Le pianiste suédois Henrik Lindstrand n’est pas très connu par chez nous, pourtant il a
une carrière bien rempli qui a commencé en 1998. Il a fait partie du groupe
danois Kashmir, dont l’album No Abum Palace a été produit par Tony Visconti (T. Rex, David Bowie, Thin Lizzy, Sparks, U2), sur l’album The
Aftermath, il y a aux compos Neil
Young. L’album Trespassers est produit
par Andy Wallace (Rollins Band, Slayer, Nirvana, Jeff Buckley, Alice Cooper). Le groupe Kashmir sait bien s’entourer.
Henrik Lindstrand a également collaboré
avec de nombreux artistes, avant de se lancer en 2017 dans une carrière solo,
qui s’ouvre avec l’album Leken, puis Nattresan en 2019 et pour clore son « piano
trilogie » voici Nordhem. En
parallèle de sa trilogie au piano, il a fait la BO du film The Exception (Undtagelsen
en VO) de Jesper W. Nielsen et la BO
du jeu vidéo LEGO Builder’s Journey.
Pour en venir à Nordhem, Henrik Lindstrand compose une musique
instrumentale à la fois sensorielle, mélancolique, comme échappé du temps
présent. On lève les yeux et on se laisse absorber par les 14 pastilles sonores
au goût glacé. Sa musique nous évoque par instant les sons fluides et aquatiques
de Plaid et Boards Of Canada. A la fois intimistes et spacieuses, les compos d’Henrik Lindstrand, proches d’une BO
pour illustrer un film muet, sont agréable à écouter. C’est reposant. Par
instant il y a des sonorités japonisantes qui donne une couleur, une teinte
florale très séduisante. Bref, on se sent très bien, en sécurité, dans cette « maison du nord » (Nordhem). N’hésitez
pas à ouvrir la porte.
Alors qu’actuellement (avant de nouvelles mesures) c’est le couvre-feu entre 21h et
6h du mat,rien de mieux que de
visionner un film qui a pour titre Vivre
la nuit. Le mastodonte français de la vidéo - qui publie à 90% « la
mémoire du cinéma français » (dont Brigitte
Lahaie fait partie) -, René Château
vient d’éditer en DVD le film Vivre la
nuit réalisé en 1968 par Marcel
Camus. Ce film n’était à ce jour disponible qu’en version VHS (également
publié par René Château).
Parmi la distribution (détail plus bas),
on note la présence de Serge Gainsbourg
en tant qu’acteur et non pas compositeur interprète, même si on le voit jouer
2-3 notes de piano. La musique a été confiée à Claude Bolling (avant ses célèbres succès pour les films Borsalino et la série TV Les Brigades du Tigre). Si on connait le
swing jazz de Claude Bolling rendu célèbre
avec le thème du film Borsalino, on
connait moins le style pop rock qu’il a composé pour la BO de Vivre la nuit. Certes ça swing aussi pas
mal, mais sans le côté rétro années 20-30 et en plus jeune et rebelle, plus pop
rock des années sixties. La BO est bien dans l’air du temps. A noter, que Nicole Croisille (certes pas connu pour
être une fille qui compose de la musique Rock) est au côté de Claude Bolling pour la composition des
morceaux chanté en anglais. Pour rester dans le rayon « variété française »,
après Nicole Croisille, notons la
séquence dans film où l’on voit le jeune Hervé
Vilard en train d’enregistrer le morceau L’Avion de Nulle Part (sortie en 1968 en format 45t). Ce passage
nous évoque l’enregistrement du morceau Requiem
Pour Un Con de Gainsbourg dans
le film Le Pacha de Georges Lautner.
En têtes d’affiche, il y a Jacques Perrin, (avec son physique de
« gendre idéale » et l’éternelle Maxence
des Demoiselles de Rochefort) et Catherine Jourdan qui a également joué
dans Le Samouraï, La Motocyclette (deux films avec Alain Delon) et le grand écart avec
deux films en compagnie des Charlots.
Le rôle du filou près à gagner le maximum d’oseille, est attribué à Georges Géret. Son visage a traversé le
cinéma français pendant plus de 30 ans. Juste quelques titres de films : Le Journal d’une femme de chambre, La Métamorphose des Cloportes, Z, Compartiment
Tueurs, Paris brûle-t-il ?,La Traque, Spermula, Flic ou voyous. Et donc en guest dans les personnages principaux, Serge Gainsbourg qui permettra de mieux vendre en 2020, le DVD.
Et l’histoire ? Voici le
résumé : « Paris 1968, une histoire d'amour entre Nora (Catherine Jourdan) DJ dans une boite de nuit et Philippe (Jacques Perrin) attacher de presse "relou". L'histoire du "jeune couple" se découle dans le monde trouble
des "boîtes de nuit", avec ses intrigues, ses violences, ses rackets
et ses tentations, où le plaisir des uns fait la fortune des autres (Bourgoin
interprété par Georges Géret), dont
celle d'un journaliste à scandale (Mathieu interprété par Serge Gainsbourg) qui passe ses nuits à essayer de découvrir les
secrets du "Tout Paris". »
Evidemment après avoir visionné le DVD,
force est de constater que ce n’est pas un grand film. Les histoires de coeurs avec les jalousies, le rêve du Prince Charmant, c'est un peut désuet. Juste le plaisir de voir
le Paris de la fin des sixties, avec le quartier de Pigalle, des scènes de
boites de nuits -surement filmé au Bus Palladium-, où l’on voit des jeunes branchés, dont des mods, des minets,
danser sur du rock (avec en live The
Moggies, un faux groupe composé des figurants), le tout avec l’esthétique
sixties devenu vintage, et accessoires/mobiliers de mode chez Emmaüs. Enfin et
surtout, le plaisir de voir dans des seconds rôles des têtes connues (il y en a
beaucoup) dont on ne se rappel jamais du nom : Pierre Maguelon (l’inspecteur Terrasson dans la série TV, Les Brigades du Tigre), Michel Creton (Max et les Ferrailleurs, Armaguedon,
Les Bronzés, Le Solitaire), Juliette
Mills (Sex-Shop, Flic ou Voyou, Canicule, séries TV Les Gens
de Mogador, Arsène Lupin, Papa Poule), Maurice Auzel (Borsalino,
Peur Sur la Ville, Max et les Ferrailleurs, Elle cause plus… elle flingue, Le Magnifique), Michel Charrel ( Les Grandes
Gueules, Belle de Jour, La Rose écorchée, Le Clan des Siciliens, Que la
Bête Meure, Flic Story, Les Gardiennes du Pénitencier), Venantino Venantini (Les Tontons Flingueurs, Le Corniaud, La Folie des Grandeur, Black
Emanuelle), Robert Berri (Fantômas -le film de 1940-, Angélique et le Roy, Ces Messieurs de la Gâchette, L’Albatros, Le Magnifique, Le Viager),
Marcel Gazzouk (Quoi de neuf, Pussycat ?,Qui
êtes-vous,Polly Magoo ?,Un Condé, Le Distrait, Le Voyou, Jo, Dupont
Lajoie), Maurice Auzel (Peau de Banane, Le Pacha, Ho !,Le Corps de mon Ennemi) et Estella Blain (Les Dragueurs, premier film de Jean-Pierre
Mocky, Le Diabolique Docteur Z de
Jess Franco). Soit beaucoup de
seconds rôles qui font plaisir à revoir.
Pour clore cette chronique, voici trois
extraits de dialogues qui donnent à sourire (ou pas) en 2020 :
Mathieu discute avec Nora et Philippe : « Ce qui est merveilleux la nuit, c’est que
tout peu arriver, c’est pour ça d’ailleurs qui ne se passe jamais rien. »
Philippe discute avec Mathieu : « PH : Il
y a beaucoup de fric à la clé. M : Tu en besoin de tellement ?. PH :
Oui pour toi, pour tout. M : Pour moi, je m’en fou. PH : Non non,
pour ton opéra, tu seras peut-être content de partir six mois au bord de la mer
dans ta cabane pour écrire. Parce que on est coincé, on étouffe Mathieu, et le
fric c’est de l’oxygène ».
Nora discute avec Philippe : « N :
Philippe, si on laissait tomber tout ça ?. PH : Qu’est-ce que tu
entends au juste par tout ça ?, N : La nuit, la nuit Philippe, elle
nous détruit, elle nous détruira jusqu’au bout, parce que tout est truqué. PH :
Mais le jour aussi Poussin, c’est la vie qui truquée. N : Ah non, ce n’est
pas pareil, le jour on aurait notre chance (…). Il ne faut pas passer à côté,
on est encore trop fragile tu sais. »
Le film fini avec la chanson Voici le Jour, interprétée par Danielle Licari (qui a posé sa voix sur
le morceau Wings écrit par Michel Colombier. Les couches tard de
plus de 45 ans qui ont connu Antenne 2,
se rappellent de ce thème qui clôturait les programmes avec les images de Folon).