THE SIDESHOW TRAGEDY "After The Fall" (An Old Soul Production/Spaceflight Records) – 30 octobre 2020

The Sideshow Tragedy est un duo originaire d’Austin, avec au chant, guitares et basse Nathan Singleton, à la batterie, aux percussions Jeremy Harrell. After The Fall est leur 6^ème album, composé selon Nathan Singleton dans une période difficile. Il a failli renoncer à continuer la composition de l’album: « Ce disque est né dans un environnement émotionnel semblable à un enfer et des montagnes russes, et mon souvenir est par endroits brumeux. Nous l’avons  enregistré par intermittence pendant un an et demi. Pendant ce temps, mon mariage s'est effondré et s'est soldé par un divorce après 16 ans. J'ai perdu mon ancrage; c'était une période extrêmement lourde ». (Propos extrait de la bio)

L’album est remplie d’adrénaline, de rock qui groove, grâce à l’apport des saxophones de Ben Senerfit, de l’orgue Hammond B-3 de Kenny Siegal (également à la production de l’album) et des chœurs soul de Storey Littleton, Casey Ramos et Cally Mansfields. On sent le Rock’n’roll Animal de Lou Reed rugir à travers les compos. C’est très marquant sur les morceaux The Lonely One et Forty Days. Le son nous évoque en parti le glam rock à paillette des seventies. L’esprit de David Bowie période Aladdin Sane et Iggy Pop période New Values est dans l’air. Il y a des rythmes en acier, mélangés à du velours, des voix habités par l’esprit du blues et des voix rock un peu poseur, le tout porté par les chœurs cuivrés en satin couleur pourpre. Oui, il y a de l’adrénaline et de la douleur dans les 9 morceaux gravés sur le disque. Les murs de l’espace confiné transpirent à grosses gouttes ! C’est dans la douleur (et le sexe) que l’on accompli (et accouche) les plus belles choses sur notre terre fragile. L’album a été enregistré à New York dans le Old Soul Studio de Kenny Siegal. Ainsi Marc Ribot est venu en voisin jouer de la guitare sur le morceau Hold On It. Si After The Fall est très marqué par le son des années 70, l’ensemble n’est heureusement pas baigné dans de la naphtaline. L’énergie est bien actuelle et on ne refusera pas l’ADN rock du groupe. On accepte qu’il nous la transmette sans plus attendre grâce à ce nouvel album.

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GWENIFER RAYMOND "Strange Lights Over Garth Mountain" (Tompkins Square Records) – 13 novembre 2020

Gwenifer Raymond est une jeune guitariste originaire de Cardiff (Pays de Galles) et vie aujourd’hui à Brighton (Angleterre). Strange Light Over Garth Mountain est son deuxième album. Elle a composé et enregistré tous les nouveaux morceaux chez elle au mois de mars 2020, dans le sous-sol de son appartement, qui se situe dans le centre-ville de Brighton.

Gwenifer Raymond compose une musique folk instrumentale très épuré, avec seulement sa guitare acoustique et quelques discrets effets sonores. Sa musique est inspirée par les racines du folk américain du Mississipi et des Appalaches. N’étant pas américaine, Gwenifer s’est ressourcée dans son passé à Cardiff, ainsi dans le titre de l’album il y a Garth Mountain. C’est une colline avec des sépultures datant de l’âge de bronze qui domine la région de Cardiff. Le paysage est vallonné, verdoyant et possède une atmosphère celtique et mystérieuse. Ce paysage flotte dans le son échappé des cordes de sa guitare sèche. De parts l’économie de moyen (pas de voix, ni d’autres instruments), la musique « primitive » de Gwenifer Raymond est pure et tout en profondeur. Blues, enfer, mort et funèbre sont dans ses titres. Mais pas d’inquiétude, sa musique n’est pas morbide, ni celle des morts, car de part sa grâce, la luminosité est présente et rassurante. Chaque note possède une tonalité claire et aéré. On sent chez la jeune artiste une envie de transmettre, de partager ce qu’elle ressent à travers la musique qu’elle aime. L’effet escompté est réussi, car on est instantanément captivé par son jeu, son adresse, le tout avec une simplicité déconcertante. Gwenifer Raymond est une artiste singulière et inspirée à écouter au plus vite.

https://tompkinssquare.bandcamp.com/album/strange-lights-over-garth-mountain

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HEAVENLY "A Bout De Heavenly: The Singles" (Damage Goods Records) – 11 décembre 2020

 

Bonne idée de la part du label anglais Damage Goods Records d’éditer une compilation qui regroupe tous les 45t (soit un total de 8) du groupe indie pop Heavenly. Formé en 1989 avec les ex membres du groupe Tulalah Gosh, Heavenly a fait partie avec The Field Mice, The Orchids, The Wake des artistes influent côté pop fleurie du label Sarah Records.

Fans du groupe The Pastels, Amelia (voix) et son frère Mathew Fletcher (batterie), composent avec Peter Momtchiloff (guitare), Rob Pursey (basse) et Cathy Rogers (synthé, voix) une musique noisy pop portée avec une voix féminine sucrée et enfantine, c’est la touche lo-fi de proximité. La musique d’Heavenly a un côté fragile et insolent, comme l’adolescent qui fait le mur pour sécher ses cours de math. C’est touchant de réécouter 30 années plus tard les singles d’Heavenly, sans avoir à retourner la face à chaque morceau. C’est évidemment des souvenirs lointains qui reviennent. L’ami Vivian Vogue avait à l’époque fait une interview d’eux pour Radio Aligne et pour le fanzine Hyacinth 6^ème floraison (septembre 1991). Juste un tout petit extrait de l’interview : Ce qui rend leurs chansons si attachantes, c’est qu’elles sont simples et vraies. Les paroles ne sont pas si stupides que le genre pourrait laisser supposer. "Amelia écrit beaucoup de textes, et elle essais d’écrire la vérité… " avoue Peter. Occasion rêvée pour demander à Amelia si les garçons sont un sujet qui la préoccupe beaucoup. Intimidée, elle rit. Peter la sauve : "c’est son sujet préféré. La pop-music, les garçons… ". Claire ajoute : " c’est normal que les homme écrivent à propos des filles. Et Amelia écrit au sujet des garçons. C’est pas du tout différent. " Finalement, Amelia réussit à nous dire, "c’est la seule chose dont je puisse parler. J’étudie l’économie et je pense que des chansons là-dessus doivent être un peu ennuyeuses. Alors j’écris à propos des garçons… ". (Vivian Vogue)

Ce n’est pas mignon tout ça ? les filles, les garçons, l’amour, les fleurs, les coupes à frange, la plage, oui la vie en mode POP c’est tellement bien pour garder le moral et le sourire.

Moins pop, le groupe splitte en 1996 au moment de la sortie du 4^ème album Operation Heavenly, suite au suicide de Mathew Fletcher. Les fleurs sont fanée, mais heureusement que la musique reste éternelle. 

https://damagedgoods.co.uk/discography/heavenly-a-bout-de-heavenly-the-singles/