MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°10
En publiant en 1987 son deuxième album Darklands, le groupe The Jesus and Mary Chain fait un virage à 45° vis à vie de leur premier album Psychocandy (1985). Après le départ de Bobby Gillespie pour donner plus de visibilité a son groupe Primal Scream qui n’a pas encore publié de disque et Douglas Hart (à noter qu’il vient de produire Heartlow, le nouvel album de Jane Weaver), The Jesus and Mary Chain est devenue un duo, avec aux commandes les frères Reid. Avec ce changement de formation, la musique des Jesus passe du fracas des larsens et du bruit blanc étouffant, tout en laissant passer des mélodies au travers du mur du son, vers une musique calme, acoustique et pop. Et petite précision, la batterie tenue auparavant par Bobby Gillespie est remplacée sur Darklands par une boite à rythme. L’album contient 10 morceaux, dont le tube parfait April Skies (qui atteindra la 8ème place dans le top anglais) qui trotte encore 37 ans plus tard dans la tête.
En mai 2020, The
Jesus and Mary Chain devait venir jouer au festival Villette Sonique
à Paris pour interpréter l’intégralité de Darklands. La pandémie a décidé
de mettre son grain de virus pour tout annuler. La tentative 2021 aura t-elle plus de succès avec le concert au festival Beauregard à Hérouville-Saint-Clair en Normandie le 2 juillet ?
J’ai découvert en 1985 The Jesus and Mary Chain grâce au fanzine Mea Culpa (1985-87, neuf numéros) avec ses chroniques de disques qui donnaient envie de tout acheter, tant l’enthousiasme de Stéphane Rozencwaj (qui deviendra quelques années plus tard vendeur et conseillé chez les disquaires Dancetaria et Rough Trade à Paris) était communicatif. Mais aussi grâce au mensuel Best et plus particulièrement la journaliste Emmanuelle Debaussart, dont j’aimais bien ses choix de groupes pour écrire ses articles. Et n’oublions pas, en 1986 une nouvelle revue va apparaitre, elle a pour nom Les Inrockuptibles. The Jesus and Mary Chain seront au sommaire du n°4 décembre/janvier 1987 et en couverture du n°12 été 1988.
J’ai acheté l’album Darklands dès sa sortie. Rapidement il va devenir aussi important que Psychocandy et jouer le yo-yo de mon album préféré selon l’humeur du moment, tant ses deux LP façon le yin et le yang, le blanc et le noir se répondent avec leurs différences qui se complètent.
Darklands est produit par William Reid et co-produit avec Bill Price (Sex Pistols, The Clash) et John Loder (Crass, UK Decay, Subhumans, Big Black, Fugazi, Babes In Toyland, Therapy ?). Vu leurs nombreuses productions, particulièrement bruyantes, c’est étonnant de les voir ici avec William et Jim Reid pour donner aux nouvelles compos de la douceur et des ballades (Darklands, Deep One Perfect Morning, Nine Million Rainy Days -avec ses cœurs à la Stones-, Cherry Came Too, On The Wall), même si certains titres sont plus emportés (Happy When It Rains, Down On Me, Fall). En tout cas, la magie a opéré, faisant de Darklands un album intemporel, même s’il reste marqué par les années 80 avec les styles cold et new wave pour cette sensation de spleen, de mélancolie qui a traversé cette décennie musicale. Que l’on soit adolescent ou adulte, la noirceur acoustique version pop et cool (on n’est pas chez Nico n’y chez Joy Division) de Darklands restera à jamais une perle musicale unique dans le paysage du rock indé.
Pour clore cette chronique, en 2011 les labels Edsel et Rhino ont réédités l’album Darklands en coffret 2 CD + 1 DVD. Le CD 1 contient l’album, l’EP Some Candy Talking et 6 morceaux enregistrés aux BBC Sessions. Le CD 2 contient les faces B des EP plus des bonus alternatives. Le DVD contient des clips et les passages TV. Le tout avec un livret qui contient des interviews de Jim Reid, John Moore, Dave Evans et les paroles des chansons. Le tout pour un prix doux (halte au bruit !).
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