique
album sorti en 1975. Clarinet Shit est
un morceau de jazz funk qui a également un bon groove bien 70, idéale pour une
séquence club dans un bon film bis, où le mac est le roi entouré de ses reines.
Autre pépite made in France, La Victime du compositeur Karl-Heinz Schater
pour la BO du film Les Gants Blancs du Diable
réalisé en 1973 par Laszlo Sazabo, avec Jean-Pierre Kalfon et Bernadette
Lafont. Réédité en 2017 par Les
Disques Dreyfus, cette BO est une splendeur pour les amateurs de Jean-Claude
Vannier, Michel Colombier et Alain Goraguer. De plus la
pochette qui reprend l’affiche du film est magnifique.
Quant aux
personnalités les plus connus, présents sur les quatre faces vinyle de French
Connection, Francis Lai, Serge Gainsbourg, Philippe Sarde,
ce sont des extraits des BO de films, Maldy,
Les Loups dans la bergerie, Deux Hommes dans la ville. Pour Cortex,
Janko Nilovic, Bernard Estardy, Jean Claude Petit, les
morceaux sont extraits de leurs albums, Pourquoi,
La formule du Baron, Pop Impression et Jean Claude Petit.
Le résultat
donne une belle compilation qui regroupe des raretés, belles découvertes et d’autres
titres qu’on connait à travers divers compilations antérieurs qui fleurissent
régulièrement depuis les années 90 avec la scène électro lounge. Seul bémol, il
n’y a pas un incert, aucune indication sur les morceaux, juste l’auteur, le
titre, mais pas une ligne, pas une photo, pas une pochette de disque sur eux.
Dommage.