jeudi 2 juillet 2020

LE VILLEJUIF UNDERGROUND "Les Huitres à Cancale" (Born Bad Records) – 8 mai 2020


Je n’ai pas l’habitude de chroniquer un single, car le morceau à peine fini, on a juste eu le temps d’écrire une phrase, qu’il faut déjà soit le remettre ou bien retourner l’autre face, du moins si on aime la version disque vinyle. Mais avec le Villejuif Underground je suis prêts à faire une exception, car ce groupe est depuis quelques années, un des meilleurs groupe français et chaque nouveau morceau, c’est toujours un heureux évènement. J’ai découverts ce groupe grâce à Nicolas du label SDZ Records. Lord d’un concert à l’Olympic Café (je ne sais plus lequel), il m’a passé quelques disques de son label, dont Le Villejuif Undergroud. Inutile de préciser que dès la première écoute, c’est un coup de cœur. Et ça, c’est avant de les avoir vu en concert. Car en disque, c’est déjà terrible, mais alors en live, la fête à Neu-Neu, c’est juste de la rigolade. Car si vous voulez vivre une expérience LIVE, je répète LIVE, Le Villejuif Underground c’est de la bombe ! Et attention, pas à retardement, l’effet est direct, dès le premier morceau, et sans baisse de rythme jusqu’à la fin de la prestation. Pas besoin de faire du sport dans la semaine, voir dans le mois, juste un concert, et c’est déjà des calories en moins. Même quand le groupe est méga fatigué, suite à une tournée en Australie (le pays des kangourous et du chanteur Nathan Roche) et qu’il joue en fin de tournée à la Maroquinerie de Paris lors d’une soirée Gonzaï, tous, ils aplatissent la salle d’un revers coupé, comme au tennis. C’est clair le groupe mériterait de recevoir la coupe Davis de la performance rock en basquette.

Mais revenons à notre single deux titres, d’autant que les morceaux ont chacun un clip extra. De plus nommer le titre de la face B Les Huitres de Cancale, sa éveille la curiosité. Certes si vous les suivez depuis un moment, pas de réelle surprise côté style, -sauf peut être le coté balade mélancolique des huitres-, juste le plaisir de compléter sa collection de disques avec deux nouveaux morceaux, mais le plaisir d'écoute est intact.

C’est marrant, il y a une semaine, le pote Manu m’a envoyé un mail avec ce texte et le clip en question. « Salut les connaisseurs, C’est avec stupéfaction que je découvre le meilleur morceau du Villejuif Underground qui date de… 1971. Eh oui, c’est fou, mais c’est comme ça ». Ne connaissant pas la carrière solo de Kevin Ayers (1), je n’avais pas fait le rapprochement et en effet c’est frappant. 


 
Ainsi après les références du Velvet Underground, de Lou Reed et de Jonathan Richman, voici une boutade de Manu « En fait, Nathan Roche, c’est un peu le Yves Lecoq du rock seventies, haha… ».
Ce qui est sûr, c’est que je resterais fidèle au Villejuif Underground, leur dynamique est trop géniale. Bon, si un jour ils font une reprise de Barclay James Harvest, Supertramp ou Queen, il faudra que je me pose des questions, mais je suis confiant, ça n’arrivera pas.
Au final je n’ai pas chroniqué le single, mais ça m’a permis de dire tout le bien que je pense de ce groupe.



 


 (1) A noter, dans l'interview ci dessous, Nathan Roche évoque une ressemblance de son avec Kevin Ayers. Fin de la parenthèse.


Je profite de la sortie du single pour remettre en ligne l’interview que j’avais réalisé en septembre 2016, au moment du premier album S/T édité sur le label SDZ Records. Depuis le groupe est sur le label Born Bad.
L’interview a été publiée dans le fanzine Abus Dangereux face 140 d’octobre 2016 et sur le site foutraque.com


Sous ses airs de branleur sympa, Le Villejuif Underground réalise une musique diablement efficace. Proche du bricolage avec ce petit son foutraque aux notes bien ajustées, ce groupe vient de sortir un premier album exemplaire. Le Villejuif Underground voit le jour quand le poète et musicien australien Nathan Roche vient s’installer à Villejuif. Cet artiste a déjà joué dans de nombreux groupes (Marf Loth, Home Run, The Revisionists…) et sorti de nombreux albums. Le bonhomme n’est pas un novice, et cela s’en ressent dans la musique. Il recrute sur place, à Villejuif des musicos à la cool, un peu freaks. Rencontre avec Nathan Roche qui répond à nos questions.



Le groupe s’est formé suite à ton arrivé à Villejuif. Tu peux nous raconter comment cela c’est passé, une petite annonce dans Le Chasseur Français ?
Eh bien, je vivais dans un squat à Sèvres appelé La Générale en Manufacture. Il a fermé de façon inattendue et j’ai déménagé à Villejuif. J’ai rencontré les gars qui allaient devenir avec moi Le Villejuif Underground à un concert de Rose Mercie et dans un espace de répétition à Pantin grâce à Charlotte (de Rose Mercie et Charlène Darling). Je jouais déjà avec Charlotte pour obtenir un peu d'argent, puis Nicolas de SDZ Records m’a dit que The Rebel jouait à Paris au SDZ Fest à La Mécanique Ondulatoire. Donc je décide de recruter un groupe complet pour y jouer. Avec ce concert c'est un coup de foudre, j’ai trouvé des Français qui boivent comme les Australiens et qui causent plus de destruction que des singes avec la rage.

Le nom du groupe est étonnant. C’est tellement gros pour être vrai, mais c’est bien un clin d’œil vers Le Velvet Underground ?
Sa référence comique fait référence à mon ancien groupe Camperdown & Out. Camperdown est une banlieue de Sydney en Australie. C’est donc la deuxième fois que j'ai un groupe pour lequel je pense à intégrer dans le nom, le lieu de formation. Je me suis dit que ce serait une drôle de plaisanterie. Mais tout le monde l’a pris littéralement peut-être trop à la lettre. En tout cas j’aime bien ce nom parce qu'en anglais, il se traduit par "The Jewtown Underground".

Ta voix ressemble à celle de Lou Reed. Tu es sûr de ne pas être le petit frère de sang de Lou Reed ?
Non je n’ai pas de sang juif. Eh bien, je suppose que ça sonne un peu comme Kevin Ayers, peut-être David Berman (Silver Jews), ou un chanteur qui fume et boit tous les jours et ne peut pas chanter au-dessus d'une certaine gamme vocale. Je préférerais qu’on me dise que le groupe sonne comme Dave Graney qui rencontre The Country Teasers. Je n aime guère d’autres albums solos de Lou Reed que White Light/White Heat avec le Velvet. Je préfère de beaucoup les enregistrements solo de John Cale comme Fear Is A Man’s Best Friend ou Paris 1919. Il avait de meilleures idées et c'est ce qui est important. Bon, pour ma voix je ne sais pas, j’ai joué dans un grand nombre de groupes et beaucoup d'albums de merde, mais ma voix n'a pas beaucoup changé au fil des ans. Cela dépend généralement du microphone. Peut-être que je vais commencer à prendre des pilules d'hormones féminines pour sonner comme Michael Jackson et inspirer de nouvelles comparaisons inattendues et uniques aux journalistes musicaux.

Y a-t-il comme à New-York une scène rock à Villejuif ?
Je ne crois pas. Concernant la scène musicale américaine nous préférons Memphis à New York, notre son a beaucoup plus de guitare slide que tout ce qui est sorti de New York, autant que je sache. New York est trop cool et trop prétentieux, nous sommes un groupe de perdants vivant dans les banlieues et nous n’avons pas d'amis.




Le premier album vient de sortir. Tu peux nous raconter comment s’est déroulée la réalisation de l’album ?
J'ai écrit la plupart des accords chez des amis qui ont une maison dans le Jura. Antonio (qui est au clavier) est venu avec Absinthe Minded Woman, la dernière chanson de l'album. Les autres faisaient ce qu'ils voulaient par dessus. Maintenant je suis à court d'accords de guitare, je laisse les autres faire ce qu'ils veulent.

Le son de l’album possède un grain mono vintage, sortie d’une enceinte de tourne disque qui ne tourne pas toujours à la bonne vitesse, où bien c’est le disque qui est gondolé. Comment avez-vous obtenu ce son garage ?
Le son sort réellement du sous-sol de notre maison à Villejuif. Thomas a trouvé un Tascam 388 sur le site Leboncoin pour un très très bon prix. Les autres n’avaient pas vraiment enregistré avant. Je préfère les albums remplis d'erreurs, rien ne doit être parfait ! Malgré tout l’album s’est avéré plus propre que prévu.

La pochette de l’album est assez étonnante. Tu peux nous en parler ?
Je suis retourné en Australie en février pour faire un tour pour notamment renouveler mon Visa. J'étais chez mon amie Angie. Elle joue dans un tas de groupes comme Circle Pit, Straight Arrows, Ruined Fortune et Southern Comfort. Pour l’anecdote nous avons tourné aux USA une fois, avec un passage au Gonerfest 11. J'étais dans son appartement et elle avait pleins de magazines. J’ai fait rapidement des collages, j’étais très ivre. Avec mes inscriptions écrites à la main je voulais remercier Nicolas de SDZ et faire référence à la pochette de la compilation des singles de Mark Wynn.

Tu as joué dans de nombreux groupes. Ces groupes sont toujours d’actualité, ou bien en 2016, c’est 100% Le Villejuif Underground ?
Pas vraiment, je ne suis pas aussi créatif qu’avant. La vie, la boisson et la drogue ont repris de l'espace. Les gens en Australie parlent moins, il est plus facile de faire des disques, ainsi les précédents albums ont été réalisés très rapidement. Je possède un autre groupe à Paris qui s’appelle Laverie Nuns avec mon amis Jérome Gavinet. Un déséquilibré du label Chemical Imbalance (à Sydney) a édité une cassette de 12 chansons de Laverie Nuns.

Nicolas du label SDZ Records vous a laissé carte blanche pour réaliser l’album, ou au contraire il vous a demandé de faire un album qui ne sonne pas comme le Velvet mais plutôt comme du Kylie Minogue ?
Je pense qu'il aurait aimé le style de Kylie, pour vendre plus de disques. Surtout avec ce magnifique cul qui aurait pu poser sur notre pochette. Je veux toujours faire un duo avec Robbie Williams ou peut-être son cadavre

Tu as autre chose à rajouter ?
Nous ne voulons plus être comparés au Velvet Underground. Nous préférons The Beach Boys, G.G Allin et Triple Six Mafia. Bientôt il y aura plus d'albums à venir, avec y compris une voix de fausset pour discothèque classique!

Photo en intro de l'interview: @Ines Sanchez
 
Et ici le lien pour écouter plein de belles choses sur le label SDZ Records :