vendredi 2 février 2024

SIERRA "A Story Of Anger" (Universal Music/Virgin/Les Airs à Vif/No Shark Prod) – 15 septembre 2023

C’est l’ami Vivian Vogue qui m’a fait découvrir l’artiste Sierra, quelques jours avant qu’il n’aille la voir en concert du Trabendo à Paris le 31 janvier 2024. Dès mes premières écoutes disparates sur YouTube, j’adhère direct à la musique électro synth-darkwave, EBM et plus, car parfois heavy. En activité depuis 2017, après six EP’s, en septembre 2023, Sierra publie son premier album titré A Story Of Angel. Sous le nom de Sierra, il y a la parisienne Annelise Morel, totalement en fusion, communion avec ses machines et ses néons fluo aux ambiances nocturnes.

Musicienne depuis son plus jeune âge, Annelise a commencée à jouer du piano, du violon dans l’orchestre de Paris. Mais elle a détesté cette expérience. Ado, elle découvre le rock, elle achète une guitare électrique. Au lycée elle découvre la musique électronique, mais elle n’arrive pas à composer. L’informatique, les logiciels, c’est abstrait pour elle. Elle revient à la guitare, plus l’harmonica et le ukulélé pour composer une musique pop et folk. Mais c’est la musique électronique qui lui plait le plus. Pour mettre un pied dans cette musique, elle travaille dans l’audiovisuelle. Là, elle rencontre un compositeur qui va lui montrer le fonctionnement d’un logiciel séquenseur. Quand Annelise a commencée à maitriser l'outil électronique, là voilà prête pour devenir Sierra. (les infos de ce paragraphe proviennent d’une interview sur le site de Metalzone : https://www.metalzone.fr/interviews/194149-sierra-artiste-darkwave-plait-metalleux/ ).


Photo @ Alice Teeple

Un premier EP en 2017 titré Strange Valley, suivi de trois autres disponibles en physique et deux autoproductions (sur son label No Shark Prod) en format numérique. Elle joue dans de nombreux festivals, concerts, dont une tournée avec Carpenter Brut, qui attirent de plus en plus de monde, jusqu’au premier album publié sur les majors Universal et Virgin. Autant dire que depuis 2017, Sierra a fait du chemin, mais un chemin où je ne l’avais pas croisé. C’est donc en ce début février 2024, que la musique de Sierra vient se poser sur ma platine vinyle. D’entrée, la pochette de A Story of Anger impose la couleur : le noir, la pénombre où se trouve au centre Sierra, debout, tout de noir vêtu avec des yeux lumineux, comme si elle était un être venue d’une autre planète. Sierra ne serait pas un être humain ? L’album contient 11 morceaux qui alternent instrumentaux et titres où l’on entend la voix humaine et mélancolique de Sierra. Côté son, A Story of Anger est un album 100% machines à donner le blues aux fans de rock des années 50’s. Côté chant, Sierra nous perce notre coeur avec sa voix mélancolique qui évoque Molly Nilsson, Miss Kittin et Maud Geffray. Sierra c’est bien investi pour nous offrir un album cohérent pour le format album (l’électro préfère en général le format maxi), où les morceaux s’enchainent comme le scénario d’un film de -par exemple- John Carpenter. De par le style, il est conseillé de l’écouter à un bon volume, histoire de bien sentir le rythme techno indus, les basses bien chauffantes. La force de l’album est d’être à la fois prenant de par sa violence urbaine industrielle, son atmosphère de parking désaffecté aux abords d’un centre commercial à l’abandon qui permet d’admirer les derniers graffitis, et d’être mélancolique, façon new wave gothique perdu dans ses pensées qui brassent du noir. A noter la présence de deux invités, Carpenter Brut sur Power et Health sur Holding on to Nothing. Pour ce premier essai en long format, Sierra coche toutes les bonnes cases avec brio : son, ambiance, mélodie, harmonie, rythme, chant. Du début à la fin de l’album, on est en immersion avec sa musique. A condition d’aimer la musique électronique dans le sillage darkwave et EBM.

Photo @ Benoît Julliard

https://soundcloud.com/sierra-synthmusic

https://www.facebook.com/sierra.synthmusic/




mercredi 31 janvier 2024

THE THE "Soul Mining" (Some Bizarre/Epic) – 1983


MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°33

En 1983, le compositeur, multi instrumentiste Matt Johnson aka The The réalise avec Soul Mining, son premier chef d’œuvre. Un doute ? Réécouter le aujourd’hui, et vous verrez que les sept compos de l’album sonnent toujours aussi bien. Certes, il y a une patine des années 80 dans le son des synthés et dans la voix de Matt (c’est ce qu’on aime aussi), mais ces compos sont si riches en trouvailles sonores arrangements, harmonies, mélodies, que même 40 ans plus tard, il y en a encore et encore à découvrir. A la fois dansant, arty, pop, l’univers de Matt Johnson est complexe, tout en étant accessible et fédérateur, il suffit d’écouter le morceau Giant qui donne des ailes, l’envie d’ouvrir portes et fenêtres pour accueillir le monde extérieur. C’est un de ses dons artistique, celui de nous donner du bonheur sonore.

Verso de la pochette de l’album "Soul Mining" (1983). Dessin d’Andy Johnson

Pochette recto-verso de l’édition américaine de "Soul Mining" (1983). Dessin d’Andy Johnson

Soul Mining s’ouvre par le morceau I’ve been waitin’ for tomorrow (all of my life), avec la frappe intensive, tribale du batteur Zeke Manyika (du groupe Orange Juice) qui va tenir le rythme tout au long 5 minutes et 44 secondes. Des bonnes notes de synthé, la voix maniéré et habitée de Matt font de ce titre une belle entrée en matière, qui ne nous attend pas à entendre de l’accordéon sur le titre suivant, This is the Day, qui sera le 2ème single extrait de l’album. A noter que le morceau Perfect (avec David Johansen -New York Dolls- à l'Harmonica), sorti en single à la même période, ne fait pas partir de l’album, il faudra attendre 1987 sur la première édition CD, avant de nouveau disparaitre. Le premier single extrait de Soul Mining, est le morceau Uncertain Smile qui s’achève avec un splendide solo de piano joué par l’illustre Jools Holland du groupe Squeeze. Ce titre qui clôture la face A est un bonheur total pour l’oreille. La voix posée, presque romantique (attention surtout pas nouveau romantique !) de Matt est à pleurer. Surtout quand les synthétiseurs viennent se mêler à la discussion. Pour trouver des mélodies à en donner des picotements dans tout le corps, l’artiste Matt Johnson est un orfèvre intouchable. Il a tant de grâce à donner, jusqu’au long final solo de piano qui nous achève de plaisir. Attention, ce solo de piano, n’est pas présent sur le single, plus court de 2 minutes.

Pochette du single "Uncertain Smile" (1982). Dessin d’Andy Johnson

Pochette du single "Perfect" (1983). Dessin d’Andy Johnson

Pochette du single "This is the Day" (1983). Dessin d’Andy Johnson

La face A de Soul Mining est d’une pureté tels, que l’écouter encore aujourd’hui, ramène à de bons souvenirs de nos années Feedback, animées par Bernard Lenoir sur France Inter. Le bonheur continu dès The Twilight Smile qui ouvre la face B. Ce morceau est le plus new wave de l’album. Mais attention de la new wave aussi exigent que celle des groupes tels que The Associates, Magazine, Japan, Fad Gadget, The Teardrop Explodes, XTC, The Monochrome Set, Felt. Pas la new wave de la radio FM qui finira par lasser (Simple Minds, U2, Heaven 17). Le morceau titre Soul Mining et les 9 minutes de Giant enfoncent le clou (voir le dessin du verso de la pochette réalisé par Andy, frère de Matt, où l’on voit des marteaux fracasser une tête). A noter que les deux singles et le morceau Perfect, malgré leur qualité mélodique, n’atteindront pas les sommets dans les charts anglais et se positionneront vers la 70ème place. Mais qu’importe, le talant ne s’évalue pas sur le podium d’arrivé, mais sur l’originalité de l’artiste, qui s’aura faire son trou au fil du temps, quitte à manger du pain blanc. Inutile de préciser que Matt Johnson est une référence pour de nombreux musiciens, chanteurs, dont Morrissey. Le talent du compositeur Matt Johnson, ne peut pas laisser indifférent, même si on est sourd. Pour clore cette chronique, The The est toujours en activité, notamment sur scène avec des dates pour 2024. Renseignement sur le site internet.

https://www.thethe.com/

https://www.facebook.com/officialthethe