dimanche 16 janvier 2022

THE PRISONERS "The Prisoners" (Tout ne va pas si mal/Médiapop Records) – 31 octobre 2021

On connait la série culte anglaise des années 60, The Prisoner (Le Prisonnier en VF), le groupe garage rock anglais des années 80, The Prisoners, voici depuis 2018 le groupe français The Prisoners. Ce groupe de Mulhouse a la particularité de ne jouer que des génériques des séries cultes et films des années 60 et 70. Leur premier album contient 14 thèmes de : Les rues de San-Francisco, Amicalement Vôtre, Le Frelon vert, Dick Tracy (série de 1967 tirée du pulp inédite en France), Mannix, Cosmos 1999, Captain Scarlett, The Rookies (série policière de 1972 à 1976 inédit en France), Star Treck, La Quatrième Dimension, Le Saint, Les Incorruptibles, Le Prisonnier (normal) et le thème du film L’inspecteur Harry. Les versions de The Prisoners sont fidèles aux génériques originaux, mais avec une identité surf/rock/garage/ska/lounge plus poussée.  

Le groupe c’est formé en 2018 lors d’un anniversaire, avec Philos (guitare, basse, trompette), Lucas Gentihomme (clavier), Étienne Meyer (batterie, percussions), Marcus (trombone) Johanna Ludwing (chant), tous les cinq fans de séries anglaises et américaines des années 60 et 70. Le plaisir d’interpréter ses thèmes entrés dans le subconscient collectif étant au rendez-vous, le groupe devenu The Prisoners commence à donner des concerts dans leur région du Grand Est. A cause du confinement en mars 2020, le groupe ne peut plus faire de concerts et décide de plancher sur l’enregistrement d’un album. Grâce à l’implication du label local Médiapop Records, voici le résultat enregistré en studio avec l’aide de Steph Gens (guitare), Michel Latour (clavier), Marie Bochelen (chant) et Séba (basse) venus renforcer le quintette de choc. Le résultat gravé sur disque 33 tours blanc (avec une belle pochette bien pulp/fumetti sixties) donne une musique fun, énergique qui donne envie de danser. Il y a du groove, de la fuzz, de la wah wah, des notes de synthé bien vintage, des envolées sixties pop aériennes, des voix chatoyantes et des rythmes aux mélodies classieuses, qu’on reconnait instantanément, auquel il est difficile de résister à fredonner. Tout au long de l’album, la bonne humeur, la surprise party est de mise, c’est le but de l’exercice. Si vous aimer les groupes Calibro 35, Morricone Youth, Les Agamemnonz, Fred Pallem & le Sacre du Tympan, Cannibal Mosquitos, il est clair que l’enchainement avec The Prisoners est garantie pour passer une bonne soirée musicale entres amis. Après cette belle setlist de 14 morceaux, espérons qu’il y aura un 2ème album, car il reste encore de nombreux thèmes de séries TV a passer sous la roulette rock/surf/garage/groove, comme Chapeau melon et bottes de cuir, Au cœur du temps, Les sentinelles de l’air, Département S, Mission Impossible, Ma sorcière bien aimé, The Monsters, Batman, Jason King, Les Espions, L’Homme à la valise, Destination Danger, Les Mystères de l'Ouest et au cinéma James Bond, Beat Girl, Barbarella, Danger Diabolik, F Comme Flint… Oui The Prisoners ont du pain à pétrir sur la planche, car une fois qu’on y a gouté, on en veut encore plus !

https://theprisoners1.bandcamp.com/album/tout-ne-va-pas-si-mal-mediapop-records

https://www.facebook.com/ttnevapassimal

https://www.mediapop-records.fr/boutique/sortie/the-prisoners/



samedi 15 janvier 2022

LICORICE PIZZA de Paul Thomas Anderson - 05 janvier 2022


Né en 1970, le réalisateur américain Paul Thomas Anderson est bien trop jeune pour connaitre la vie culturelle (musique, cinéma, art, photographie…) d’une bonne partie des années 70. Comme Quentin Tarantino, il est un adolescent des années 80, quand RoboCop (1987) et non pas Les Dents de la mer (1975) est au box-office des entrées, Let’s Dance (1983) et non pas  Life On Mars ? (1973) de David Bowie au Top des ventes de singles. La joie des premières amours, des premières sorties entre potes et premières découvertes culturelles qui marquent la personnalité, il va les vivre dans les années 80.

Quand on regarde la filmographie de Paul Thomas Anderson, on voit que les années 70 sont très présentes dans l’époque où se passent ses histoires : Le porno à la fin des années 70/début 80 (Boogie Nights), l’enquête d’un détective privé à Los Angeles en 1970 (Inherent Vice) et maintenant avec Licorice Pizza, la relation amoureuse entre une jeune adulte Alana Kane et un adolescent Gary Valentine, à Los Angeles en 1973.


Synopsis :

"1973, dans la région de Los Angeles. Alana Kane (Alana Haim) et Gary Valentine (Cooper Hoffman) font connaissance le jour de la photo de classe au lycée du garçon. Alana n’est plus lycéenne, mais tente de trouver sa voie tout en travaillant comme assistante du photographe. Gary, lui, a déjà une expérience d’acteur, ce qu’il s’empresse de dire à la jeune fille pour l’impressionner. Amusée et intriguée par son assurance hors normes, elle accepte de l’accompagner à New York pour une émission de télévision. Mais rien ne se passe comme prévu."


Son nouveau film, dont le titre Licorice Pizza, signifie "pizza à la réglisse" est une métaphore du disque vinyle, support d’écoute de la musique pop de masse dans les années 70 qui illustre bien son sujet sur des jeunes à Los Angeles en 1973. Avec un tel titre, la bande son est évidemment très soignée : The Doors, Donovan, Sonny & Cher, The Andrew Sisters, David Bowie, Wings, Blood, Sweat And Tears, Suzi Quatro et le fidèle Jonny Greenwood (guitariste de Radiohead) qui a composé le thème du film, après avoir composé les précédentes B.O. de film de Paul Thomas Anderson (There Will Be Blood, The Masters, Inherent Vice, Phantom Thread). 

 


Une des premières qualités du film, c’est qu’il ne s’agit pas d’un film hommage, nostalgique sur les années 70, mais un film qui se déroule dans les années 70. A travers les images, l’atmosphère on a l’impression que le film a été réalisé en 1973. Pas étonnant qu’il existe une version 70 mm de Licorice Pizza (visible à l’Arlequin à Paris) avec ce grain de la pellicule, tellement plus chaud que le numérique. C’est le même effet que d’écouter un disque en vinyle et non en CD. L’autre qualité, l’effet pizza plus, c’est le jeu des deux jeunes acteurs, qui sont d’un naturel époustouflant. Pour les deux, c’est leur premier rôle au cinéma.


Alana Haim (Alana Kane) est une musicienne qui joue avec ses deux sœurs dans le groupe de rock indé Haim. Ce groupe a publié trois albums de rock un peu trop formaté et convenu.  Pour son rôle dans Licorice Pizza, Alana Haim a été nominée aux Golden Globes 2022 dans la catégorie meilleure actrice dans une comédie ou une comédie musicale. Il est clair que sa prestation d’actrice est plus étonnante que sa musique trop lisse dans Haim.

Cooper Hoffmann (Gary Valentine) est le fils de l’acteur Philip Seymour Hoffman qui a joué dans de nombreux films de Paul Thomas Anderson (Double mise, Boogie Nights, Punch Drunk Love, The Master). Les deux jeunes acteurs livre ici une belle prestation, où tous les stades émotionnels sont de mise. Espérons que ce beau début de carrière pour ses deux jeunes acteurs va leur porter bonheur.

Pour clore cette petite chronique, saluons le travail digne d’un artisan de Paul Thomas Anderson, pour donner vie à ce film au scénario d’une histoire toute banale, -une éternelle romance entre deux jeunes-, avec une mise en scène à la fois virtuose et humble qui nous téléporte à une autre époque que les moins de 40 ans n’ont pas connu. Une fois de plus, c’est la méthode et le talent qui peuvent raconter les évènements de la vie courante, avec une photographie qui révèle toute sa beauté sur grand écran plutôt que dans le salon familiale, un œil sur l’écran de télé et l’autre sur l’écran de téléphone. Bonne séance !


https://www.universalpictures.fr/micro/licorice-pizza