mardi 27 octobre 2020

LAETITIA SHERIFF "Stillness" (Yotanka) – 6 novembre 2020


Six années se sont écoulées entre le précédent album Pandemonium, Solace and Stars et Stillness. Six longues années pendant lesquelles le terrorisme a fait de nombreux morts, dont des fans de rock (au Bataclan), des dessinateurs qui nous faisaient réfléchir en riant, des représentants de la laïcité, du vivre ensemble avec toutes personnes de convictions religieuse (ou pas), mais aussi des manifestations avec les oubliés, les sacrifiés du monde capitaliste. Ainsi pour se faire voir et entendre, ils portaient un gilet jaune fluo. Des manifestations pour demander plus de moyens (les hôpitaux publics), pour garder le pouvoir d’achat (les retraites), mais aussi #Me Too et le marasme du pouvoir, la place homme/femme dans le milieu du cinéma (mais ça fonctionne aussi dans d’autres secteurs du travail) et l’année 2020 perturbée par la pandémie … Bref, on ne va pas dérouler les unes des 6 années du quotidien Libération. Sans tomber dans un pessimiste anxiogène (ce qui peut arriver après avoir regardé BFM TV pendant seulement 15 minutes), dans la vie humaine, il y a toujours de l’espoir et la volonté de continuer encore plus fort, de voir plus loin que le bout de son nez. C’est le cas pour Laetitia Shériff. Pendant ces 6 années, elle a voyagé (une source importante pour une artiste), donné naissance à sa fille Helena - l’album lui est dédié -, pour lequel on l’espère, le monde sera meilleur, et enfin elle a composé ce nouvel album.

Le titre est Stillness veut dire en VF « immobilité ». Ce mot n’est pas rien, surtout quand on connait la musique rock, tranchante et vive de la rennaise (ville rock à l’esprit vif). Le chorégraphe et marionnettiste  Philippe Genty a titré un de ses  spectacles Voyageurs Immobiles. Le mot « immobile » pour un danseur, un funambule de la piste, est comme un contre sens, tout comme chez Laetitia Shériff qui possède plus de rage inspirée par des figures comme Patti Smith, Chrissie Hynde (The Pretenders) ou Kim Gordon (Sonic Youth), mais aussi Shannon Wright (son double artistique ?) que de calme mélancolique au coin du feu en compagnie de Joni Mitchell. D’ailleurs le titre d’ouverture de l’album est nommé People Rise Up, mots qui aurait pu sortir de la plume, de la voix de Patti Smith. Six années ce n’est pas rien, la rage est toujours présente chez notre Shériff (fais-moi peur ?), la preuve avec le morceau Stupid March qui donne envie de lever le poing. Mais rajouter un peu de pop, de légèreté dans les compos, ça ne fait pas de mal, la preuve en musique sur Deal With This. Les morceaux ont pris forme en trio, avec au côté de Laetitia (voix, basse), Thomas Poli à la guitare et au synthé et Nicolas Courret à la batterie. Avec cette configuration, le son de l’album est live et proche de nous. Chaque souffle, respiration et note de musique n’en est que plus fort et intime, comme pour mieux percer le regard de Laetitia représenté sur la pochette de l’album. Laetitia Shériff n’a pas attendu 7 ans pour réfléchir, son retour avec en poche ce nouvel album, nous montre qu’elle en a dans le ventre (notamment après avoir donné naissance). Et ça, après 20 ans de musique rock indé à proposer au public, c’est une très bonne nouvelle.

https://www.laetitia-sheriff.com/

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https://www.yotanka.net/fr/artists/laetitia-sheriff/





lundi 26 octobre 2020

BUNGALOW DEPRESSION "Blank Slate" (Soza) – 9 octobre 2020


Bungalow Depression est au départ le projet solo de la violoniste Anne-Laure Labaste. Pour ce nouvel album, l’artiste rouennaise est rejointe par Clément David (Greyfell) à la basse et par Hugo Magontier (Servo) à la guitare, aux claviers et aux boîtes à rythme. En formation trio, Bungalow Depression (nom tiré d’un court métrage de l’artiste excentrique anglais Grayson Perry) compose une musique électro indus, new wave et dream pop porté par la voix picturale et pastorale d’Anne-Laure, non loin de faire briller les vitraux d’une église, même par temps de pluie. Sa voix aérienne, avec une touche « chant grégorien »  nous évoque le style de Lisa Gerrard de Dead Can Dance, Cocteau Twins, The Sundays, Bel Canto, les compilations This Mortal Coil et plus près de nous le groupe Lanterns On The Lake. Les 7 morceaux de Blank Slate sont tissés dans du velours couleur pourpre, donnant ainsi un confort (certes parfois secoué par un effet de larsen ou une séquence d’électro triballe) d’écoute à la fois soigneux et hypnotique. On garde la foi, on ferme les yeux et on se laisse porter par la grâce sonore, par instant proche du religieux (Rouen possède une belle cathédrale). N’oublier pas d’éteindre les bougies. Amen.

Photo @ Gaurmiua

https://soundcloud.com/bungalowdepression/sets/blank-slate/s-ObVyJWtS3pU

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