A la mi-mai, en visitant le site internet des Instants Chavirés, je vois que j’ai raté le concert de l’ex Coil, Drew McDowall le 2 mai (zut !), par contre je note que Blurt passe le 11 juin et June Of 44 le 2 juillet. Illico je prends mes places pour ces deux concerts. Dans l’annonce du concert de Blurt, il y a un lien pour écouter le récent 45 tours Uzi paru chez Improved Sequence. J’écoute les morceaux, et c’est la claque ! Blurt, et plus particulièrement Ted Milton sont plus en forme que jamais, en nous jouant une musique libre qui n’a pas pris une seule ride, tant l’énergie, la rythmique no-wave, funk blanc sont intact, malgré les années. Car Blurt a roulé sa bosse. Formé en 1979 par le poète / marionnettiste Ted Milton, avec son frère Jake Milton à la batterie et Peter Creese à la guitare, Blurt a traversé les décennies en faisant son petit bonhomme de chemin. Avec des hauts, époque Smock Time (1986), The Kenny Rogers Greatest Hit (1989), avec des articles ici et là, de nombreux concerts, et des bas, notamment dans les années 2000, pensant que Blurt avait jeté l’éponge face au monde impitoyable de la musique et du bizness. Il n’en est rien, la preuve en cette soirée du 11 juin 2022 aux Instants Chavirés à Montreuil (93).
C’est en formation trio, avec le fidèle Steave Eagles (ex Satan’s Rats, The Photos, Bang Bang Machine) à la guitare, David Ayward à la batterie et l’inusable Ted Milton au saxophone et au chant, que Blurt va montrer à qui on a affaire. S’il y a de nombreux groupes qui copient sur les ainés, il y a tant de jeunes groupes garage, psyché, after punk qui exercent avec talents dans ses styles, qu’on oublierait qu’ils y a ceux qui ont inventés ses styles, dont Blurt, ainsi de temps en temps cela ne fait pas de mal de faire un petit rappel à l’ordre, de remettre les pendules à l’heure, surtout quand les anciens ne tombent pas dans la naphtaline et qu’ils gardent leur singularité et énergie de jeunesse, ce qui est le cas de Ted Milton, âgé de 80 ans. Certes il n’a plus toutes ses dents, (cela lui donne une tête sympa d’un personnage de cartoon), par contre il ne fait pas son âge, il est toujours habillé avec style, il a toujours sa petite crête/houppette en guise de cheveux et surtout, sa voix et son jeu au saxophone sont top. Faut dire qu’il est bien aidé, car le guitariste et le batteur sont d’excellent musiciens qui ont à la fois la technique du jazz, l’énergie du punk rock, du hardcore (on pense à Nomeansno), et la rythmique dance/épurée/sec, façon James Chance and The Contorsion. Bref, les trois gugusses ont un jeu imparable, qui va mettre dans sa poche le public enthousiaste. Pendant plus d’une heure, le temps a été suspendu, comme le fil d’une marionnette, domaine que connais bien le saltimbanque Ted Milton. J’ai passé une heureuse soirée à redécouvrir la musique de Blurt, que j’avais laissé de côté depuis de nombreuses années. La dernière fois que je les avaient vu, c’était le dimanche 10 mai 2015 pour un showcase chez le disquaire Les Ballades Sonores, avant c’était à La Flèche d’Or à Paris, mais je n’ai plus souvenir de la date. Par contre j’ai le billet de leur concert à l’Espace Ornano le 20 février 1991. Bref, des jolis retrouvailles, tant sur scène que dans le public, où j’ai croisée et discuté avec d’anciennes connaissances. A noter que le 7 juin à l’Accor Arena de Paris il y a eu le concert d’adieu pyrotechnique de Kiss. Autre dimension, autre façon de jouer de la musique rock !
Pour clore cette chronique, la première partie était assurée par Zad Kokar. Sa musique bruitiste et chant qui n’en est pas un ne m’ont pas convaincu. Au bout de 15 minutes, c’était la bonne excuse d’aller dehors papoter avec les amis.
Photos @ Paskal Larsen
https://improvedsequence.bandcamp.com/album/uzi-imp039
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