vendredi 5 juin 2020

LA POCHETTE VINYLE, UNE OEUVRE D'ART FORMAT 33 cm

    
J’adore le disque vinyle, mais je reconnais qu’il y a deux défauts : 

1-      Son poids, les disques vinyles sont lourds. Quand on déménage (heureusement ça n’arrive pas souvent), les potes apprécient moyennement de les porter, à moins d’être content d’avoir à l’œil une séance de musculation.
2-      Le côté non pratique. On ne peut pas écouter le vinyle (à l’inverse de la K7/CD/MP3) où on le désire, soit par exemple dans les transports ou sous la tente (à moins d’avoir un pick-up au son horrible). Il faut le confort intérieur avec une bonne platine et des bonnes enceintes. 
 
Les deux qualités majeures du disque vinyle : 

1-      Le SON. Le vinyle possède (à l’inverse du CD), un grain vivant et non pas froid, ni clinique, ni métallique.
2-       Le format de la pochette. Le 33 tours à la même taille qu’un beau livre ou un tableau d’artiste. 

 
La pochette d’un disque 33t est quelque part une œuvre d’art, que celle du format CD n’aura pas réussi à faire oublier. Vous allez chez un disquaire, et là vous voyez les nouveautés accrochés aux murs. On se croirait dans une exposition de photos ou de peintures. D’ailleurs j’ai vu de nombreuses expos où l’on y voit des disques vinyles. Les plus marquantes étant Sensasion Fix réalisé par Sonic Youth, Des Jeunes Gens Modernes à la Galerie Agnès B, et l’expo Dites 33 où, sur une idée de Jef Aérosol, 33 plasticiens ont imaginés 333 pochettes de disques.

 
Chez le disquaire d’occasions, c’est encore plus émouvant, car on y voit sur les murs des pochettes collectors n’arguer notre portefeuille. Velvet Underground, Rolling Stones, Residents, Serge Gainsbourg, NEU!, Can… Si vous êtes de passage à Paris n’hésitez pas à aller chez Plus de Bruit (pour réaliser des affaires) et à Monster Mélodie (mais là, vous irez après expliquer le découvert à votre banquier, car chez Monster Mélodie les prix sont justement monstrueux). 

 
Il y a de cela 25 ans, on donnait le disque vinyle pour mort, ce qui faisait la joie des amoureux de la rondelle en plastique, qui pouvaient trouver dans les vides greniers des 33t à 5 ou 10 francs (entre 70 centimes et 1.5 euros). Depuis quelques années, le vinyle est de retour et en pleine forme, tandis que le CD est plutôt mal en point. Il y a même une journée consacré aux disques vinyles, c’est le Record Store Day, créé en 2007 aux Etats-Unis et débarqué en France en 2011 sous le nom du Disquaire Day. Si l’idée est bonne, notamment pour les petits labels et disquaires indépendants, au fil du temps les majors requins ont commencé a rééditer des fonds de catalogue un peu limite et vendu chère alors qu’on les trouve à trois fois rien dans les vides greniers en version originale. Mais ceci est une autre histoire.



Revenons à nos belles pochettes, qu’on peut même accrocher aux murs grâce à des cadres prévu à cet effet. Par exemple quelques pochettes cultes tels que, Unknow Pleasure (Joy Division), Man Machine (Kraftwerk), London Calling (The Clash), Raw Power (Iggy Pop & The Stooges), Pornography (The Cure), Miami (The Gun Club), 1/2 Mench (Einsturzende Neubauten), Sticky Fingers (Rolling Stones), Heaven Up Here (Echo & the Bunnymen), The Velvet Underground & Nico, Histoire de Melody Nelson (Serge Gainsbourg) sont des œuvres d’art à part entière, où la photo et le graphisme sont si magnifiques et originaux qu’on ne se lassera jamais de les regarder. 


Comme on est maniaque (combien de couples se sont prit la tête suite à une pochette abimée à cause d’un café renversé dessus, des traces de doigts sur la rondelle, ou d’un disque mal rangé ?), pour bien les conserver, on les glissent dans une pochette en plastique transparente. Après on les classent soit par ordre alphabétique ou par style, mais là c’est plus dur, car certains groupes sont inclassables. Pour bien comprendre la complexité du classement, je vous recommande de lire le livre Haute Fidélité (Hight Fidelity) de Nick Hornby.


Les pochettes sont des souvenirs, des repères dans le parcours rock. On se rappelle où et quand on les as achetés. Du coup ça nous ramène à des souvenirs. A l’inverse, essayez de vous rappeler à quelle occasion vous avez téléchargé en MP3 tel album ? Ouvrir la pochette d’un disque vinyle réserve aussi des surprises. En plus de la pochette intérieure de protection, on y trouve parfois, un livret de plusieurs pages avec les textes et photos, un poster, des cartes postales (l’album blanc des Beatles, Dark Side On The Moon de Pink Floyd), des dessins, lunettes 3D (Of The Bones des Cramps), ou encore  Positive Touch des Undertones destiné aux non-voyants. 



Black Angels et Vibravoid prennent un soin particulier pour tous leurs disques vinyles. Leurs simple/double/triple albums gaufrés, avec posters et inserts sont magnifiquement psyché à l’œil. Il y a aussi des formats étonnants qui une fois dépliés deviennent des œuvres d’art. Par exemple Black Moses d’Isaac Hayes avec sa pochette en forme de croix, idem pour The Unaceptable Face Of Freedom du groupe indus Test Dept, Spectrum le premier album solo de Sonic Boom avec la pochette psyché et la rondelle de plastique qui tourne en explosant les yeux tel l’effet d’un stroboscope (c'est le logo du blog). La pochette dessinée par Bazooka pour l’album Armed Forces d’Elvis Costello, qui se déplie en poster, l’enveloppe jaune qui s’ouvre pour Always Now, le premier album de Section 25, la box ronde en fer du Metal Box de PIL, … la liste est longue. 


Enfin, le cauchemar absolu pour le collectionneur, est le dégât des eaux ! Rien de pire qu’une pochette trempée, car une fois sèche, elle est toute gondolée puis au fil du temps de la moisissure et des auréoles apparaissent.
Allez, je vous laisse, je vais m’écouter le magnifique triple vinyle (avec pochette en sérigraphie pailletée, livret et CD) Heligoland de Massive Attack.



Et sous le regard de Fantômas qui vient d'être édité au format vinyle 33t, grâce à Stéphane Lerouge chez Universal Music France. Musique de Michel Magne