Très bonne idée de la part des géants Mercury/Universal Music de rééditer en 33t la Bande-Originale du film érotique Goodbye Emmanuelle réalisé en 1977 par François Leterrier. A l’époque de la sortie du film, l’album n’avait été commercialisé que sur le marché asiatique, le Japon et Hong Kong. Sur Discogs les prix sont affolants. En France, il n'y a eu que le 45t du morceau titre Goodbye Emmanuelle chanté par Serge Gainsbourg, avec Jane Birkin dans les chœurs et en face B l’instrumental joliment mélancolique Emmanuelle and the Sea. La réédition 2021, avec une pochette différente de l’original, contient deux titres en bonus, soit 11 morceaux, le tout pour un prix abordable.
Pochette asiatique de l’album sorti en 1977
En 1974, Serge Gainsbourg refuse d’écrire la B.O. du film Emmanuelle réalisé par Just Jaeckin, qu’il pense être juste un petit film érotique chic sans grand intérêt. Par contre il ne refusera pas de faire la B.O. du film Madame Claude réalisé en 1977 par Just Jaeckin. Un raté sa suffit ! Ainsi Pierre Bachelet sera le compositeur gagnant de la B.O. qui va devenir un succès avec le morceau Emmanuelle. C’est sûr, il n’était pas évident de prédire en amont, le succès qu’allait avoir ce film au box-office : neuf millions de spectateurs dans les salles françaises et quarante-cinq millions dans le monde. Sur ce coup-là, Serge Gainsbourg a raté la poule aux œufs d’or, pour la joie de Pierre Bachelet qui a par ailleurs réalisé une très belle B.O. Avec un tel succès, le nom Emmanuelle va devenir une franchise avec des suites officielles : Emmanuelle l’antivierge ou Emmanuelle 2 (selon les pays) de Francis Giacobetti avec une musique de Francis Lai (1975), Goodbye Emmanuelle (1977), Emmanuelle 4 de Francis Leroy (1984) et ainsi de suite avec des téléfilms, des films bis d’Emanuelle (avec un seul M pour les droits) et la série des Black Emanuelle. Bref un filon pressé jusqu’à la débandade !
Pochette du 45t sorti en France en 1977
L’album de Goodbye Emmanuelle est composé avec Jean-Pierre Sabar qui a collaboré de nombreuses fois avec Serge Gainsbourg : la B.O. de Je t’aime moi non plus, le 45t L’Ami Caouette. Nous somme en 1977, le
swinging london d’Anna et du Pacha avec Michel Colombier et les hallucinations en compagnie de Jean-Claude Vannier sur Les Chemins de Katmandou, sa remonte à
10 ans. 1977, c’est un an avant le tube estival de l’été 1978 avec Sea Sex and Sun qui annonce le virage
reggae de Serge Gainsbourg. A noter que ce morceau va se retrouver dans la B.O. du film Les Bronzés de Patrice Leconte. Certes
ici, le son reggae est pépère, light, exotica lounge, limite interlude, complété
avec 2-3 instrumentaux ambiances caribéennes et le tour est joué. Limite, c’est
juste un disque de commande enregistré en roue libre. On a connu le futurs Gainsbarre "rastaquouère" nettement mieux
inspiré. Il n'y a même pas de petits gémissements érotiques dans les chœurs. Malgré
tout pour le fan ultime, complétiste et indulgent, l’album se laisse écouter
avec un plaisir suave. D’ailleurs au fil des écoutes, on si attache de plus en
plus avec ce proto-reggae sur canapé douillet, si possible en heureuse compagnie.